Flinguée par la vindicte populaire bien avant d’avoir posé son orteil sur le Gamepass ou en boutique, la dernière production de la division texane d’Arkane Studios mérite-t-elle vraiment son triste sort ?
Fin septembre dernier, je passais Deathloop sur le grill. Pourquoi diable vous en parler ? Eh bien, le titre du studio Arkane débarquait enfin sur Xbox Series après un début de carrière passé sur PS5. Cette fois, oubliée l’exclusivité PlayStation. Redfall déboule directement sur les Xbox Series et PC sans s’aventurer ni sur les bécanes de Sony, ni s’attarder sur les machines d’ancienne génération. Le titre serait cousu main pour les bécanes « NextGen » ? Alors, oui et non. Avant de préciser le fond de ma pensée toute normande, un petit récap du pitch de ce jeu. Après avoir subi un déferlement de créatures vampiriques, RedFall une bourgade de Nouvelle Angleterre se retrouve coupé du monde. Sans pouvoir s’échapper par la mer, les survivants doivent affronter les suppôts de l’Homme Creux. Cette étrange entité vampirique commande les hordes enragées de suceurs de sang et contrôle des régiments de fidèles (des goules ?) armés jusqu’aux dents. Inutile de brandir les crucifix ou des gousses d’ail ! Pour repousser les assauts du bestiaire surnaturel, des hommes de mains comme ceux des mercenaires de Bellwether, il va falloir sortir l’artillerie lourde ! Potage de pruneaux pour tout le monde !
Dans la veine d’autres productions d’Arkane, tel le récent Deathloop, le titre est un FPS qui offre un monde ouvert en guise de terrain de jeu. Il invite à « reconquérir » une demi-douzaine de quartiers/zones en accomplissant des missions de QG liées à la quête principale ainsi que des quêtes annexes… sans doute pour captiver sur la durée. En solitaire nous avons pu boucler l’histoire principale (et accomplir quelques quêtes secondaires) sans trop forcer en une petite huitaine d’heures. Afin de lui garantir une replay value, le titre propose d’incarner l’un des quatre personnages et de s’y adonner en solo comme en coop. Ces quatre classes de héros se distinguent par leur apparence mais aussi et surtout par leurs pouvoirs ou talents qui s’étoffent progressivement au fil de l’aventure. Devinder le british peut employer des pieux électrifiés pour repousser les ennemis, se déplacer sur des petites distances grâce à un télé porteur ou figer les vampires sur place en recourant à un projecteur de lumière noire. Les trois autres persos Jacob, Laila et Rose mettent respectivement l’accent sur la furtivité et les attaques sournoises, l’utilisation de pouvoir psychiques offensifs et défensifs ou le recours à des technos vouées à distraire les ennemis ou soigner les alliés.
Loin d’être linéaire RedFall ne boxe pas dans la catégorie d’un Left4Dead. Le jeu édité par Valve/EA regorgeait d’événements scriptés dans des environnements linéaires. Le dernier né de chez Arkane conserve quant à lui l’effet de surprise en nous mettant face à des challenges sans cesse renouvelés lorsque l’on crapahute à travers la ville Nord-Américaine de jour ou de nuit. Comme évoqué plus haut, on loote dans l’environnement de nouvelles armes (flingue, fusil à pompe, fusil d’assaut et de snipe et plus original lance-pieu ou projecteur à rayon UV) nécessaires pour repousser des ennemis toujours plus nombreux, puissants et vicelards. Le feeling des armes est bon et on peut employer un sprint ou une glissade pour échapper aux situations les plus tendues. Les adversaires contrôlés par l’IA ne campent pas forcément sur leurs positions… au contraire. Les puissantes bestioles vampiriques cherchent le contact et nous attirent parfois à elle grâce à leurs pouvoirs télékinésiques ou se déplacent à des vitesses fulgurantes. Les confrontations de rues sont intenses, sanglantes et afin de canaliser les adversaires rien n’empêche de se réfugier parfois dans une maison voire un commerce qui n’est pas barricadé. Certes, l’essentiel de l’épopée se déroule dans les différents quartiers de Redfall il arrive que l’on quitte parfois la bourgade américaine, pour s’aventurer dans les méandres plus linéaires de la dimension vampirique. Une expérience parfois déroutante. Si l’on peut regagner de l’énergie en dévorant quelques snacks (boissons, nourriture…) ou en employant des compétences spéciales notez que le jeu oblige à garder à portée de main quelques médikits. Indispensables lors des confrontations face aux boss vampiriques, ils avèrent aussi utiles quand notre barre d’énergie a été sérieusement vampirisée par un tir de sniper ou plus frustrant par un mercenaire ou fidèle du culte… invisible ?! Et c’est là que le bât blesse. Sur le plan technique, Redfall ne tutoie pas vraiment la perfection.
Il a beau carburer à la quatrième mouture de l’Unreal Engine, Redfall tourne avec le genre de limitations dignes de la génération de machines précédente. Testé sur Xbox Series X par l’intermédiaire du Gamepass le jeu mouline, quelle que soit la résolution, à 30 images par seconde. Contrairement à d’autres productions Impossible de favoriser le type de rendu (fluidité ou finesse) pour faire tourner le jeu à 60 FPS ou bien plus encore. Rassurez-vous, même à 30fps le titre est jouable et les confrontations restent nerveuses… la plupart du temps. Ainsi on note quelques micro-freezes et coups de mous dans l’animation lorsque l’on crapahute à travers la ville ou que l’on se retrouve embarqué dans une rixe trop intense. C’est dommage car le parti pris cartoonesque du chara design ne manque pas de charme et certains effets graphiques, notamment les effets d’éclairages sont chatoyants. Les environnements sont le plus souvent détaillés, ils offrent une distance d’affichage lointaine assez respectable et le titre permet de s’aventurer vers l’intérieur et l’extérieur des demeures sans temps mort. Que l’on s’y adonne en solo ou en coop, notez que le jeu n’est malheureusement pas compatible avec le Quick Resume de la Xbox Series X et oblige à relancer la partie à chaque lancement. Un peu frustrant quand on s’est habitué à cette fonctionnalité, la faute à la nécessité d’y jouer avec une connexion internet obligatoire… même en solitaire. En français intégral dans ses textes et menus, le jeu régale aussi nos esgourdes par la prestation impeccable de ses voix dans la langue de Molière, certaines voix vampiriques vont faire monter le trouillomètre dans les tours. Enfin, nos cages à miel ruissellent de joie à l’écoute de la bande-son percutante dont le style (hip hop, techno, lugubre…) alterne en fonction de l’action ou des moments de calme. Méfiez-vous quand c’est beaucoup trop calme, gardez le doigt sur la gâchette !