Passé l’an dernier dans les salles obscures, Spiderman Homecoming n’avait pas bénéficié d’une adaptation vidéoludique. Rassurez-vous. Marvel et Sony ne font pas l’affront de rattraper leur retard, ils livrent à la place un titre tissé main pour la PS4 par les développeurs d’Insomniac Games. Eh oui rien que ça ! Les possesseurs de Xbox One qui se sont éclaté sur un Sunset Overdrive sympathique mais imparfait peuvent l’avoir mauvaise, car les géniteurs de Spyro, Ratchet and Clank sont une fois de plus au sommet de leur art sur une bécane de Sony !
Oublié les problèmes d’acné et de sébum, ainsi que les petits tracas sentimentaux des – insupportables – jouvenceaux de Spider-Man Homecoming. Même si ce « teen movie » avait redoré le blason d’une franchise cinématographique mise à mal par les deux opus d’Amazing Spider-Man, secrètement, on se réjouissait de ne pas avoir à subir une énième relecture vidéoludique des exploits du jeune Peter Parker. Sorti quelques jours après la version Blu-Ray/DVD d’Avengers Infinity War, ce Spider-Man fraîchement débarqué sur PlayStation 4 n’a – a priori – aucun lien avec les films de Marvel Studios. En vérité, une partie de son scénario semble s’inspirer des comics sortis aux states il y a dix ans. Quant à l’histoire elle est plutôt simple. Après avoir coffré le baron du crime de New York, Wilson « Kingpin » Fisk, le tisseur voit, malgré la chute du Caïd, les rues de Big Apple sombrer dans le chaos. La faute à une mafia chinoise versée dans les arts mystiques qui cherche à s’accaparer l’empire de Fisk. Evidemment, dans le même temps, on assiste aussi à l’énième retour des vieux ennemis de la tête de toile, les Sinister Six, parmi lesquels on retrouve Electro, le Vautour, Rhino et le Scorpion. Vous l’aurez compris, on suit cette fois les exploits d’un homme araignée expérimenté, qui a quitté les bancs du lycée depuis belle lurette, mais qui n’a rien perdu de sa verve, ni de son agilité légendaire. Elle s’avère bien utile pour esquiver des tirs de roquettes lorsqu’il swingue dans les airs !
Au lieu d’infliger au joueur une aventure tristement linéaire, ce jeu d’action/aventure se déroule dans un monde ouvert. Le feeling de cette nouvelle épopée de Spidey rappel fortement d’autres titres du même genre tels Assassin’s Creed pour le soin apporté aux environnements et la kyrielle d’objectifs annexes à accomplir, évidemment « Batman Arkham » pour ses phases d’infiltration comme ses bastons et aussi Prototype dont il a repompé la nervosité du gameplay… mais aussi le terrain jeu. Ainsi, il offre une vision légèrement remaniée de New York ou plus exactement de l’Île de Manhattan à la sauce Spidey. A coup sûr, les fans de comics de chez Marvel seront aux anges puisque ce titre contient une myriade de référence (plus ou moins subtiles) au Spiderverse ainsi qu’à d’autres héros du Marvel Universe. Malheureusement ne vous attendez-pas à tailler une bavette avec DareDevil sur les toits de Hell’s Kitchen et encore moins parfaire les techniques de combat au corps à corps en compagnie d’Iron Fist. Spidey est le « seul » super héros / vengeur à faire face à cette hausse galopante de la criminalité et du banditisme !
