Soif d’aventure ? Envie d’action ? Abusez de l’ivresse des grands espaces sans modération en prenant part à une chevauchée certes épique mais… pas aussi fantastique qu’on l’espérait !
Sorti en 2010 sur Xbox 360 et PS3 (…mais jamais sur PC), Red Dead Redemption premier du nom avait redonné ses lettres de noblesses au Western Spaghetti, alors ringardisé depuis belle lurette. Après avoir pris une méchante claque en suivant les aventures de John Marston, pas étonnant que l’on guettait de pied ferme l’arrivée d’une suite qui aura tardé à pointer le bout de son nez. La faute sans doute à Grand Theft Auto V ! L’enfant préféré de chez Rockstar a en effet connu une seconde jeunesse en ressortant en 2014 sur PS4, Xbox One et PC. Un mal pour un bien. Puisque Red Dead Redemption 2 semble profiter de certains raffinements visuels prodigués par ces moutures Ultra HD, à commencer bien sûr par le moteur graphique calibré pour – celles qui étaient alors – les machines de “nouvelle génération”… désormais poussées dans leurs derniers retranchements. On reviendra sur la réalisation un peu plus loin dans ce test. Commençons par le commencement. Logique.
Débutons en précisant d’emblée que Red Dead Redemption 2 n’est pas la suite et encore moins un spin-off du premier volet. Ce jeu d’action/aventure – à la première ou troisième personne au choix – s’avère être en fait un prologue aux exploits de John Marston. Oublié le desperado balafré, le titre invite cette fois à incarner Arthur Morgan un autre acolyte de la bande de Dutch Van Der Linde. Pourchassés par les détectives patibulaires de la Pinkerton après un coup raté à Black Water, cette sympathique troupe d’escrocs et bras cassés tente de survivre à un monde moderne, lassé par les histoires de cowboys et indiens, qui en a fini depuis longtemps avec la Conquête de l’Ouest. Le scénario débute par la fuite des joyeux lurons à travers des montagnes enneigées, en proie à de violentes tempêtes de neige. Une escapade montagnarde un tantinet longuette prétexte à une série de tutoriaux visant à initier notamment le joueur aux affrontements armés, à la chasse et au maniement du destrier. Préparez-vous à avoir la peau des fesses tannée, car vous allez en passer du temps sur votre canasson ! Tous en selle !
Passée la mise en jambe introductive après une série de missions en haute montagne, Red Dead Redemption 2 invite enfin à s’élancer la découverte des grands espaces ! On ne change pas une formule qui marche. A l’instar de la plupart, si ce n’est la quasi-totalité, de ses productions, Rockstar invite une fois de plus le pied-tendre à partir sur le sentier de la guerre – ou hors des routes balisées – à la découverte de son monde ouvert. Difficile de ne pas être impressionné par l’incroyable complexité de sa biosphère à la faune et à la flore variée. Pourtant pas question de rester en contemplation devant la beauté de certains panoramas époustouflants ou de se hasarder en territoire hostile sous peine de finir six pieds sous terre. Mieux vaut se cantonner à rester dans les secteurs débloqués afin d’accomplir une – énième – série de quêtes, qui font avancer l’histoire et autorisent l’accès à une nouvelle région. Entre deux missions le titre offre occasionnellement de jouer les bons samaritains en accomplissant des micro-quêtes qui consistent à secourir d’honnêtes citoyens perdus, aux prises avec des animaux sauvages ou des pièges à ours. Ces bonnes actions, loin d’être gratuites – puisqu’elles nécessitent de sacrifier généralement un item curateur – redorent la réputation de notre héros. A vous de voir si vous voulez incarner un aspirant justicier ou un desperado sans foi ni loi, car la plupart des PNJ se montrent en revanche moins cléments avec vous. Bienvenue dans un monde brutes !
Soyez prévenus ! RDR2 se montre bien plus intraitable qu’un GTA. Même en laissant le temps se tasser, vous restez activement recherché – mort plutôt que vif – par des mercenaires dans les régions où votre tête est mise à prix. Nul besoin d’avoir braqué une banque, car en vérité, ce Red Dead Redemption 2 sanctionne les moindres écarts de conduite. Même les plus insignifiants. Le bourrin échappe à votre contrôle et vous percutez un autre cavalier ? Inutile de sortir le constat, attendez-vous à prendre quelques balles dans le buffet et à voir votre tête mise à prix ! En manque de compagnie après une longue chevauchée à travers la plaine vous apercevez au loin un campement au feu accueillant ? En vous approchant trop près vous risquez aussi de subir les tirs de ces excités de la gâchette ! Fuyez la compagnie des hommes pauvres fous ! Toutefois n’espérez pas trouver le moindre réconfort auprès de la faune sauvage car on a vite fait d’être poursuivi par une meute de loup enragée ou d’être dévoré par un cougar affamé surgit d’un fourré. Frustrant ! Histoire de poursuivre son aventure tranquillement, mieux vaut se rendre non pas au shérif du patelin le plus proche mais auprès du bureau de poste afin d’effacer son ardoise en sacrifiant des deniers souvent durement gagnés. Le prix de la tranquillité ? Ça n’a pas de prix ! Même si en vérité cela s’échelonne d’une dizaine à quelques centaines de dollars. Le plus souvent, sitôt une mission achevée, on préfèrera retourner auprès de ses compagnons d’infortune afin d’enchainer sur une autre quête. En théorie…
Comme annoncé plus haut le titre fait la part belle aux longues chevauchées à travers des environnements sauvages. Ainsi pour rallier une mission ou en revenir il faut inévitablement se mettre en selle. Difficile d’y couper, bien qu’il soit possible de se déplacer d’une ville visitée à une autre en utilisant la diligence moyennant quelques espèces sonnantes, le titre n’offre pas de déplacement instantané comme en trouve dans Assassin’s Creed Odyssey ou même Skyrim par exemple. RDR2 impose donc de fréquentes balades à dos de canasson exposant le héros aux dangers de la faune comme à une population autochtone un brin agressive. L’occasion pour le joueur captivé par cet univers de se lancer dans une quête annexe ou de perdre un peu de temps en allant pêcher ou chasser. Un moyen peu subtil de rallonger la durée de vie ?
