Direction Hong Kong et plus précisément la Cité Clabousse une reproduction colorée et cartoonesque de Kowloon pour s’adonner à de nouvelles confrontations pigmentées. Jamais deux sans trois ?
S’il a livré en 2015 un Splatoon surprenant sur une WiiU qui peinait pourtant à s’attirer les faveurs des joueurs, Nintendo a dégainé un second volet quelques mois seulement après la sortie de la Switch. Cette fois, la parution du troisième volet n’a pas été conditionné par l’arrivée d’une nouvelle machine. Les poulpes et les seiches n’ont pas été extirpées – de manière opportuniste – de la ludothèque d’une machine dont la carcasse était encore fumante. Au contraire, la Switch en attente de la relève a le droit à une seconde plâtrée de Splatoon ! Allez, calez-vous dans votre fauteuil afin de passer la troisième !
Arrivé comme prévu le 9 septembre sur la Nintendo Switch, Splatoon 3 a manqué de peu la période estivale. Dommage il aurait sans doute apporté un peu de fraîcheur à cet été caniculaire ! Pour mémoire le jeu boxe dans la catégorie des shooters multijoueurs à la troisième personne. Même s’il propose des missions praticables en solitaire ou l’on se frotte à quelques challenges de plateforme contre des Octariens contrôlés par l’IA dans un univers dystopique assez étrange, le cœur du jeu et plus encore tout l’intérêt de Splatoon 3 réside dans son multi. Passez votre chemin si vous n’avez pas d’abonnement au Nintendo Switch Online ! Contrairement à un FreeToPlay comme Fortnite, une souscription au service de jeu en ligne est obligatoire pour se friter entre calmars de bonne compagnie. Les années passent et le principe ne bouge pas d’un iota. Dans les grandes lignes il s’agit toujours d’écraser une équipe adverse à l’occasion de Matchs en 4 Vs 4 en employant d’abondantes giclées de peintures pour recouvrir le plus possible de l’aire de jeu ou faire avancer un totem et dézinguer les opposants à l’aide rouleaux, pinceaux et autres sulfateuses à peinture. Impossible pour eux de s’aventurer sur les étendues recouvertes par nos pigments sans perdre progressivement de la santé … et vice-versa. Il faut asperger les surfaces par nos couleurs à mesure que l’on crapahute en territoire adverse ! D’autant plus que nos céphalopodes teigneux peuvent se dissimuler dans les flaques de peinture pour tendre des pièges vicelards aux opposants ou s’en servir pour évoluer rapidement à travers le champ de bataille semblable à une toile de Jackson Pollock en fin de partie.
Si l’on débloque des catégories de nouvelles armes principales lors de la montée en expérience, impossible en revanche de les améliorer à sa sauce comme les pétoires d’un Call of Duty. Dommage ! L’arme dont on s’équipe est accompagnée d’une « grenade » ou arme de jet ainsi que d’une compétence spéciale (semblable aux bonus d’élimination) que l’on débloque en atteignant un certain nombre de points. En vrac on peut se ruer vers un adversaire en « chevauchant » un squale de peinture, tirer des balles de peinture et autres obus destructeurs avec un crabe mécanique géant ou employer des tirs sonores en 5.1 surpuissants. Voilà un arsenal assez original plus délirant en tout cas que le fusil de snipe, le Uzi et la gatling en version paintball employé par nos céphalopodes guerriers pour répandre la peinture à travers une douzaine de maps. Les rencontres inférieures à cinq minutes se déroulent dans des arènes étriquées qui prennent la forme de skatepark ou de marinas propices à des affrontements courts et intenses.Malheureusement, le faible nombre de joueurs par partie, les roulements périodiques d’une sélection de levels et le système de hub antédiluvien (dédié à l’achat d’armes et de stuff) trahissent un titre qui ne s’est pas forcément renouvelé dans ses mécaniques, ni dans ses modes de jeux. Et pourtant cinq ans se sont écoulés depuis la sortie du second volet, Nintendo a visiblement joué la carte de la sécurité en resservant sans vergogne une formule éprouvée. Quel courage !
Splatoon 3 n’ayant pas subi de gros changements sur le fond, fallait-il franchement attendre d’être émerveillé par la réalisation ? Le second o(cto)pus en son temps était déjà joli, ce troisième volet poursuit lui aussi sur ses acquis sans trop se fouler. Même recette oblige, le graphisme est toujours aussi coloré, les couleurs vives et chatoyantes. Le chara design impeccable et les animations des calmars flingueurs sont assez fluides comme les projections de peinture acidulées tout azimut qui en mettent plein yeux. Une fois que la Switch est encastrée dans son dock on note sur l’écran du téléviseur un léger aliasing pas vraiment gênant mais présent. Testé sur Nintendo Switch (tout court) grâce à une version achetée dans le commerce, notez que le jeu nécessite bien sûr l’installation d’un patch Day One. Et s’il propose d’importer son profil à partir d’une sauvegarde de Splatoon 2, il n’ y a pas de bénéfice vraisemblablement octroyé par cette importation de sauvegarde. Faut croire que la fidélité ne paie pas toujours ! En ce qui concerne la maniabilité, le titre laisse le choix des armes aux joueurs ! Ainsi il est possible d’utiliser le système de visée « habituel » qui exploite les deux sticks analogiques (un dédié au déplacement, l’autre à la visée) pas hyper pratique en cas de joycon drift. La seconde façon de jouer en mode portable tire aussi parti du gyroscope pour accélérer la visée et enfin, ma préféré, une fois les 2 joycons désolidarisés de la console on utilise le gyroscope de la manette de droite pour une visée plus « précise »… Qu’il faut recalibrer régulièrement en cours d’action par une pression de la touche Y. C’est grâce à ce mode de contrôle que Splatoon prend toujours toute sa dimension ! Intégralement en français dans ses textes et menus, le jeu n’est évidemment pas doublé dans la belle langue de Molière ! À la place les poulpes et calmars s’expriment dans une idiome cartoonesque aux voix déformées, comme celles des musiques qui s’incrustent lors des intenses confrontations en multijoueur. Sympa ! Hélas ces ziks sont noyées sous les effets sonores des effusions, des tirs et autres clapotis des flaques de peinture.