Après un premier épisode et une extension sortis sur Xbox360 et PS3, Capcom passe enfin la seconde ! Aventuriers de tous poils l’heure est venue de ressortir vos pions !
Pas évident d’associer Capcom aux RPG quand dans notre esprit de vieux joueurs l’éditeur d’Osaka s’est surtout illustré par ses jeux d’arcade, de plateforme et de castagne ! S’il a œuvré sur quelques chapitres de la saga Breath of Fire depuis l’ère des consoles 16 bits, on le connait surtout pour avoir planché avec plus de succès encore sur la franchise Monster Hunter. De la PS2, à la PSP, en passant par la 3DS et nos puissantes bécanes de salon estampillées Ultra HD, vingt ans plus tard on prend toujours un plaisir monstre à jouer les chasseurs cueilleurs. Le succès de la saga Monster Hunter pourrait presque faire oublier la précédente incursion de Capcom dans les RPG avec Dragon’s Dogma. Avec huit millions d’exemplaires écoulés toutes plateformes confondues, le jeu a bénéficié sur le long terme d’un succès d’estime mais le bougre a pris son temps – plus de 13 ans – pour s’offrir une suite ! Sorti sur PC, PS5 et Xbox Series, ce second chapitre a pu être testé pendant une trentaine d’heures sur la dévoreuse de Teraflops de chez Microsoft grâce à un code fourni par son éditeur. Merci à Capcom.
Le jeu invite à découvrir les nouvelles pérégrinations de l’Insurgé, un vaillant héros « choisi » par un dragon et catapulté au rang d’Archimonarque pour régner sur le Royaume de Vermund. Pas vraiment au goût de la perfide régente qui ambitionnait plutôt de placer son rejeton sur le Trône du Dragon. Trahi, laissé pour mort et envoyé au fin fond d’une geôle, l’Insurgé revient pour récupérer son royaume, son palpitant (littéralement) et se venger d’un usurpateur aux pouvoirs étrangement similaires aux siens. Mais avant de passer à l’action, il faut se manger l’inévitable création d’un avatar par le biais d’un éditeur de perso à la fois simple et puissant. On choisit sa race, humain ou Léonin (un clin d’œil à RedEarth ?), ses traits, sa physionomie et sa classe de perso et on se lance alors dans l’aventure. Passée une intro sublime, l’épopée débute par une très rapide mise en jambe dans un bagne où l’on se retrouve confronté à une bestiole mythologique. Si vous regrettez amèrement d’avoir opté pour un sorcier plutôt qu’un archer ou un voleur à la place d’un guerrier, rassurez-vous, il est possible de switcher de classe… sans que cela puisse pour autant se faire à la volée : hélas ! Il faut passer par l’un des Maître de la Guilde des Classes voire un aubergiste pour basculer son perso ou son Pion (on en reparlera plus bas) vers une nouvelle classe ou une autre déjà obtenue et même débloquer de nouvelles bottes secrètes contre des points d’expérience.
À l’instar d’un Monster Hunter, Dragon’s Dogma 2 se présente aussi sous la forme d’un action/RPG doté d’une vue à la troisième personne. Cependant il se rapproche davantage d’un jeu de rôle occidental. Comprenez que plutôt de se livrer à une chasse aux monstres, comme dans tous les classiques du genre, le titre propose d’accomplir des missions principales et secondaires prétextes à l’exploration d’un vaste monde ouvert. Il ne faut pas hésiter à s’écarter des sentiers battus pour affronter des créatures mythiques riches en loot XP, gold et composants nécessaires à l’amélioration des armes et équipements. Les premiers affrontements contre des cyclopes, trolls, minotaures et autres griffons donnent du fil à retordre, pas évident de leur faire mordre la poussière ! Méfiez-vous aussi des harpies elles n’auront aucun scrupule à balancer votre faible carcasse depuis le sommet d’une tour : Et plus dure sera la chute !
