Les créatures des ténèbres envahissent le Londres de l’entre deux Guerres ! Suivez l’un de ces rejetons de l’enfer dans une épopée londonienne by night, un tantinet gore, qui combine action, horreur et aventure. Un programme bigrement alléchant !
Echaudé par l’échec commercial de sa première réalisation, le pourtant sympathique Remember Me sorti en 2013, le studio Dontnod s’était depuis lors éloigné des jeux d’action pour se focaliser sur les jeux d’aventure. A raison ? Suite au succès de Life is Strange, le développeur s’est aussi attelé à la réalisation d’un autre jeu du genre intitulé Twin Mirror, et développé pour le compte de Bandai Namco. Mais réjouissons-nous ! Le studio parisien revient enfin avec Vampyr à ses premières amours grâce à l’éditeur Focus. Dontnod livre un un jeu d’action à la troisième personne, dont l’univers semble nous renvoyer au Londres horrifiques de séries comme Penny Deadfull ou The Frankenstein Chronicles et qui joue plus que jamais la carte de l’action mâtinée d’aventure… voire inversement.
Après avoir survécu à l’horreur des tranchées de la Grande Guerre, le Docteur Jonathan Reid, un fringuant quadra, spécialisé en hématologie (sic) rentre au pays non pas pour trouver l’amour, mais la mort. Changé en suceur de sang par un vampire, ce vétéran de 14-18 se fond tant bien que mal dans une société londonienne en proie à la grippe espagnole, ainsi qu’à bien d’autres maux comme l’explosion de la démographie « vampirique ». Du coup, pas étonnant que les rues de la City grouillent la nuit venue de goules, de loups garou, de vampires et autres nosferatus cadavériques. Les bestioles démoniaques attaquent généralement par groupe de trois ou quatre et elles disposent bien sûr de pouvoirs/aptitudes propres à leurs espèces. En sus d’être confronté aux créatures de la nuit, le jeu nous oppose aussi à des patrouilles de chasseurs de vampires, qui sillonnent la ville et attaquent à vue les amateurs d’hémoglobine. En définitive, il n’y a que dans les couloirs de hôpital ou dans les zones résidentielles que notre gentleman peut évoluer au « grand jour » sans risquer de se prendre un coup de pieu dans le cœur. Le chirurgien dispense des traitements aux patients, en élaborant des médicaments (contre le rhume, pneumonie…) à partir d’ingrédients récupérés dans l’environnement comme sur les cadavres des ennemis. En plus de guérir les patients et les résidants des quatre quartiers, John doit aussi s’entretenir avec eux afin de comprendre leurs motivations, s’informer sur la ville et les différentes factions qui y règnent et récupérer au passage quelques missions annexes.
Durant sa quête vengeresse qui consiste à retrouver la trace du vampire qui l’a créé, notre héros doit jouer les rats de la laboratoire en écumant les rues, les ruelles, les docks et égouts d’un Londres labyrinthique et semi-ouvert. Comprenez par là que les accès sont verrouillés dans un premier temps et obligent à emprunter des itinéraires « prédéfinis ». Un moyen sans doute de conserver une certaine linéarité sans pour autant imposer au joueur un rythme comme c’était le cas de Remember Me. Même si certaines artères de la ville sont cloisonnées et qu’il est impossible de passer par les toits, le titre laisse bien plus de liberté qu’il n’y paraît. Notre vampire peut céder à ses pulsions bestiales et exécuter arbitrairement les citoyens londoniens afin de récupérer notamment une bonne dose d’expérience. Gare aux conséquences que cela peut engendrer ! Faut-il voir un lien entre la bronchite simultanée d’un patron de taverne et de sa serveuse après avoir tué un pilier de comptoir qui était seul au monde ? Faut-il laisser en vie le chef apprécié d’une petite communauté qui semble versé autant dans la religion que dans le vampirisme, et qui risque de transformer ses ouailles en goules ? Nombre de décisions ont fatalement des répercussions sur la suite de l’aventure. Et pas question de charger une autre partie, le titre ne dispose que d’un seul slot de sauvegarde. Un peu frustrant de prime abord, cela permet d’éviter de céder (ou pas) à ses pulsions vampiriques à tout bout de champ. Mourrez-vous vraiment d’envie de transformer Londres en paradis pour les goules et les vampires ?
