En ces temps de superproductions en 4K Ultra HDR qui mobilisent durant de longs mois des centaines de personnes, voici que déboule un Shoot Them Up réalisé par un développeur solitaire. Une façon de la jouer vieux jeu ?
L’année passé, entre les ressorties de Cotton et Darius, les amateurs de Shoot Them Up de l’âge d’or des 16bits n’avaient aucune excuse pour ne pas renouer avec les plaisirs de l’arcade en se tirant joyeusement sur le stick. Si les espagnols de Ratalaika Games étaient parvenu à glisser la réapparition d’un Gynoug dans leur énorme catalogue de jeux Indé, cette année avec Remote Life l’éditeur se dote d’un shooter classique de prime abord, parfois surprenant mais… résolument frustrant ! Passage sur le grill en express pour un jeu déjà sorti il y a belle lurette (3 ans) sur PC et qui tente de trouver un nouveau souffle sur les consoles de salon !
Remote Life est un shooter en 2D vue de profil pur jus comme on en bouffait au temps des machines 16 ou 32 bits. Il s’agit ainsi de prendre les commandes d’un petit vaisseau de combat en solitaire afin de décimer toutes sortes de bestioles aliens enragées que l’on croise dans les étroits corridors de levels mal famés. Offrant une prise en main aux mécaniques conventionnelles, ce Remote Life permet de switcher entre plusieurs modes de tirs obtenus sous formes de power UP. Toutefois, pensez à relâcher le bouton de tir, les munitions sont hélas limitées. Et à l’instar d’un R-Type notre vaisseau peut profiter de la puissance de feu accrue d’un drone durant une petite dizaine de secondes, ou plus inédit, de l’appui d’une tourelle dont on contrôle l’angle de tir par le biais du stick droit. Une puissance de feu accrue difficilement refusable, certes éphémère, mais ce ne sont pas les vagues déferlantes d’ennemis qui ont le plus souvent raison de notre vaisseau ou de notre patience. La quinzaine de niveaux impose de manœuvrer en même temps à travers d’étroits goulots grouillant de toutes sortes de bestioles insectoïdes qui atomisent notre vaisseau au premier contact. Pire encore, action scriptée oblige, il faut guetter le bon moment pour progresser à travers le level qui défile automatiquement en tenant compte aussi des mouvements de balancier de certains chausses trappes qui ne laissent qu’un trou de souris pour se faufiler. Et une fois l’obstacle passé/le piège déjoué on doit parfois se résigner à crever encore et encore en rentrant en contact avec un ennemi qui attendait en embuscade : le fourbe ! Progresser à travers ce jeu s’apparente à du die and retry tant il oblige à mémoriser les successions de pièges les plus vicelards pour se coltiner évidemment un énorme boss en fin de level. Si cela assure d’emblée une durée de vie plus qu’honnête à Remote Life (dont pas mal de représentants tiennent généralement en haleine l’espace d’une demi soirée), pas certain que l’expérience puisse plaire aux joueurs les moins masochistes qui veulent juste s’éclater. Gamers just want to have fun !
Pour l’occasion le jeu a été testé sur la bonne vieille PlayStation4 des familles par l’intermédiaire d’un code fourni par l’éditeur. Pas d’inquiétude l’expérience s’avère aussi intense sur la précédente génération de bécanes. En sus d’imposer de survivre à un niveau de difficulté plutôt corsé, ce shooter oblige aussi à accroître sa vigilance tant le rendu graphique est surchargé. Fourmillant d’effets graphiques pyrotechniques, de distorsions d’image, d’effets d’éclairage et de fioritures cosmétiques qui nuisent à la bonne lisibilité de l’action, le titre a la bonne idée de proposer des options pour alléger le niveau de détail. Et il offre aussi des filtres graphiques destinés à reproduire le rendu des écrans cathodiques des bornes d’arcade ou des vieux micro 8bit d’antan. Sympa, mais cet artifice ne permet pas de se délecter de l’esthétique complètement dingue de ce jeu, qui semble rendre un vibrant hommage à l’univers macabre et biomécanique de HR Giger. Le regretté helvète dont l’imagination avait enfanté des xénomorphes d’Alien. Côté musiques, les thèmes un brin « DubStepesques » collent bien à l’action intense, frénétique et désespérément stressante de Remote Life. Achevons comme souvent ce tour du proprio en précisant que le jeu fait bizarrement l’impasse sur le français aussi bien dans ses textes et menus alors qu’Il a l’outrecuidance d’en proposer en anglais, en allemand, en japonais et même en espagnol. Enfin permettez que l’on fasse l’impasse sur les digits vocales, éraillées (façon 16bits) qui font davantage penser à des bugs sonores tant elles manquent de clarté.