Amateurs de pixels baveux et amoureux des machines obsolètes, aiguisez vos nerfs d’acier et préparez-vos réflexes afin qu’ils soient en béton… armé ! Excusez la blague !
La vague du Néo Rétro n’étant toujours pas passée de mode, Sabotage Studio – avec la complicité de Devolver Digital – livre un jeu d’action/plateforme (c’est son genre du moins en apparence) qui devrait taper dans l’oeil de tous les “nostalgiques” des jeux d’antan. Sorti depuis l’été dernier sur Switch et PC, The Messenger débarque enfin sur PS4 et Xbox One. Si son titre rappellera de bons souvenirs aux utilisateurs de la messagerie instantanée de Microsoft, The Messenger invite plutôt à suivre les aventures d’un vaillant ninja. Ce guerrier mystique doit livrer un mystérieux rouleau à l’autre bout du monde à une confrérie énigmatique, afin de vaincre une puissance maléfique oubliée. Prêts à jouer les coursiers ? Alors empruntez la voie des airs !
Néo Rétro oblige, la première production de chez Sabotage Studio semble s’être inspirée de productions d’antan comme, Ô hasard, Ninja Gaiden. Le héros fait furieusement penser à Ryu Hayabusa tant par ses déplacements rapides, son agilité par sa maîtrise du katana et des shuriken. Et là s’arrête la comparaison. Les tribulations plateformesques de notre jeune shinobi sont bien moins linéaires. Comprenez par-là que les différents tableaux font davantage penser à un parcours du combattant où il faut exploiter les aptitudes du ninja pour passer à la salle suivante sans crever lamentablement. Les successions d’écrans que l’on traverse regorgent d’une myriade de pièges vicelards (pointes acérées, lasers, vides insondables, stalactites empaleurs… ) ainsi que moult ennemis à occire. À l’instar de la plupart des jeux du genre, les opposants que l’on croise sur notre route ne font que suivre leurs scripts aveuglément et ils balancent des tirs et autres mignardises sans faiblir avant même que l’on pointe le bout de notre nez. Comme dans un vieux jeu de plateforme il faut composer avec les timings bien irritants des tirs et des éventuels blocs mouvants pour accéder au tableau suivant. Et chacun de ces mondes s’achève – quasi systématiquement – par une rencontre avec un voire des boss. Pas de panique. A l’instar de leurs minions, les gardiens de fin de niveau obéissent aussi aux scripts et ils ne s’avèrent pas bien difficiles à tuer dès lors que l’on a trouvé la bonne fenêtre de tir pour attaquer ou pour esquiver leurs attaques. Pas question de les bourriner sous peine de crever, encore et encore…
Faute de continues illimités et gratuits, le héros est accompagné dans son périple par un petit démon. Ce dernier le ressuscite à chacune de ses morts et le ramène jusqu’au dernier point de contrôle. Evidemment, il ne fait pas ça pour du beurre. Le diablotin ponctionne une partie des deniers (des fragments de temps, car le temps c’est de l’argent) que l’on ramasse jusqu’à avoir soldé la dette. Si cela semble être anodin, en réalité, on se retrouve dans l’impossibilité de pouvoir acheter des améliorations sympas, et bigrement utiles par manque de fonds. Vendues dans une échoppe mystique accessible à des points de sauvegarde bien précis, ces upgrades améliorent votre jauge de vie, renforcent votre résistance aux attaques et octroient des panoplies d’action supplémentaires. Loin d’être aussi vénale que le démon, le propriétaire de l’échoppe offre à quelques reprises des améliorations bien utiles pour venir à bout du niveau en cours. Au cours de l’aventure, il file gracieusement des griffes de ninja pour grimper à certaines parois, une cape pour planer au-dessus des rangées de pics ou encore un grapin pour atteindre des murs ou points d’accroches éloignés. En voilà un bon commerçant qui sait y faire pour fidéliser le client !
Techniquement, The Messenger est un jeu qui rend un vibrant hommage à l’âge d’or du jeu vidéo, à l’époque des machines 8/16bits. Par conséquent le rendu graphique adopté est vraiment calqué sur celui des productions d’il y a 25/30 ans… déjà ! En dehors des animations du héros qui sont d’une fluidité exemplaire, le reste des éléments graphiques auraient pu provenir des entrailles asthmatiques d’une vieille NES, notamment les sprites des ennemis. Même en 1080P, le jeu n’en met pas vraiment plein les mirettes, et on essaye de se focaliser – dans un premier temps – sur le challenge plutôt que sur le graphisme pas forcément chatoyant. Sans singer parfaitement la vénérable 8bits de Nintendo, le titre se permet d’offrir de rares scrollings sympas en arrière plans, mais il inflige en revanche des repop/respawns des ennemis vaincus dès que l’on a le malheur de faire sauter le personnage sur un point surélevé du tableau. Un des aspects irritants de l’époque des 8bits. Côté prise en main, le jeu pourrait davantage s’accommoder d’un pad SNES plutôt que d’une manette à deux boutons. The Messenger attribue un bouton dédié aux sauts, un second à l’attaque, un troisième aux shurikens enfin le dernier est consacré à l’usage du grappin. Le perso répond assez bien (comprenez parfaitement) aux sollicitations de la croix directionnelle du pad de la PS4, et on fonce à travers les niveaux en faisant des sauts sur les éléments des décors en tranchant d’un coup de katana les tirs ennemis. Jouissif. En ce qui concerne les musiques, le titre régale nos cages à miels par une BO aux résonnances chiptunes/synthwave pas désagréable mais qui peine à rester en tête. Enfin notez que les textes sont intégralement en français, et les dialogues sont bourrés d’humour. Une façon d’oublier la crispation des passages les plus “touchy” en détendant les zygomatiques du joueur. L’intention est louable.