La célèbre mascotte de SEGA fête cette année ses 30 années d’existence. Au lieu de prendre part aux festivités, les illustres géniteurs de Sonic ont créé un nouvel héros pour le compte de Square-Enix. Une infidélité pardonnable ?
Déjà sorti depuis belle lurette (le 26 mars dernier), Balan Wonderworld passe enfin sur le grill de Playscope. Non pas grâce à son éditeur, Square Enix, qui ne nous a pas transmis de code review. Il nous a ainsi fallu passer à la caisse pour obtenir cette version PS4. Sans doute est-ce dû aux critiques – désespérément – peu élogieuses parues sur Metacritic. Pour la petite histoire, à la place, « Square » nous a transmis une version de Saga Frontier. Une façon sans doute de nous faire oublier le jeu des anciens de la Sonic Team dont la démo n’avait pas donné un aperçu hyper alléchant de cette épopée, qui semblait davantage lorgner du côté de Nights plutôt que d’un Sonic Adventure… du moins par son univers. De quoi faire enrager les fans intégristes du hérisson bleu ! Remballez donc vos espoirs d’action supersonique et de ballets aérien, Balan Wonderworld propose un tout autre genre d’aventure… et d’expérience davantage terre à terre.
À l’instar d’un Nights vieux de vingt-cinq ans, le titre offre aussi de suivre les péripéties de deux jeunes héros : Léo et Emma. Nos jouvenceaux viennent en aide à une douzaine d’âmes en peine par l’intermédiaire de Balan. Un mystérieux meneur de revue volant aux pouvoirs magiques. Là où les aventures du bouffon voltigeur de la Sonic Team proposaient trois (ou quatre) mondes différents, il s’agit cette fois de crapahuter à travers 12 mondes. Un programme bien plus consistant où l’exploration est de mise. Il faut en effet ratisser méticuleusement chaque recoin d’un niveau pour dénicher des statuettes dorées de Balan et débloquer ainsi l’accès à des mondes supplémentaires. Difficile d’y parvenir au premier run, certaines sections ne sont accessibles que -après bien des niveaux – grâce aux aptitudes prodiguées par l’un des quatre-vingt costumes du jeu. Le titre oblige ainsi à revenir dans des levels déjà visités, pour glaner des statuettes inaccessibles ou invisibles au premier coup d’oeil. Un principe calqué sur celui d’un Super Mario 64 qui invite le plus souvent, depuis ses premiers pas dans la 3D, à faire la chasse aux étoiles.
Quand le duo – Yuji Naka et Naoto Oshima – à l’origine de Nights et Sonic Adventure s’est reformé on imaginait que cette collaboration allait faire des étincelles. À mille lieues du feu de joie, Balan Wonderworld s’avère être un jeu de plateforme sympathique, à l’univers chatoyant mais aux mécaniques assez approximatives pour tout vieux gamer (barbu ou non) fan du hérisson bleu. Nos anciens de la Sonic Team n’ont plus le feu sacré, mais, regardez plutôt les yeux enfants de vos enfants briller devant les transformations de nos héros ou s’extasier face aux boss “gigantesques” ou environnements enchanteurs du jeu. La triste vérité la voilà : Balan Wonderworld a été pensé avant tout pour les plus jeunes et vous comme moi sommes « vieux » ! J’en veux déjà pour preuve la maniabilité minimaliste, simplifiée à l’extrême, qui emploie un seul bouton d’action et le niveau de difficulté au ras des pâquerettes. Pendant que les têtes blondes enchaînent les niveaux ou développent le petit village de Tim (des bestioles qui font penser au croisement des Chaos de Sonic Adventure et Nightopians de Nights), il nous revient, à nous, adultes, la basse besogne de partir en chasse des statuettes dissimulées dans les niveaux. Comme dit plus en amont, en dehors de certaines séquences de descente de pentes verglacées ou de phases speeds sur rails, le titre possède un rythme plus posé. Et si la démo offrait l’aperçu d’un niveau assez plat et linéaire, à contrario, la plupart des levels imposent de progresser de manière verticale en tirant parti des aptitudes spéciales conférées par les différents costumes. Tel un Kid Chameleon, certaines des formes s’avèrent adaptées aux combats (face aux monstres de base ou boss), d’autres aux séquences de plateformes et enfin d’autres sont polyvalentes ou permettent d’évoluer facilement sur la glace ou sur l’eau. En sus des formes imposées – disséminées à travers les niveaux – , le joueur peut aussi piocher dans des réserves de costumes aux checkpoints pour réaliser l’ascension de toiles d’araignées ou casser des blocs “indestructibles”. Simple à jouer, parfois amusant, le titre oblige à composer aussi souvent avec une caméra pas toujours pratique qui n’affiche pas le vide entre deux plateformes aux textures verdâtres. Rageant mais heureusement les vies sont illimitées, et à la différence des précédentes productions de Yuji Naka, sans timer ou décompte pour nous contraindre à presser le pas, on arpente les niveaux à notre rythme. L’occasion d’apprécier les détails des décors qui rappelleront des souvenirs aux fans – les plus bienveillants – de Nights et de Sonic.
Comme précisé plus en amont, ce jeu a été testé sur PlayStation 4. Disons-le franchement. La version Switch n’ayant pas donné un aperçu technique convainquant (pour rester poli) et la mouture Xbox étant disponible uniquement en dématérialisé à un prix indécent sur le store de Microsoft, Balan Wonderworld sur PS4 semblait être un bon compromis. Loin de ramer comme sur la console de Nintendo, ce jeu qui carbure à l’Unreal Engine 4 se paye en contrepartie le luxe d’infliger à nos mirettes un aliasing assez présent… mais largement moins prononcé que sur Switch ! D’ailleurs, toutes les versions du jeu semblent être dérivées de cette dernière. Pas de jaloux ! Graphiquement c’est mignon, coloré mais loin d’infliger une baffe visuelle. La distance d’affichage est plus que respectable mais beaucoup des modèles des persos sont assez quelconque et le niveau de détail des textures est tout juste dans moyenne des productions actuelles. En faisant fi de l’aliasing, des ralentissements, on ne peut pourtant que se sentir nostalgique en se baladant librement dans ces environnements, parfois fortement inspirés de Nights Into Dreams. Preuve que le charme agit toujours ! Côté musiques, en dehors des thèmes des confrontations ultra-répétitifs, la plupart des musiques composés par Hironori Anazawa et Ryo Yamazaki collent bien aux niveaux et à l’univers enfantin du jeu. Doté d’une douzaine de niveaux, de plus de deux cents-cinquante de statuettes à dénicher l’épopée de Léo, Emma et Balan vous occupera bien plus que le temps d’une soirée. Une aventure à la durée de vie honnête mais au rapport qualité/prix assez déséquilibré. Comme nous, attendez une baisse de prix (et surtout une optimisation de la version Switch) chez votre revendeur préféré d’atténuer l’amertume d’une éventuelle déception. Vous voilà prévenus.