Les puissances démoniaques n’ont pas fini de persécuter les vivants. Alors quand c’est l’enfer sur terre, Dante, Nero et un nouvel allié débarquent à la rescousse ! Attendez-vous à en prendre plein la vue, plein la gueule pendant une douzaine d’heures avec le rejeton béni de chez Capcom !
Depuis la sortie d’un Devil May Cry 4, il y a onze ans déjà, légitimement, on pensait en avoir fini avec les aventures de Dante et surtout celles de Nero. La preuve, Capcom en coopération avec Ninja Theory avaient sorti cinq ans plus tard un sympathique reboot – sobrement intitulé DMC – qui offrait de suivre les aventures d’un Dante juvénile. Oubliée cette remise à zéro enrichie en cire coiffante et en sébum, Devil May Cry 5 s’impose comme la digne suite tant attendue… mais que l’on n’espérait franchement plus !
L’histoire de ce cinquième volet se déroule assez logiquement quelques années après le quatrième opus. Alors que Nero coulait des jours heureux avec sa douce Kyrie, un homme encapuchonné lui coupe le bras pour lui voler son fameux Devil Bringer avant de prendre la poudre d’escampette. Peu de temps après, ce gros looser de Dante – qui larve dans son bureau – est approché par un mystérieux jeunot un brin tête à claque surnommé “V”. Les trois hommes unissent alors leurs forces pour contrer Urizen – le roi des démons – décidé à quitter son domaine infernal pour étendre sa domination à la surface de la terre en envahissant Red Grave City. Ce rapide résumé simpliste ne rend évidemment pas honneur au scénario de Devil May Cry 5. Le dernier né de chez Capcom profite d’une mise en scène qui déménage, de rebondissements en série et lâche quelques révélations sur les origines de Dante ou Nero. Et il introduit de nouveaux personnages comme Nico – la mécano – qui bricole des prothèses dévastatrices pour le héros manchot ainsi que “V” un héros cadavérique, Emo Goth à ses heures qui ne paye pas de mine.
Pas de surprise, à l’instar de ses prédécesseurs ce cinquième volet de la franchise DMC s’impose comme un excellent beat’em up. Si la sorcière de l’Umbra, Bayonetta, a pas mal dépoussiéré le genre en offrant un mix agréable de plateforme et d’action combiné à une prise en main intuitive, Devil May Cry 5 a conservé un peu de ses “lourdeurs” d’antan. Mais à contrario de la sorcière bien aimée de chez PlatinumGames, le rejeton de chez Capcom n’inflige pas de phases hors sujets allant droit à l’essentiel. Durant une douzaine d’heures on se limite à avancer à travers des environnements globalement assez linéraires (même s’il existe des zones cachées qui renferment des items et armes) en décimant pléthore d’adversaires fraichement débarqués des enfers afin de progresser vers la section de niveau suivante… où spawnent d’autres ennemis. Difficile de faire plus classique. En vrac, le jeu invite à dézinguer des insectoïdes rampants ou volants, d’immenses lézards préhistoriques, des faucheuses armées de cisailles géantes, des chevaliers damnés et des chauves-souris géantes. Un bestiaire qu’on a plaisir à enchaîner dans les airs, à pourfendre à terre ou à atomiser à coups de lance-roquettes. En théorie. Dans la pratique, on peste assez souvent contre la caméra, elle n’affiche pas les ennemis qui déboulent hors champs pour prendre part à la bataille ou nous canardent de loin. Les fourbes !