Rapidement évoqués, les combats de Vampyr s’avèrent plus agréables que ceux de Remember Me, le précédent jeu d’action du studio ! Cette fois pas besoin de mémoriser des lignes entières de combo. La maniabilité repose sur deux touches d’attaque, une d’esquive et une autre de parade. Le titre offre aussi d’employer différents pouvoirs vampiriques et furies (invisibilité, invocation lance, explosion d’hémoglobine, rush, régénération, morsure….) que l’on peut obtenir et améliorer au fil de la montée en niveau. Ces pouvoirs vampiriques ne consomment pas de la mana, mais vont puiser dans une réserve de sang qui sert aussi à la régénération, ce qui oblige à s’approvisionner régulièrement en hémoglobine au cours d’un combat. La montée en expérience est d’ailleurs laborieuse. S’attaquer aux ennemis qui sont dans les rues ou les égouts ne confère qu’une quantité infinitésimale de points d’XP. Même lorsque leur niveau d’expérience est bien supérieur au vôtre ! A la place, il faut accomplir nombre de quêtes et missions annexes, soigner les maux des patients malades, vampiriser la population locale et occire les boss pour engranger de l’expérience à une cadence plus soutenue. Si notre gentleman vampire peut employer ses griffes ou quenottes pointues, lors des affrontements le titre propose d’employer différents types d’armes (épées, dagues, masses, flingues…) pour se débarrasser des gêneurs. Ces armes peuvent être améliorées par le biais de composants glanés lors de l’exploration, elles consomment aussi plus ou moins d’endurance à chaque coup porté et elles peuvent aussi étourdir plus rapidement un adversaire. Lorsque l’opposant est dans les vapes, il faut plonger droit vers son cou pour boire une bonne rasade de sang frais : A votre santé ! Toutefois les ennemis, et plus particulièrement les boss, ne sont pas très enclins à se laisser pourfendre. Ces derniers bénéficient généralement de niveau d’expérience plus élevés et infligent donc davantage de dégâts à chaque coup porté et même si leurs actions sont assez prévisibles ils sont parfois aidés par des vagues de sous fifres et – plus rageant encore – par une caméra partie aux fraises.
Achevons le tour du propriétaire en abordant rapidement la partie technique du jeu. Vampyr profite des bienfaits de l’Unreal Engine 4 pour afficher des environnements détaillés et parfois somptueusement agencés. A l’écran, les textures sont détaillées et la distance d’affichage assez lointaine même si les détails les plus « insignifiants » poireautent jusqu’à la dernière seconde pour s’afficher. La gestion de la physique est réduite à sa plus simple expression et les décors offrent de rares éléments destructibles. Les coins glauques de Londres baignent dans une brume sinistre, les lumières blafardes se reflètent dans les flaques d’eau et les péripéties de notre suceur de sang se déroulent sous la pluie. Dans l’ensemble le titre est assez joli et il ne déçoit que par la relative rigidité et le manque d’expression de ses protagonistes, surtout lors des cinématiques et aussi par sa gourmandise… du moins sur PC. Même avec une machine qui satisfait aux exigences recommandées (un Core i5 cadencé à 3.4GHz, 16Go de Ram et une GTX1060) avec tous les paramètres en ultra, VSync activée et sans l’anti-aliasing, le framerate de ce jeu DirectX 11 yoyote régulièrement dans certaines zones extérieures à priori pas surpeuplées. Pas de panique, on reste au dessus de la trentaine d’images par seconde syndicale ! Même si ce jeu a été développé par un studio parisien, il fait l’impasse sur les voix en français et il ne propose que des sous-titres dans la langue de Molière. C’est déjà ça ! Terminons en parlant des musiques. Le titre profite d’une bande-son composée par Olivier Derivière qui a déjà signé les musiques de Remember Me, Assassin’s Creed IV Freedom Cry et celles d’autres titres édités par Focus comme Of Orcs and Men et Bound by Flame ! Du bonheur pour les cages à miel ! Puisqu’on peut passer d’une musique très synthwave, à un solo de violon semblant sortir de la Danse Macabre de Saint Saëns ou à une composition classique plus… classique. Une BO éclectique et soignée.