La belle Hélène a fait chavirer les cœurs et voilà tout le monde Grec embarqué dans une lutte fratricide pour ses beaux yeux. Dites, elle ne nous prendrait pas pour des bonnes poires des fois ?
À la lecture de ce titre, vous repensez forcément à la reprise des compétitions de football. Vous avez bien raison. À l’heure où ces lignes commencent à être écrites, Paris (l’équipe) vient d’arracher une victoire en quart de finale face à l’Atalanta au stade de la Luz à Lisbonne. Mais aujourd’hui point de simulation footballistique, on passe plutôt sur le grill du kébabier le dernier volet en date de la franchise Total War. Pour mémoire en vingt ans d’existence et quatorze volets, cette licence est restée la chasse gardée des PC et des Mac. Si les plateformes mobiles ont déjà accueilli quelques Spin-Off depuis 2012, notez que Rome Total War a été porté sur iOS en 2016 et sur Android… l’an passé. Et depuis 2015 la franchise semble avoir adopté une cadence de sortie annuelle. Après s’être focalisé sur les guerres historiques ou fantastiques (WarHammer) la simulation stratégique de chez Creative Assembly invite les joueurs à aller se faire voir chez les grecs, puisqu’il s’agit cette fois de “revivre” l’une des plus célèbre épopée de la Grèce Antique : la Guerre de Troie. Ayant passé un très bon moment – plus de cent-trente heures – sur Assassin’s Creed Odyssey c’est un plaisir de retrouver le monde grec, ses archipels paradisiaques, ses batailles sanglantes.
Vous avez pu le lire en entrée de ce test, l’histoire du jeu s’inspire donc de l’Illiade. On y suit grosso modo les événements finaux de la Guerre de Troie, Hélène est enlevée à Ménélas par le sémillant Pâris et tous les rois de Grèce se livrent alors une guerre fratricide. On retrouve évidemment les principaux belligérants du récit d’Homer, embarqués dans cette lutte. Ainsi la campagne solo jeu propose d’incarner l’un des quatre héros “grecs” (Ulysse, Achille, Agamemon, Menelas) ou “troyens” (Pâris, Hector, Énée et Sarpedon). Un choix loin d’être anodin puisque les différents seigneurs bénéficient d’unités, structures ou “aptitudes” (bonus/malus) assez uniques. La série a beau s’intituler Total War, le titre ne mise pas tout –que – sur ses confrontations spectaculaires, où plusieurs centaines de guerriers s’affrontent à l’écran. Lors de la campagne solo, dans la peau d’Agamemnon ou l’un des héros cités précédemment, il faut aussi faire preuve de diplomatie avec ses alliés, étendre sa domination sur de nouveaux territoires et gérer les ressources. Ces ressources (bois, pierre, blé, cuivre, or…) s’obtiennent par le biais de vassaux mais aussi et surtout grâce aux territoires capturés, elles servent notamment à bâtir des structures, à lever des armées et enrôler des héros qui guideront des bataillons au casse-pipe. Les ressources excédentaires peuvent être négociées auprès de partenaires commerciaux et échangées contre d’autre denrées ponctuellement ou à l’occasion de partenariats plus durables. Si le titre nous épargne la gestion des cultures ou des extractions de métaux, en revanche, il faut garder un œil sur les stocks de blés et plus généralement de matières premières, pour éviter en incapacité d’honorer les livraisons voire d’envoyer au combat des soldats affamés.
Si les phases de batailles se pratiquent en temps réel, le mode histoire a pour particularité de se jouer au tour par tour. Après avoir accompli nos tâches de souverain, l’IA mouline assez longuement (même sur un Ryzen5 2500) entre chaque tour pour calculer les actions et déplacements sur la map – qui englobe la Grèce et le proche Orient – des différentes factions et tribus. Durant ce laps de temps, pas question d’aller faire du shopping ! Le jeu peut solliciter notre attention lorsqu’une faction rivale située à l’extrémité septentrionale du pays propose un traité de paix, un accord commercial ou qu’elle tente de s’approprier l’un de nos fiefs. Notez que dans ce dernier cas de figure, plutôt que de s’embarquer dans une bataille, le jeu permet de résoudre rapidement le conflit en fonction des forces en présence (nombre d’unités, niveau d’expérience, état de santé). Lorsque cela est possible on peut fuir ou s’engager dans la bataille perdue ou gagnée d’avance. Et pour être honnête, cette résolution rapide des combats s’avère assez agréable quand on désire avant tout mettre l’accent sur le commerce et la diplomatie. Notez enfin que les dieux peuvent aussi mettre leur grain de sel dans les affaires des hommes. Gardez un œil sur l’état des bâtiments ils peuvent être endommagés par la foudre ou par un tremblement de terre. Evidemment on ne pense pas à s’enquérir entre chaque tour de la santé de nos infrastructures disséminées entre nos royaumes et nos colonies. La faute à une interface un brin lourdingue qui est parfois loin d’atteindre des sommets d’intuitivité et de lisibilité.
