Le premier épisode de la trilogie de Crytek fait un retour fracassant sur nos bonnes vieilles consoles de salon treize ans après avoir fait le bonheur des joueurs PC et des benchmarkers fous. Il vous avait manqué ?
Les Playstation 4 et Xbox One se préparent à tirer leur révérence. Regardez qui débarque en cette “fin” de génération ?!? Les joueurs PC ont forcément reconnu Crysis. De prime abord il ne s’agit pas d’une mouture retaillée à la serpe pour s’adapter aux limitations des consoles de salons comme l’ont été Crysis2 et sa suite. Cet opus Remastered n’a pas été réalisé par les allemands de Crytek mais par les équipes du studio Saber Interactive déjà responsables de la compil Halo Collection sur Xbox One. Histoire de ne pas faire durer le suspens, oui, il s’agit d’un portage…mais à priori pas de la version PC. Il y a de quoi surprendre !
À quelques mois du passage de relais de générations de consoles Crysis Remastered sort sur Xbox One, PlayStation4 et sur Switch. Une première pour les inconditionnels de Nintendo. En effet, les possesseurs de Xbox360 et PS3 ont pu tâter fin 2011 à une mouture allégée de Crysis retravaillée à coups de CryEngine3. Lors de sa sortie sur PC en 2007 le jeu était devenu – à l’instar de FarCry du même studio – l’outil de bench idéal pour tester in-game les capacités de son CPU et de sa carte graphique. Ou plutôt Crysis était la vitrine technologique parfaite pour faire cracher leurs poumons aux CPU multicoeur et aux dernières générations de cartes graphiques DirectX9.C et DirectX 10. Tant d’eau a coulé sous les ponts, on peut penser que le hardware des dernières bécanes de Sony et Microsoft auraient pu permettre à ce FPS de prendre enfin toute sa dimension sur console ? Eh bien oui… et non. Pardonnez cette réponse de Normand mais en toute franchise je n’ai pas pris la grosse claque espérée en lançant la version PS4 employée pour le test : Quelle tristesse ! Pardonnez-moi toutes ces longueurs sur la partie technique. J’ai parfois la nostalgie de cette époque où l’on changeait de carte graphique tous les 6 mois juste dans l’espoir de grappiller une quinzaine d’images par secondes en plus. J’étais jeune, j’étais fou…
Abordons le jeu en lui-même pour les néophytes. Crysis n’est pas qu’une vitrine technologique. C’est surtout un FPS pseudo ouvert, qui laisse davantage de liberté aux joueurs que les « shooters couloir ». Afin de parcourir de grandes distances on peut crapahuter à pinces à travers la jungle, piquer une tête sous l’eau ou utiliser différents genres de véhicules (jeep, 4×4 surmonté d’une sulfateuse, embarcation…). Si le titre invite à employer différentes sortes de flingues, grenades et sulfateuses pour se défaire de régiments de soldats nord-coréens – du moins dans un premier temps – on doit recourir à outrance aux capacités spéciales offertes par une nano-combinaison pour vaincre des légions de bestioles aliens poulpesques qui ne tardent pas à faire irruption dans l’intrigue. Grâce à la combinaison on devient invisible l’espace de quelques instants, on peut courir plus vite, sauter plus haut ou profiter d’un champ de force qui permet de résister aux tirs adverses. L’aspect le plus sympathique de cette version Remastered réside sans doute dans sa maniabilité qui a été simplifiée. Recourir aux différents pouvoirs était loin d’être intuitif sur PC, cela se faisait par l’intermédiaire d’une roue de sélection. Aujourd’hui une simple pression du stick gauche permet d’activer la supervitesse, une pression longue du bouton saut active le super saut et l’invisibilité et le bouclier se déclenchent par le biais des boutons L et R. Bref, avec sa maniabilité pensée pour les gamepad le titre s’avère plus agréable à jouer et, malgré les années, on a toujours autant de plaisir à suivre Prophet, Nomad et Psycho dans d’intenses confrontations explosives qui n’ont pas trop pris de rides !
Inutile de s’éterniser davantage sur ce portage de Crysis qui se rapproche de l’expérience sur PC en se débarrassant de certaines lourdeurs… pas de toutes hélas. Il est toujours assez frustrant de voir par exemple l’action freezer l’espace de quelques instants pendant que le titre consigne automatiquement la progression tandis que l’on se trouve aux commandes d’une jeep. On enrage aussi un peu de devoir réaliser un appui long pour franchir un obstacle vertical. Atteindre une plateforme située en hauteur nécessite de s’y reprendre à deux ou trois fois : Restons zen ! Graphiquement le jeu est un peu entre deux eaux. S’il offre quelques effets graphiques supplémentaires (éclairages améliorés, fonds marins un peu plus détaillés) et quelques textures plus fines, globalement le jeu – dans sa version PS4 – ne rivalise pas en finesse avec la mouture PC. La végétation ne paraît pas aussi verdoyante et luxuriante quant aux textures sur les visages de nos alliés, elles ne sont pas dignes d’une version remastérisée de 2020. Un peu comme les doublages en VF des soldats nord-coréens, les imitations d’accent asiatiques sont semblables aux intonations prises par un tonton bourré lors d’un repas de fin d’année. Voilà en somme l’exemple d’un remaster pas parfaitement maîtrisé.