Si le dernier né de chez Rockstar inflige des balades en canasson à la fois longuettes et répétitives, il oblige aussi à composer avec une maniabilité lourdingue. Particulièrement lors des chevauchées à bride abattue à travers les futaies, où il n’est pas rare de voir le cavalier désarçonné et sa monture au sol après avoir percuté un tronc d’arbre. Affligeant ! Arthur Morgan a beau être un perso hyper attachant, charismatique, en revanche lors des gunfights il manque aussi un chouia trop d’agilité. D’où la nécessité de jouer les planqués ! Toutefois pas question de rester abrité derrière un abri de fortune que les ennemis ont vite fait de détruire ! Armé par défaut d’un bon vieux pistolet 6 coups, Arthur peut aussi s’équiper au fil de l’aventure d’un fusil de précision, d’un arc, d’une carabine à répétition et employer des bâtons de dynamite, des couteaux de lancer et même des tomahawks. Un arsenal varié, favorisant la discrétion ou la destruction, que l’on peut obtenir/améliorer/réparer en allant faire un tour chez le trappeur comme les armuriers. Quant aux affrontements lors des missions, ils sont scriptés et ils obligent le plus souvent à décimer des vagues d’ennemis et à voler aux secours des alliés en tirant sur les agresseurs, puisque certains PNJ se laissent tirer dessus sans répliquer. Gare au Game Over ! Loin d’être un simple shooter Red Dead Redemption 2 a doté son héros d’un pouvoir lui permettant de cibler plusieurs ennemis simultanément ou de figer le temps pour effectuer un tir de précision. Des capacités hors du commun – assez semblables de mémoire à celles de John Marston et son rejeton – qui ne sont pas de trop pour se sortir des confrontations scriptées du jeu. En plus de ces affrontements armés, le titre offre une kyrielle d’autres types de missions. Elles consistent à attaquer des trains et convois, jouer les cowboys en volant du bétail, filer un coup de main aux gens de la bande de Dutch ou s’embarquer dans des bastons de saloon comme dans des beuveries totalement déjantées. Un petit grain de folie, libérateur, commun aux productions de chez Rockstar, qu’on a plaisir à retrouver dans ce Red Dead Redemption 2.
Achevons ce rapide tour du propriétaire en abordant la réalisation. Déjà évoquée en filigrane tout au long de ce test, vous aurez sans doute compris que graphiquement, les environnements de RDR2 sont somptueux, flirtant avec le photoréalisme ! Testé sur une PlayStation 4 de base – qui s’était avéré être à l’époque la meilleure bécane, hors PC, pour déguster GTA V – Red Dead Redemption 2 en met plein la vue par ses panoramas détaillés et vivants et ses effets climatiques et de lumières hyper chiadés. Si le titre offre un cycle jour/nuit digne de ce nom, il n’y a que l’aspect assez quelconque de la voûte céleste qui gâche un peu le ravissement visuel des virées “by night”. Le reste du temps, on ressent presque autant de plaisir à cavaler à travers une prairie verdoyante, qu’à patauger dans le bayou ou les rues boueuses d’un petit patelin peuplé de bûcheron. Evidemment nul besoin de switcher vers une Xbox One X pour en prendre plein les mirettes ! Même sur PS4, l’anti-aliasing est de la partie et il gomme efficacement les effets d’escaliers les plus disgracieux. En intérieur comme en extérieur les décors bénéficient de textures détaillées. Si les designs des principaux protagonistes sont léchés, les seconds couteaux en revanche pâtissent de modélisations nettement moins flatteuses et d’accoutrement plus simplistes. Malgré ces quelques concessions au niveau du rendu, le titre accuse occasionnellement quelques coups de mous dans l’animation. Rien de bien rédhibitoire, en théorie, si seulement la maniabilité ne perdait pas aussi en réactivité. Précisons enfin que côté sons et musiques, le titre bénéfice de voix en anglais (et de sous-titres en Français) hyper soignées et il régale nos oreilles par des thèmes variés qui accompagnent aussi bien les longues – et ennuyeuses – cavalcades que les séquences d’action les plus prenantes.