Achevons ce tour d’horizon du propriétaire en évoquant rapidement, les phases de bataille en temps réel. Contrairement à d’autres RTS, comme au pif StarCraft ou WarCraft de chez Blizzard, le titre n’oblige pas à bâtir des structures, récolter et miner des ressources ou enrôler de nouvelles unités lors des affrontements. On reste focalisé sur les gigantesques rixes qui se déroulent sous nos yeux. Si l’on est le défenseur on possède l’avantage du terrain puisque le titre permet de répartir ses bataillons sur le théâtre des opérations avant le lancement des hostilités. N’allez pas imaginer qu’il est possible à un détachement de lanciers de tenir un étroit goulot à la manière des Spartiates de Léonidas lors de la bataille des Thermopyles. Non. D’ailleurs il faut croire que certains de nos régiments ne sont pas prêts à se sacrifier puisqu’ils peuvent détaler comme des lapereaux en voyant le gros des troupes adverses débarquer. Les lâches ! Autre différence par rapport à un RTS “classique”, le jeu ne permet pas de contrôler les unités individuellement (sauf exception s’il s’agit d’un héros ou d’une unité spéciale), on peut sélectionner soit une escouade, ou plusieurs voire tous les bataillons simultanément. Nos armées préparées en amont lors de la campagne solo (en fonction des améliorations de bâtiments effectuées dans la région) peuvent être composées aux petits oignons avant le coup d’envoi du combat dans le mode “Bataille”. D’ailleurs selon le type de map (ou plutôt de mode) deux camps constitués jusqu’à quatre factions peuvent s’affronter sur le champ de bataille. Bien que sacrément épique, le rendu visuel manque un brin de lisibilité. Comme expliqué deux ou trois lignes au-dessus le titre permet d’avoir en sus de ses effectifs de base une unité héroïque qui dispose d’aptitudes spéciales, comme par exemple l’invisibilité ou le regain d’énergie en cours d’affrontement. Notez que le jeu a été testé avant sa sortie et s’il est possible de jouer en solitaire contre des bots, nous n’avons pas pu expérimenter le multijoueur. Normal. Creative Assembly a été contraint de repousser la sortie du multi vers la fin de l’année afin de coller au mieux au planning de sortie du jeu. Les plus bellicistes sont prévenus, en l’état ce Total War Troy se savoure uniquement en solo.
Evoquons enfin la réalisation. Le jeu peut se satisfaire d’un bon vieux CPU Dual Core à 3Ghz et d’une carte graphique DX11 de première génération (Radeon 5770/GTX 460). Voilà un ticket d’entrée raisonnable ! Cependant pour jouer avec un niveau de détail et une résolution plus élevée un CPU Ryzen / Intel i5 ou i7 et une carte graphique DX12 ne sont pas de trop. Testé sur un PC portable équipé d’un Ryzen 5 et d’une GTX 1050, ce Total War Saga Troy n’était pas toujours au top de la fluidité (le framerate oscillait entre 30 et 18 FPS) mais restait assez jouable même lors des batailles les plus chargées en unités. Abstenez-vous de zoomer au cœur de l’action lors des rixes, les animations sont un tantinet approximatives, et il n’y a qu’avec la caméra très hautement perchée que l’on a le meilleur point de vue pour diriger au mieux ses troupes. En plaçant le curseur sur le niveau de détails affiché le plus élevé (en ultra), le rendu de ce Total War s’est montré assez chatoyant. Loin d’être d’une finesse exceptionnelle mais assez joli, coloré et dépaysant malgré tout. Inutile par contre de vouloir pousser le niveau de détails à fond si vous préférez jouer la carte du commerce et de la diplomatie lors de la campagne solo pour accélérer le traitement des mouvements des factions au tour par tour. Côté son est musiques, notez que le titre est accompagné d’une bande-son aux thèmes assez épiques qui collent bien à la violence et à l’intensité des combats pour les doux yeux de la Belle Hélène. En revanche côté voix la peinture est encore bien fraîche ! Si le doux brin de voix du narrateur/conseiller est bien dans la langue de Molière à l’heure où ces lignes sont écrites le reste du casting continue de baragouiner en anglais : Malaka !