Après plus d’une décennie à produire divers épisodes de la saga Killzone, l’équipe hollandaise Guerrilla Games a décidé de passer à autre chose. Et pour un premier essai dans un genre totalement différent avec cet Horizon Zero Dawn, on peut dire qu’il s’agit d’un coup de maître.
Montré pour la première fois sous la forme d’une bande-annonce et une démo jouée à l’E3 2015 (cf. notre page vidéo), Horizon Zero Dawn avait commencé à titiller l’intérêt des médias et des gamers. Pourtant il aura fallu attendre de longs mois avant de savoir à quoi s’attendre de ce projet très ambitieux. Imaginez un peu. Guerrilla Games avait décidé de se lancer dans un jeu d’action/RPG dans un monde totalement ouvert ultra riche et ultra détaillé. Cette ambition ne pouvait que provoquer beaucoup de scepticisme. C’est dans ce contexte que découvrir la version finale ne peut que laisser pantois. Horizon Zero Dawn est subjuguant.
Sur une Terre plusieurs siècles dans le futur les choses ont bien changé. La civilisation dite moderne que nous connaissons n’est plus. La nature a repris le dessus ainsi qu’un nouveau type de faune mélange entre créatures biologiques et mécaniques. Les humains sont retournés à une structure tribale et leur naturel violent a repris encore le dessus avec des guerres toute aussi tribales. C’est dans ce contexte que naît Aloy, une jeune fille qui va grandir en tant que paria et élevé par un certain Rost. En l’incarnant, vous allez l’aider à découvrir ses origines et la raison de son existence bien mystérieuse.
Le pitch de départ ouvre donc la voie à une aventure dans un monde ouvert d’une richesse visuelle inouïe qui n’est pas sans rappeler, dans un genre très similaire, The Witcher 3 Wild Hunt. Aloy va pouvoir aller partout, tout explorer, écumer des environnements divers et variés (plaines, montagnes enneigées, vallées verdoyantes, déserts) et faire face aux conditions météorologiques changeantes ainsi qu’aux cycles nuit/jour qui ne manqueront pas d’affecter votre visibilité. Son périple truffé de missions principales, de quêtes secondaires, de tâches et d’épreuves aura de quoi vous maintenir occupé(e) des dizaines d’heures durant d’autant plus qu’avec une telle réalisation on se surprend à visiter ce monde tel un touriste contemplatif. Il m’a fallu une trentaine d’heures pour terminer le scénario en traçant vraiment vite et avec à peine 60% du contenu de fait. Imaginez donc le nombre d’heures nécessaire pour intégralement « manger » le contenu du jeu, temps qui peut très largement se rallonger en fonction de votre approche.
En effet, Horizon Zero Dawn vous laisse libre d’aborder les missions comme vous le volez. Si l’intrigue principale est assez linéaire, nombre d’objectifs viennent enrichir votre aventure. Et autant vous le dire de suite, compte tenu de la réalisation du jeu, on finit bien souvent par succomber à ces missions annexes qui vous embarquent dans des recoins de la carte du jeu pour vous faire découvrir des décors toujours plus magnifiques. Dans l’ensemble que ce soit contre les ennemis humains ou les bestioles bio-mécaniques, vous pourrez les attaquer de différentes manières. S’il est possible de le faire, la méthode kamikaze en fonçant tête baissée n’est guère conseillé. Tireuse d’élite à l’arc, une approche plus de sniper et d’infiltration est plus conseillée. D’ailleurs, les créateurs ont voulu vous y pousser puisque divers systèmes de piège permettent d’impacter vos ennemis. Lors de certaines séquences on peut également tenter de jouer en infiltration et éliminer les adversaires de manière très discrète.
Cette liberté d’action est complétée par la liberté de déplacement. Si majoritairement, Aloy fait tout à pied – elle a un sacrée souffle pour courir sans jamais se fatiguer – elle peut toutefois pirater les bestioles pour les transformer en canasson. Les déplacements se font alors plus rapidement. Encore plus rapide, il sera possible un peu plus loin dans le jeu, grâce à un objet, de se téléporter à divers points de contrôle du jeu représentés par des feux de camp qu’on aura précédemment activé. Compte tenu de la distance séparant certaines missions, cette téléportation est vraiment la bienvenue.
RPG oblige, Aloy va évidemment gagner en compétence via un système en arborescence classique en fonction de l’expérience acquise au fil des missions. De même, la devise du jeu lui permettra d’acquérir de nouvelles armes, armures et autres objets en tous genres. Par ailleurs, l’aspect artisanat apporte un zeste de variété pour les armes qui peuvent avoir des caractéristiques de feu, de gel ou d’électricité. Et pour remplir ses carquois, il faudra fabriquer les munitions qui vont requérir nombre d’éléments qu’on pourra collecter dans les environnements ou sur les cadavres des ennemis et des créatures bio-mécaniques. Etant donné que les créatures sont plus ou moins résistants à certains éléments, il va falloir jongler avec votre arsenal pour utiliser l’arme la plus efficace. Cet aspect « artisanat » va d’ailleurs vous pousser à faire de la collecte à outrance pour être sûr de ne pas être totalement à court de munitions lors des moments critiques. Cela ne devrait pas trop gêner tant faire de la collecte devient un vrai plaisir avec le monde créé par Guerrilla Games.
Parce que d’un point de vue technique, Horizon Zero Dawn est sans conteste possible le jeu le plus beau de la PS4 à ce jour. Je le place même devant Uncharted 4 A Thief’s End qui a pourtant placé la barre bien haute. Testé sur PS4 Pro, c’est aussi le jeu 4K le plus impressionnant sur la nouvelle console de Sony. Le Decima Engine maison démontre une fois encore le talent des techniciens de Guerrilla Games. En voyant le résultat avec Horizon Zero Dawn, on comprend mieux pourquoi Hideo Kojima a aussi opté pour ce moteur pour développer son prochain titre, Death Stranding. Les environnements sont riches à un tel point qu’on parvient à voir le souci du détail sur des éléments que peu de joueurs verront probablement. La direction artistique est cohérente de bout en bout et parvient à rendre ce monde crédible et vivant. Explorer devient alors un véritable plaisir. L’ajout du mode photo va certainement transformer une partie des joueurs en photographe touriste sur cette Terre du futur. L’ensemble visuel est soutenu par une excellente bande sonore aussi bien musicale que pour les voix françaises convaincantes. Après, on peut chipoter sur certains aspects du jeu comme une gestion de caméra parfois hasardeuse lors des combats en mêlée ou encore de quelques bugs qui, je l’espère, seront corrigés au lancement du jeu avec le premier patch. On peut aussi regretter qu’on ne puisse pas décider, sur PS4 Pro, de jouer en 1080P60 quoique sur ce point il semblerait que les développeurs préparent quelque chose dans les prochaines semaines. Mais c’est vraiment pour chipoter parce que le résultat final est simplement sublime.