Heureusement à mesure que l’on monte en niveau, que l’on upgrade ses armes ou que l’on en déniche des meilleures et que l’on gagne en compétence, ces combats contre des titans deviennent des formalités. J’exagère ! Pas question de partir seul au combat le sabre au clair, le jeu met plutôt l’accent sur la coopération. Si l’on peut compter sur le soutien des gardes et de la population lors de l’incursions de monstres dans la capitale, ce sont surtout les pions (des héros sans âme, pas des surveillants) qui vont nous prêter main forte au combat ! Bien que l’on en croise souvent sur les chemins, ces héros/héroïnes contrôlés par l’IA et créés par Capcom ou les joueurs, ils peuvent être aussi invoqués/recrutés par l’intermédiaire des Pierres des Failles. En sus de notre héros, du pion que l’on aura créé à l’issu du passage dans le bagne, on peut ainsi ajouter deux autres alliés à notre équipe. Pas question de s’y attacher ! Tandis que notre binôme peut monter en niveau lors de l’aventure, en revanche les pièces rapportées – au niveau d’expérience fixe – peuvent vite se retrouver dépassés face à des ennemis parfois plus puissants… telles les pourritures de créatures draconiques. Il faut se résigner à renouveler fréquemment son cheptel de pions pour ne pas avoir à passer son temps à essayer de les ranimer dans le feu de l’action. C’est un crève-cœur de se séparer de certains de ces pions qui facilitent la vie au joueur en enchantant son arme de magie élémentaire ou en débusquant des pistes bien utiles… puisqu’il arrive que l’on tourne parfois en rond. Faute de cartographie des environs, Dragon’s Dogma 2 est une invitation à la découverte et foisonne de passages habilement dissimulés hors de la vue de joueur. Même en affichant la volonté de se cantonner à la trame principale on se laisse finalement happer par des quêtes “secondaires”. Le jeu permet évidemment de se rendre instantanément dans des endroits déjà visité par le biais de Pierres de Transports, qui sont dissimulées dans des coffres au trésor ou vendues à prix d’or. Une façon sans doute pour les développeurs de faire durer le plaisir.
Bien que Dragon’s Dogma 2 s’inspire fortement de la prise en main des Action RPG occidentaux, on ne peut que saluer cette volonté de l’avoir délesté de ses plus grosses lourdeurs. Ici pas question de développer ses talents via un arbre de compétences aux choix cornéliens, nul besoin aussi de garder un œil sur une jauge de Mana… enfin pas vraiment. S’il faut évidemment conserver sa barre de vitalité dans le vert, on doit composer avec une jauge d’endurance (qui remonte plus ou moins rapidement selon la charge portée) dans laquelle on va puiser pour exécuter les “bottes secrètes”, pour lancer des sorts ou pour fuir courageusement les ennemis en tapant un sprint. Afin de dynamiser davantage les combats on aurait aimé avoir en sus une esquive, pour éviter les attaques de ces adversaires, qui ciblent notre avatar à grande distance : les fourbes ! Pour reprendre des forces rien ne vaut une bonne nuit dans une bonne auberge ou camper à la belle étoile. Gare : les attaques de monstres dans des zones mal famées semblent avoir raison de votre nécessaire de camping. Gardez l’oeil ouvert avant de sortir les sardines pour piquer un roupillon à la belle étoile !
Testé sur Xbox Series X, cet avis aura mis du temps à arriver. Un mal pour un bien puisqu’il a été possible d’essayer la dernière mise à jour du jeu qui laisse le choix d’activer ou non le ray tracing. Même si Dragon’s Dogma 2 semble un tantinet plus réactif lorsque l’on opte pour un rendu conventionnel, le RE Engine développé par Capcom et employé par les dernières productions de l’éditeur ne semble pas lui permettre de tourner – voire ne serait-ce qu’approcher – les 60 FPS constantes. Un brin dommage mais compréhensible lorsque l’on voit l’incroyable profondeur de la distance d’affichage, le niveau de détail des environnements ou la finesse des textures et le soin apporté aux modélisations des pions, ennemis et avatars. C’est vraiment splendide, surtout lorsque l’on laisse le ray tracing activé par défaut et que l’on découvre les environnements extérieurs baignés dans l’éclatante lumière du jour après avoir crapahuté dans des grottes glauques à la lueur d’une lanterne. Quel régal pour les mirettes ! En revanche, nos yeux sont un peu moins à la fête lorsque l’on se retrouve embarqué dans un affrontement nocturne contre une escouade d’orcs ou d’homme lézards qui vire un peu au pugilat. De jour comme de nuit on peste d’ailleurs contre les confrontations parfois brouillonnes du jeu surtout quand le danger vient aussi des airs. Beau pour les yeux le jeu est aussi un régal pour nos oreilles ! Le titre offre ainsi une bande-son somptueuse qui colle magistralement aux moments les plus épiques de l’aventure ! Si le jeu nous offre des menus et textes en français, en revanche les voix ne sont disponibles qu’en anglais ou en japonais. C’est un peu Molière que l’on assassine pour un jeu qui s’ouvre pourtant sur une citation de Balzac !