Le retour de la licence Turrican annoncée en grande pompe l’année passée a fait vibrer (à coup sûr) la fibre nostalgique des vieux joueurs. De bonnes vibrations, mais de courte durée !
Comme tant de licences oubliées, je le confesse, j’ai une tendresse particulière pour la saga Turrican. Franchise emblématique de l’ère des micro-ordinateurs et consoles 8/16bits de mon enfance, voilà ma petite madeleine de Proust. Je ne pouvais évidemment pas manquer de faire passer ce titre destiné aux plus nostalgiques sur le grill. Ce jeu paru depuis peu sur PS4 et Switch s’avère être une « simple » compilation des Turrican sortis il y a une trentaine d’années (eh oui déjà) sur Atari ST… pardon sur Amiga, SNES et MegaDrive. Attention, il s’agit ici d’une compilation, pas d’une anthologie, pas étonnant du coup que deux titres manquent à l’appel. Pour mémoire le studio Factor 5 à l’origine de cette saga ne s’est pas limité au développement sur les bécanes 16 bit. Le développeur teuton s’est fait “connaître” auprès des consoleux en oeuvrant sur les excellents Star Wars Rogue Squadron/Leader (N64/GameCube) puis sur Lair, titre paru quelques mois après le lancement de la PS3 et qui tirait parti du gyroscope incorporé au pad Sixaxis.
Les quatre jeux proposés dans cette compilation proposent peu ou prou la même chose. Ils offrent d’intenses phases de plateforme 2D matinée d’exploration de niveaux labyrinthiques (ou parfois linéaires) où l’on doit décalaminer des hordes de bestioles mutantes enragées à coups de turbolaser. Du Run and Gun pur jus ! Toutes les versions ont en commun de nous faire incarner un vaillant space marine emmitouflé dans une armure de combat. Cette dernière lui permet de se rouler en boule – à l’instar de Samus de Metroid– pour se faufiler dans d’étroits tunnels, de lâcher des mines sur son passage et de profiter d’une invincibilité partielle. La sulfateuse du héros peut tirer différents types de rafales en fonction des power up ramassés et cumulés, un peu à la manière d’un Shoot Them Up. Enfin on peut employer une méga bombe qui balaye tous les ennemis les plus frêles présents à l’écran. De la version Amiga d’origine jusqu’à celle de la MegaDrive en passant par la bonne veille Super Nintendo des familles, les mécaniques de gameplay de Turrican n’ont que peu ou pas changé même si l’on note quelques subtilités. Le mode de tir à 360° des 2 premiers volets a cédé sa place sur SNES à une décharge de tir frigorifiant qui freeze les ennemis sur place. Quant à la mouture MegaDrive de Turrican 3, exit le mega-rayon, le héros se retrouve affublé à la place d’un grappin qui lui permet de se balancer au-dessus du vide et des ennemis avec la grâce d’un Tarzan du cosmos. Rien que ça ! Avec moins de 100Mo de téléchargement sur PlayStation4, le contenu de Turrican Flashback est loin d’être hyper folichon même pour le plus féru des rétrogamers. Et pourtant…
Histoire de justifier un prix de vente un tantinet élevé, quoiqu’assez honnête, cette compilation est évidemment accompagnée de petites fonctionnalités sympathiques comme le fait de pouvoir sauvegarder la progression à tout moment où de revenir (uniquement) en arrière dans le temps à sa guise. Quoi de plus rageant que de manquer un saut et de perdre une vie après être rentré en collision avec un ennemi déboulé de nulle part ? Le retour arrière permet d’anticiper l’incident et de s’épargner une crise de nerf. Une fonctionnalité rudement pratique mais qui risque en contrepartie d’agacer les chasseurs de trophées d’or ou de platine. En effet, sur PS4, les succès ne s’obtiennent que si l’on opte pour les modes de jeux traditionnels, c’est à dire dépourvus de flashback ou point de sauvegarde : frustrant ! Malgré l’ajout de ces fonctionnalités Turrican Flashback est donc un jeu qui ne récompense que les puristes. Elitiste va !
Plutôt que de livrer des remakes des versions parues à l’origine sur Amiga, SNES et MegaDrive de Turrican les différents titres carburent avec des émulateurs. Ces derniers proposent une émulation fidèle avec un rendu au format d’origine ou adapté à nos écrans larges. Les cathodiques pratiquants seront ravis de retrouver différents filtres graphiques destinés à simuler l’image des téléviseurs ou moniteurs d’antan et à adoucir les pixels bien gras. Visuellement, c’est sûr, les moutures Amiga ont davantage vieilli que les itérations SNES ou MD, la faute à des arrière-plans moins élaborés. Toutefois on se réjouit de redécouvrir les titres parus sur micro en toute fluidité et de profiter d’une touche dédiée aux sauts. Quant à la partie sonore, le Paula de l’Amiga comme le SMP de la SNES ou le YM2612 de la MegaDrive – aux sonorités fidèlement restituées- nous en mettent plein les cages à miel avec les splendides mélodies de Chris Hüelsbeck qu’on ne se lasse passe d’écouter encore et encore. Seul gros bémol dans cet Océan de bonheur (huhuhu), la version MegaDrive de Mega Turrican a infligé des plantages assez récurrents de la PS4. Un mot enfin sur l‘interface un brin rudimentaire de cette compilation, elle se limite à proposer les quatre jeux accompagnés d’un tout petit pavé de texte… en anglais uniquement. Quel manque de générosité pour une compil’ anniversaire !