La guerre entre les différents constructeurs d’appareils photo et de caméra fait rage notamment sur un marché porteur ces dernières années à savoir les créateurs de contenu de tous bords. Sony jette un pavé dans la mare avec un nouveau modèle alléchant mais pas pour tout le monde, le ZV-E1.
Sony avait mis du temps pour se rendre compte que beaucoup de vloggers, youtubers, streamers et autres créateurs de contenu détournaient l’utilisation première de certains de leurs appareils photo notamment les modèles des séries RX et Alpha 6XXX. Sony avait alors décidé de proposer un modèle compact répondant aux attentes de ces utilisateurs aux besoins assez spécifiques. Ce fut le ZV-1. S’en est suivi un ZV-E10 version grosso modo avec objectif interchangeable du ZV-1 et un ZV-1F à focale fixe petit budget.
Les deux ZV-1 proposaient un capteur assez petit mais avec un rendu correct avec une bonne lumière. Pour monter en gamme et en qualité de production, le ZV-E10 gagnait un capteur APS-C plus grand et permettait d’utiliser des objectifs différents avec monture E. Chacune de ces trois caméras convenaient à un public assez large avec un budget abordable sous la barre des 900€.
Mais que diriez-vous de passer au plein format dans un appareil compact mais avec des capacités qui n’ont rien à envier à deux modèles nettement plus chers que sont l’Alpha 7SIII et la FX3 et cela pour un prix plus accessible ? C’est en gros ce que Sony propose avec le ZV-E1.
Autant vous le dire tout de suite, le terme accessible est à relativiser. A 2700€ le boîtier nu, le ZV-E1 n’est tout de même pas pour toutes les bourses – 3000€ avec un objectif Sony FE 28-60mm F4-5,6. Mais à ce prix, vous avez quasiment tout ce qui a fait le succès de l’Alpha 7SIII – et indirectement de la FX3. Sony reprend le même capteur à savoir un CMOS Exmor R de 12 mégapixels avec une plage dynamique de 15 stops, une plage ISO énorme et le processeur d’image Bionz XR dans un boîtier ultra-compact pour un appareil plein format.
S’il est tout à fait capable de prendre des photos, le ZV-E1 se destine vraiment à un usage en vidéo. Il est ainsi capable de filmer jusqu’en 4K60 – voire 4K120 lorsque Sony sortira une mise à jour à l’été. Allez savoir pourquoi la fonctionnalité n’est pas disponible au lancement. Il comprend le rendu S-Cinetone désormais la référence sur tous les appareils Sony récents. Celles et ceux qui veulent aller plus loin pourront toujours tenter de filmer en S-Log3 et se lancer dans de la post-production plus poussée notamment avec la retouche colorimétrique.
Le ZV-E1 se permet d’avoir des capacités inédites sur les modèles professionnels grâce à son chipset IA. Ce dernier permet de nombreuses fonctionnalités qui devraient faciliter la vie des vloggers n’ayant pas forcément de grandes connaissances techniques leur permettant ainsi de se focaliser sur ce qui compte au final, leur contenu. L’IA est mise à contribution avec le chipset IA dédié pour des fonctionnalités comme le focus encore plus performant avec une reconnaissance non seulement des yeux mais aussi des postures humains. L’auto-focus fonctionne également avec les animaux, les oiseaux, les insectes et même certains objets comme des avions, les voitures, les trains. Une autre fonction utilise l’IA : l’auto recadrage. Ce dernier permet ainsi à la caméra de vous « suivre » même si vous bougez comme si un opérateur vous suivait avec la caméra. Cela a probablement un léger impact sur la qualité visuelle mais cette fonctionnalité est très intéressante pour nombre de créateurs de contenu solo. Comme les autres modèles ZV, on a aussi droit à la fonction présentation de produit qui modifie automatiquement le focus sur l’objet que vous présenterez à la caméra. Pas besoin de cacher son visage donc pour que la caméra change de focus automatiquement.