Cette fois, le jeu n’invite pas à incarner ni un, ni même deux mais carrément trois héros. En sus de l’inévitable – et vieillissant – Dante à la gouaille inimitable, au Devil Trigger (sa forme démoniaque) dévastateur, et à l’armement et styles de combats varié, le titre offre aussi d’incarner à nouveau Nero. Pour pallier à l’absence de son Devil Bringer, son bras maléfique, il utilise différentes sortes de prothèses de combats aux pouvoirs et effets destructeurs. Gare ! Ces “membres armés” se détériorent au fil des combats et il s’avère indispensable d’en avoir toujours en réserve pour ne pas perdre en efficacité lors des affrontements. Dante comme Nero s’avèrent être des spadassins hors pair, et ils peuvent enchaîner les ennemis sur terre comme dans les airs et esquiver les attaques avec maestria. A condition bien sûr d’avoir amélioré l’esquive ! Enfin le troisième et dernier personnage jouable est “V”. Chétif et ressemblant vaguement à Adam Driver (qui incarne Kylo Renn le méchant d’opérette des derniers Star Wars), ce nouvel héros se mouille moins lors des combats que les deux descendants de Sparda. Plutôt que de foncer au cœur de la mêlée, cet invocateur utilise trois types de créatures pour occire les ennemis. Un corbeau pour attaquer à distance, une panthère noire adepte du corps à corps et enfin un golem surpuissant (en guise de spécial) pour infliger momentanément davantage de dégâts. Se limitant à commander ses familiers et à les ramener à la vie, “V” peut aussi porter l’estocade aux ennemis affaiblis en les embrochant avec sa canne. Les trois héros de ce Devil May Cry 5 offrent donc trois prises en main différentes, mais pas d’inquiétude, on a autant plaisir à incarner le gothique de service que Nero ou Dante !
En plus de proposer dès le départ deux modes de difficulté, destiné aux fans de la série ou aux néophytes, Capcom a également pensé à ces derniers en offrant des enchainements automatiques. Cette option permet – comme son nom l’indique – d’exécuter des combos en toute simplicité, même si c’est parfois assez déroutant de voir Dante exécuter un mouvement de capoeira au sol au lieu de taillader les ennemis avec son épée. Jouable en solitaire, le titre permet à quelques reprises d’être plus ou moins aidé par un ou deux autres joueurs suivant le niveau. Une bonne idée même si on aurait aimé pouvoir le pratiquer en coop de bout en bout, quitte à faire une grosse entorse au scénario.
En ce qui concerne la réalisation, si le quatrième opus de DMC était sorti en début de carrière des PS3 et Xbox 360, ce cinquième épisode débarque en fin de cycle des PS4 et Xbox One. Il était temps ! Du coup Devil May Cry 5 utilise le R.E Engine, le moteur graphique fait maison de Capcom, employé à la base par Resident Evil 7 et utilisé plus récemment par le remake du second volet de la saga. Techniquement nos yeux en prennent plein la vue. Même si les décors manquent furieusement de vie, ils ont le mérite de profiter de textures variées et détaillées, et ils offrent parfois bon nombre d’éléments destructibles. Les protagonistes bénéficient de modélisations soignées et transpirent le charisme par tous les pores de la peau… ou presque. C’est sûr, à cause de ses sandalettes – dignes d’un moine pénitent -, “V” manque furieusement d’allure. On lui pardonne cette faute de goût. Pas de favoritisme. Les persos secondaires affichent des modélisations in-game tout aussi léchées. Devil May Cry 5 a été testé sur Xbox One S, pas de soucis de stabilité à déplorer, en revanche si la fluidité est le plus souvent de la partie, le frame-rate s’est monté quant à lui moins constant lors des confrontations les plus intenses. Dans ces conditions, pas évident de caser une esquive à coup sûr sans se ramasser un mauvais coup au passage. Rageant surtout quand les ennemis sont parfois aidés par une caméra pas toujours placée idéalement. Côté son et musiques, le titre offre une BO électro/métal, répétitive et bien bourrine, qui envoi du lourd et dynamise les confrontations. En ce qui concerne les textes et voix, pas de VF cette fois, contrairement à Resident Evil 2, il faut se contenter de protagonistes s’exprimant en anglais ou en japonais. Pas d’inquiétude, les textes du jeu comme les comme les sous-titres des cinématiques sont bien en français. Impossible de rater une bonne blague ou un trait d’esprit bien placé !