À la lecture de ce titre vous pensez tutoyer les cimes du fun et renouer avec les délices de l’arcade pied au plancher ? Effacez-donc ces vaines espérances, et préparez-vous à des maraudes de nuit bien plus cérébrales en compagnie d’un chauffeur très privé !
Sorti l’an passé sur PC, Night Call a débarqué sur Xbox One au mois de mai et a rejoint depuis peu le catalogue de la Switch et aussi le Xbox Game Pass. Voilà enfin l’occasion de s’essayer à moindre frais à ce jeu français qui a reçu le prix du meilleur jeu indépendant lors de la première cérémonie des Pégases en mars dernier : Rien que ça ! Le pitch est plutôt simple. On incarne un chauffeur de taxi parisien un brin malchanceux catapulté dans un polar sulfureux. Le pauvre diable déjà tiraillé par les démons du passé se retrouve mêlé à trois enquêtes et à trois tueurs en série. Et à chaque fois notre héros commence l’histoire dans un lit d’hôpital : sale affaire pour un poissard ! Notre (anti)héros n’a que six jours ou plutôt six nuits, pour prouver son innocence et traquer des Serial Killers connus sous le nom du Juge, de l’Ange de la Mort et du Marchand de Sable. Tout un programme !
Au lieu de nous offrir un Point&Click pur jus, les développeurs Lyonnais (cela a son importance) des studios Monkey Moon et BlackMuffin Studio ont concocté un visual novel plus porté sur l’importance des dialogues, vaguement interactif. Si notre chauffeur de taxi glane des informations et des rumeurs lors des courses auprès des clients, il peut lui arriver de prendre en charge des suspects. À cet instant on peut lors des conversations avec ces derniers cerner un peu mieux leurs motivations, leurs personnalité et obsessions. Inutile de tout mémoriser ou de tout noter sur un bout de papier, les informations les plus capitales sont heureusement consignées sur un tableau qui liste aussi d’autres éléments liés à l’enquête et aux différents suspects. Si l’on s’aventure parfois hors de l’habitacle du taxi pour faire le plein d’essence, tailler le bout de gras avec des experts ou des témoins, Night Call impose de rester derrière le volant pour permettre à notre héros de gagner sa croûte. Comprenez qu’il est impossible de consacrer tout son temps à l’enquête sous peine de voir le patron récupérer le taxi et mettre un terme à l’aventure. Afin d’atteindre un certain seuil de rentabilité (environ 200€ par nuit), on déplace un curseur sur un plan de Paris afin de sélectionner un client ou une cliente qui sollicite nos services. Un peu à l’aveugle on découvre la destination et durant ce temps on discutaille avec le passager dans l’espoir qu’il nous laisse un pourboire. Aspect le plus frustrant pour le parigot que je suis, les lieux évoqués sont réels mais les positions sur la carte sont le plus souvent fantaisistes tout comme le montant des courses. Qui traverse tout Paris d’Est en Ouest pour moins de 5€ ? Pourquoi l’aéroport Charles de Gaulle est situé entre les gares du Nord et de l’Est ? Inutile cependant de chercher à tout prix le réalisme lors de ces différentes enquêtes qui flirtent avec le paranormal et l’étrange. Ainsi lors de nos virées by night à travers Paris, il n’est pas rare d’embarquer des clients bizarroïdes comme des cosplayers en goguette, un vampire en manque d’hémoglobine, un alien de passage, un chat qui fuit la capitale ou un spectre nostalgique de son existence passée. Certes les interactions sont plutôt limitées, mais on apprécie le soin apporté à la diversité des profils et personnalités des passagers que l’on est amené à prendre en charge lors de ces trois aventures.
Afin de mieux nous immerger dans ces différentes virées nocturnes, le titre est doté d’un rendu “monochrome” pour le moins singulier. Il semble résulter des amours contre nature d’un flash et d’un cell-shading aux animations assez minimalistes. La réalisation ne manque donc pas de charme ou plutôt de caractère, néanmoins on focalise notre attention sur les successions de textes. Oui des textes. Faute de doublage, on se borne donc à lire et à sélectionner des petits pavés de textes avec en guise de fond sonore de rares bruitages et des thèmes qui varient selon les passagers. Reconnaissez que c’est toujours mieux que des traversées de Paris ambiancées par un simili Rires et Chansons. Les trois histoires achevées notez qu’on peut toujours arpenter librement Paris sans contrainte de temps ou de budget pour le plaisir ou générer aléatoirement une des trois enquêtes. Une façon sans doute de nous faire oublier la durée de vie pas bien longuette du jeu qui tourne aux alentours d’une huitaine d’heures. Seul vrai bémol de cette mouture Xbox One, malgré un rendu pas très détaillé, Night Call trouve le moyen de ramer et d’afficher d’horribles déchirure d’écran (screen tearing) sur Xbox One X lorsqu’on fait défiler la carte pour sélectionner la destination. Un peu frustrant !