Malgré l’intervention des mercenaires de Silver Sable, les forces de la maréchaussée complètement dépassées comptent sur Spider-Man pour jouer les héros. Entre deux missions de l’aventure principale, rien ne l’empêche de s’élancer aux trousses de camions bourrés de joujoux explosifs, Peter peut aussi stopper les braqueurs de banques et infliger des dérouillées aux preneurs d’otages comme aux bandes d’excités qui sèment la terreur dans les rues. Si les objectifs de la trame principale et de certaines quêtes annexes sont accessibles à des emplacements « prédéfinis » de la map, les missions de patrouille surviennent de manière dynamique, c’est-à-dire de façon inattendue ( un peu comme Red Dead Redemption en son temps) lorsqu’on slalom majestueusement entre les buildings de Manhattan. Si vous rêviez d’incarner la « petite araignée sympa du quartier » c’est possible ! Histoire de se changer les idées, le jeu offre de nombreux autres objectifs à accomplir ou items à dénicher. Ces missions secondaires éparpillées dans « New York » invitent à retrouver les sacs à dos perdus de Peter Parker, à accomplir des missions écologiques pour le compte de Harry Osborn, pister Black Cat/Felicia Hardy, résoudre des puzzles ou survivre aux challenges chronométrés du Maître de Corvées/TaskMaster. Des objectifs secondaires qui permettent – notamment – de débloquer des costumes inédits en parallèle de la montée en expérience. Cette dernière se limite à booster peu à peu les caractéristiques (attaque, défense…) ou à prodiguer des points de compétence… pour étoffer la panoplie de coups du tisseur.
En sus d’être un acrobate chevronné, Spider-Man est bien sûr un combattant hors pair. Certes, il encaisse mal les coups, même ceux infligés par des ennemis plutôt ordinaires. Toutefois il peut décrocher des uppercuts surpuissants, qui font décoller les adversaires les moins baraqués à quelques mètres du sol afin de les enchaîner dans les airs. En revanche, face aux plus gros gabarits d’un bestiaire assez répétitif, Spiderman peut les immobiliser temporairement grâce à ses lance-toiles. Il peut aussi employer des objets disséminés dans l’environnement ou recourir à d’autres types de gadgets/pièges afin de neutraliser les sbires en restant hors de portée. Notez enfin que le « Sens de l’Araignée » du tisseur, lui permet de se sortir des confrontations les plus intenses, en indiquant quand esquiver in extremis le tir d’un fusil de sniper ou une mandale assassine. Ce gameplay ne devrait pas dérouter ceux qui ont passé des dizaines d’heures sur les titres de la franchise « Batman Arkham », même si les confrontations sont un tantinet plus brouillonnes que celles du justifier de Gotham, d’autant plus que ce Spider-Man s’est aussi doté de séquences infiltrations plus anecdotiques. Durant ces phases, le tisseur doit neutraliser les ennemis en silence et elles mettent aussi en scène des protagonistes secondaires (MJ, Miles Morales…) dépourvus de super pouvoirs et qui sont éliminés par des excité de la gâchette dès qu’ils sont repérés. Méfiance !
Comme c’est souvent le cas, achevons ce petit tour du proprio par la réalisation. Qu’il a été dur de se retenir jusqu’au terme de ce test pour vous dire que techniquement ce jeu tutoie la perfection. Malgré un bestiaire manquent cruellement de variété, visuellement Marvel’s Spider-Man est une petite merveille. Les environnements de Manhattan sont à la fois complexes et incroyablement détaillés, il y a un cycle jour/nuit (qui n’est pas en temps réel à priori), différentes conditions climatiques, la distance d’affichage est ahurissante et l’animation est fluide dans l’ensemble ! Ainsi lorsqu’on se balance en rase-mottes sur la Cinquième Avenue on se croirait immergé au cœur du film de Sam Remy de 2002 tant les environnements sont vivants. Loin d’être un trompe l’œil, rien n’empêche notre héros de regagner le sol afin de déambuler tranquillement dans les rues où il croise une population New Yorkaise (piétons et automobilistes) lui réservant un accueil euphorique ou glacial. Même si les textures des PNJ sont moins léchées que celles de Spidey, elles restent suffisamment détaillées pour s’intégrer de façon naturelle avec les décors. Notez que le titre impose évidemment quelques passages en intérieur (Gare de Grand Central, QG ennemi…) qui bénéficient d’une réalisation tout aussi soignée. Comme dit plus haut, graphiquement, Spider-Man inflige une méchante claque, et il s’impose – peut être – comme le plus beau jeu de la PlayStation 4. Si le titre en met plein la vue , nos oreilles ne sont pas en restes ! La dernière production offre quelques thèmes prenants qui collent bien à l’action et l’intégralité du jeu (textes et voix) est en français. Inutile de faire la moue, la VF a bénéficié d’une adaptation d’excellente facture ! La seule ombre au tableau, l’absence de compatibilité avec le PlayStation VR, un joujou de luxe qui commence a prendre un peu la poussière.