La stabilisation est toujours présente et la ZV-E1 reprend les capacités de ses prédécesseurs mais y ajoute un niveau supplémentaire nommé mode actif dynamique annoncé comme 30% plus efficace que le mode actif toujours présent. Evidemment, comme souvent avec la stabilisation numérique, cela se fait au détriment d’un crop plus important. De ce fait, vlogger en selfie peut nécessiter un objectif grand angle pour un bon cadrage.
Comme pour la FX-30, le ZV-E1 dispose du système de compensation de la variation du focus (focus breathing). On est en droit de se demander pourquoi Sony n’a pas implémenté cette fonction pourtant cruciale sur les modèles plus haut de gamme via mise à jour firmware.
Compte tenu du public visé, Sony a essayé d’apporter diverses solutions simples requérant un minimum de connaissance. Ainsi, pour avoir un effet cinématographique, Sony a intégré un mode dédié. Dans les faits, c’est en gros un raccourci qui ajoute des bandes noires horizontalement pour obtenir un format typé cinéma 2.35:1 avec le rendu S-Cinetone et une fréquence d’images basculée à 24 images/seconde. Ces réglages sont accessibles à la mano et les bandes noires peuvent être ajoutées en post-production sur tout logiciel de montage mais au moins, sur le ZV-E1, c’est applicable sans effort.
Autre facilité, Sony a fait en sorte qu’avec de simples sliders sur l’écran tactile, on puisse obtenir un look à ses prises de vue. Nul besoin d’avoir des connaissances poussées sur l’ouverture, la focale, etc. Il en va de même pour le choix du rendu et de l’ambiance. Avec diverses combinaisons on impacte sur le résultat final facilement sans devoir passer par la retouche colorimétrique en post-production et tout le travail que cela implique. Cela peut uniformiser les contenus mais c’est une bonne solution pour ceux qui débutent ou sont en cours d’apprentissage ou de progression dans l’aspect technique des tournages.
Pour la prise de son, Sony a recours à un micro à trois capsules capable de capturer le son provenant de devant ou derrière la caméra ou tout autour. Il peut également basculer automatiquement en fonction de la direction de la source sonore. Le rendu devrait être correct même si, comme souvent, rien ne remplacera les microphones canon dédiés ou les micro-cravates.
Les streamers vont apprécier sa capacité à streamer jusqu’en 4K30 via USB et en 1080p60. Cela donne de la marge et permet au final une meilleure qualité d’image. La même prise USB peut également alimenter la caméra pour accroître son autonomie déjà excellente grâce à l’utilisation des mêmes batteries que les modèles haut de gamme.
Bref, il garde bien des aspects qui font la réputation de ses deux illustres prédécesseurs. Pour tenir dans son boîtier très compact et dans le prix prévu, Sony a toutefois également rogné sur certains aspects sans doute moins cruciaux pour le public visé. Ainsi, il n’y a qu’un seul port carte SD (non compatible CF Express), une sortie mini-HDMI et un système de refroidissement qui sera certainement moins performant ce qui pourrait impacter l’usage dans des tournages longs ou dans des conditions chaudes.
Avec le ZV-E1, Sony a fait un mélange assez étonnant entre l’approche simplifiée des ZV avec les capacités plein format des A7SIII et des FX3. Le résultat est un appareil des plus séduisants pour tout youtuber qui veut passer au niveau supérieur sans devoir sortir plus de 4000€. Les diverses fonctionnalités simplifiant son utilisation – s’ils sont inutiles pour les pros – sont les bienvenues pour les créateurs de contenu pas forcément portés sur la technique. Cela devrait grandement améliorer leur qualité de production pour sûr mais pour un prix pas non plus très grand public. Comme les autres modèles, le ZV-E1 est une proposition correspondant à une partie du public. Pour d’autres, le ZV-E10 me semble toujours d’actualité. Avec un capteur APS-C et des objectifs interchangeables moins chers que les plein format , le ZV-E10 convient à un public bien plus large pour un budget bien plus accessible puisque largement sous la barre des 1000€. Vous devrez donc arbitrer en pesant le budget et les capacités impressionnantes – mais est-ce utile à votre niveau – du ZV-E1.
Le Sony ZV-E1 devrait être disponible ce mois d’avril 2023 pour 2700€ en boîtier nu et 3000€ avec un objectif Sony FE 28-60mm F4-5,6.