Raillée par la concurrence à sa sortie pour son manque cruel d’exclusivités, la Xbox Séries X ( et Series S) se rebiffe et montre les dents en se dotant enfin de son premier titre NextGen. Attention les yeux… ou pas !
Développé à l’origine pour les Xbox 360 et PlayStation 3, The Medium au terme d’un développement maintes fois renvoyé aux calendes grecques débarque enfin sur les nouvelles Xbox et PC. Il nous aura fait poireauter presque une dizaine d’années le bougre ! Ce jeu développé par la Bloober Team invite à suivre les péripéties de Marianne, une Medium Spirit qui ne se limite pas à tailler le bout de gras avec les défunts en restant attablée à un guéridon. Après avoir reçu coup de fil anonyme, venu d’outre-tombe, notre femme d’action se précipite à Niwa un complexe hôtelier abandonné de l’ère soviétique en proie à des manifestations ectoplasmiques. Une enquête paranormale pour la fille d’un défunt fossoyeur : logique que la mort lui aille si bien !
De prime abord, on serait tenté de classer The Medium dans la catégorie du Survival Horror. En effet il partage quelques similitudes (contrôles, caméra fixes…) avec des références incontournables du genre comme Alone in The Dark, Resident Evil ou Silent Hill. Étonnamment ce n’est pas le cas, la dernière production de la Bloober Team boxe plutôt dans la ligue du Jeu d’aventure horrifique ! Comprenez que l’on est amené à crapahuter à travers les dédales de chambres et couloirs d’un hôtel en ruine afin de résoudre des successions d’énigmes, dénicher des items à associer à d’autres objets ou mécanismes. Des mécaniques du jeu d’aventure plutôt classiques. Histoire d’apporter un peu de rythme à cette épopée, notez que The Medium tente de varier les plaisirs en collant aussi des séquences de poursuites et d’infiltration qui collent parfois les miquettes. Et il n’hésite pas à nous extirper sans ménagement de la douce léthargie en nous confrontant épisodiquement à des nuées d’insectes, des bestioles tentaculaires ou des créatures grotesques. Joueurs en mal d’action ravalez vos espoirs pas question de s’équiper d’un flingue ou d’une hache, notre medium a plus d’un pouvoir dans son sac à malice pour se sortir des méchants guêpiers sans arme, ni haine, ni violence. Particularité de The Medium, l’action se déroule parfois sur deux plans d’existence en même temps. Ainsi le monde des vivants et celui plus macabre des morts s’affichent alors de part et d’autre de l’écran splitté. Marianne doit basculer vers le plan astral afin d’interagir avec des éléments “invisibles” ou accéder à des zones inaccessibles dans notre réalité. Et inversement. Interagir avec l’un ou l’autre des plans d’existence s’avère assez inédit et aussi déroutant.
“Exclusivité” Xbox Series on pouvait croire assez légitimement que le jeu allait faire cracher les poumons aux petites dernières de chez Microsoft et en mettre plein les mirettes : Ce n’est pas le cas. The Medium possède certes des effets d’éclairage assez poussés, les environnements sont indéniablement détaillés (notamment au niveau des textures) mais le plus souvent ça reste un brin dans la continuité des productions qui carburent à l’Unreal Engine 4 sur Xbox One ou PS4. En revanche les décors organiques comme les protagonistes de la dimension des damnés sont plus “originaux” car inspirés des œuvres macabres de l’artiste polonais (merci Google) Zdzislaw Beksinski. À noter aussi, le jeu ne s’est pas montré d’une stabilité exemplaire et a infligé des extinctions de console (Series X) à deux ou trois reprises. S’il épargne le plus souvent les écrans de chargement, le titre impose de poireauter “quelques” secondes entre deux tentatives… un peu frustrant pour un jeu qui tourne sur une console dotée d’un SSD NVME. Précisons aussi que les angles de caméra “fixe”, un brin oldschool ne s’avèrent évidemment pas toujours pratiques en particulier lorsque l’on crapahute à travers un dédale. Afin de terminer sur une note plus optimiste abordons enfin la partie sonore du jeu quasiment dépourvue d’anicroche. Les doublages, en anglais uniquement mais heureusement sous-titrés sont de très bonne qualité. Et ils sont aussi soignés que ceux d’un Silent Hill 2 dont le doubleur de James Sunderland campe ici d’ailleurs un croque mitaine ! La comparaison ne s’arrête pas là, le compositeur des musiques du Survival Horror de Konami, Akira Yamaoka, livre une bande-son soignée qui accompagne “agréablement” par des sonorités stridentes le joueur dans cette aventure horrifique. En voilà une bonne surprise.