Samus revient avec son cortège de monstres dans une nouvelle odyssée spatiale toujours aussi prenante et étouffante. Claustrophobes tournez les talons !
On reproche à Nintendo de manquer d’inspiration, de ressortir de son tiroir encore et toujours les licences Mario, The Legend of Zelda, Pokémon et bien d’autres marronniers : C’est vrai mais l’on adore ça ! Alors que bon nombre de fans attendent religieusement le retour de franchises comme Starfox ou F-Zero, voilà que l’éditeur de Kyoto balance un nouvel opus de Metroid qui ne s’est pas fait longtemps désirer. Dévoilé l’été dernier lors du non-événement qu’était l’édition 2021 de l’E3 – car encore plombé par l’épidémie de Covid19 -, le premier aperçu du jeu a déçu ceux qui espéraient d’en voir plus sur la suite à la trilogie Metroid Prime. Réjouissons-nous ! Plutôt que de livrer un remake voire un spin-off dispensable comme l’était le shooter 3D Prime Federation Force sorti en 2016 sur 3DS, ce Metroid Dread, sans être d’une originalité folle, a la bonne idée de renouer avec les bases de la saga d’origine. Aux commandes de cette cuvée 2021 de Metroid, on retrouve les espagnols de chez MercurySteam qui se sont fait connaître avec les excellents reboot de Castlevania (Lord of Shadows et Mirror of Fate) et déjà responsables du remake de Metroid Samus Returns. Comme le plus souvent, on ne remercie pas Nintendo, cette version des nouvelles aventures de Samus a été achetée à la Fnac afin d’être passée sur le grill. Notez que le malheur de Metroid Dread est d’être sorti le même jour que Farcry6. On a préféré se laisser tenter par la claque nextgen plutôt que par les péripéties “rétronéo” de la tueuse de Metroids, que dis-je ? L’éviscératrice de Pirates de l’Espace ! À raison ?
Sans surprise le titre nous catapulte dans l’épaisse cuirasse de Samus Aran afin de “dératiser” durant une douzaine d’heures une série de complexes de recherche. Oublié la vue subjective, le titre capitalise sur une perspective en 2,5D – ou 3D vue de profil – afin de nous offrir un Metroidvania… ou plutôt un Metroid pur jus ! Vous saisissez l’idée ? Ce Metroid Dread repose sur un mix de plateforme 2D et d’action, rallongé par une dose généreuse d’exploration. Ainsi les complexes labyrinthiques ne peuvent être arpentés d’un trait ! Les dédales ne livrent leurs secrets qu’en débloquant l’accès à des parties des levels – inaccessibles au premier run – grâce à des items/compétences disséminés dans d’autres niveaux. Ces accessoires permettent de s’accrocher à certains types de surfaces, de s’aventurer dans les salles suffocantes remplies de lave en fusion, de se déplacer comme l’éclair ou telle une ombre via un camouflage optique… ou de se muer en ballon grâce à la MorphBall afin de se faufiler dans d’étroits goulots. D’ailleurs histoire de ne pas perdre la boule, le jeu offre une map assez utile qui dévoile au fur et à mesure de notre avancée les portions de niveaux déjà visitées, les sas d’accès accessibles ou non ainsi que les items ou points de sauvegarde repérés. Mieux encore, on peut placer sur la map des marqueurs de différentes couleurs afin de garder le nord dans ces dédales vraiment mal famés d’un simple coup d’œil à la mini-map affichée en permanence en haut à droite de l’écran. En sus de foisonner de chausses trappes, les levels sont bien sûr jalousement surveillés par différents types de boss gigantesques et de bestioles/drones. Ces créatures n’hésitent pas à venir au contact, à nous canarder de substances acides ou à envoyer une nuée de parasites pour vampiriser la jauge d’énergie de Samus. Afin de leur couper la chique on peut évidemment employer quelques tirs – concentrés – de rayon laser ou leur balancer quelques salves de missiles sur le coin de leur caboche ! Un bon moyen de conserver des points de vie voire d’en regagner ! Les ennemis ou projectiles explosés laissent toujours – ou le plus souvent – échapper de quoi reconstituer un peu de la jauge de vitalité ou le stock de missiles. Pratique mais Samus peine à encaisser trop de dommages ! En sus de nous opposer à ces ennemis de base, le titre évite de virer au shooter bête et méchant, en flirtant occasionnellement avec le survival horror, en nous opposant à des E.M.M.I. Ces droïdes insensibles à nos attaques rôdent dans des zones spécifiques de la map, où il faut jouer la carte de la discrétion. Une fois que l’on a été capturé par un de ces robots, il est difficile voire impossible de se dépêtrer de leur étreinte … à moins de réussir un QTE au timing vraiment hyper serré. Fuyez pauvres fous !
Licence Nintendo oblige, Metroid Dread parvient à tirer parti assez brillamment des capacités de la petite portable de salon ! Testé sur une Switch de première génération, le jeu n’agace que par un léger aliasing, des ralentissements heureusement occasionnels et des temps de chargements (et écrans noirs) entre certaines portions de niveaux un peu longs. Pour le reste le jeu peut se vanter d’être joli. Il offre des environnements détaillés et “variés” (labo, cavernes …) aux arrières plans animés, ainsi que des personnages aux modélisations léchées… plus particulièrement lors des cinématiques qui emploient le moteur du jeu. Le tout est agrémenté d’effets graphiques subtiles (particules, surfaces organiques brillantes…) qui viennent flatter agréablement les rétines peu habituées à en prendre plein la vue sur Switch. Attendez-vous aussi à en prendre plein les oreilles ! Le dernier né de chez MercurySteam offre une splendide bande-son aux synthés digne de Metroid Prime et des effets sonores évidemment soignés. Particularité sympathique de ce Metroid Dread, il offre des voix, menus et textes intégralement dans la langue de Molière. Un mot enfin sur la maniabilité qui même après quelques heures de jeu n’est pas toujours au top de l’intuitivité. Le titre oblige à employer des combinaisons de boutons pas toujours digestes pour un jeu de plateforme… en 2D. Voilà qui est un brin dommage !