Après une alpha convaincante gâchée par une démo qui s’est mal déroulée, le lancement d’Anthem était attendu au tournant. Bioware et EA ont pris le risque de lancer une nouvelle franchise dans un genre peu répandu mais à la forte concurrence. Que vaut donc Anthem face à Destiny 2 et The Division 2? Bioware a-t-il réussi à trouver la bonne recette dans un genre encore embryon? Autant vous le dire de suite, l’équipe canadienne n’a pas fini de bosser sur son Anthem.
Le genre loot shooter est encore très jeune. On compte que peu de représentants, les plus importants étant les Destiny, les The Division et Warframe. EA n’avait rien dans ce genre. Je rêvais personnellement d’un jeu de ce genre dans l’univers de Star Wars mais c’est donc une autre direction, inédite, que l’éditeur a choisi en soutenant le projet de Bioware, Anthem.
Sur le papier, et après les premières présentations, Anthem était particulièrement séduisant. Mêler des armures dignes d’Iron Man dans un univers à la végétation sauvage et le genre shooter à la troisième personne à la verticalité inédite dans le genre est un sacré pari. Peut-être que le projet était trop ambitieux. Peut-être que l’équipe n’a pas eu assez de temps pour tout mettre en place au lancement. Le résultat est un titre bancal ayant des aspects positifs gâchés par diverses problématiques que Bioware va devoir corriger au fil des semaines et des mois à venir. Et c’est sur cela que repose l’espoir de la communauté de la première heure.
Dans le positif, je pourrais évoquer son gameplay. Quelque soit le javelin (armure) que vous allez enfiler, son pilotage dans les airs est agréable. Ces vols permettent d’aller d’un point de combat à un autre ou d’explorer les environnements dont la verticalité démultiplie les lieux à découvrir. Les fans d’exploration pourront donc s’en donner à coeur joie d’autant que le jeu regorge également de lieux souterrains et sous-marins. Cet aspect vol est malheureusement sous-exploité. On aura pu espérer des activités reposant sur vos talents de pilote que ce soit sous forme de courses et autres épreuves à imaginer nécessitant une bonne maîtrise de son javelin dans les airs – ainsi que sous l’eau. Sur ce point, Bioware a de quoi faire pour enrichir son titre.
L’autre aspect positif à mon avis est le gunfight. Même si les types d’armes sont très classiques, on éprouve un bon plaisir à s’en servir afin de combattre les hordes d’ennemis et de créatures de factions différentes. Il faut avouer toutefois que le véritable plaisir des gunfights se fait sentir surtout lorsqu’on a terminé la campagne et qu’on commence à looter de l’armement marginal ou légendaire, les plus hauts rangs sur Anthem. Ces armes peuvent dès lors bénéficier de mods plus ou moins intéressantes d’où le côté looting en endgame après le campagne. De même pour les éléments d’équipement renforçant votre arsenal qui prennent leur mesure avec une puissance de frappe efficace – même si les ennemis dans les niveaux de difficulté élevés sont de véritables éponges à balles, le syndrome The Division sans doute. Il va donc falloir grinder un maximum pour trouver la bonne combinaison de perks sur vos guns et équipements. Anthem n’est d’ailleurs pas trop avare en loot ce qui fait que, malgré la répétition des missions, on ne se lasse pas trop d’y retourner sachant qu’on parvient toujours à choper quelque chose d’intéressant pour nos javelins tout du moins jusqu’à un certain niveau. Ayant mes 4 javelins approchant à plus de 600 de niveau de puissance (suite à la mise à jour 1.03), j’avoue que je commence à buter contre un certain plafond.
Enfin, point positif incontestable : la direction artistique. Le travail des graphistes et des animateurs de Bioware est à applaudir. Hormis les trollers et les rageux toujours prêt à dégainer leur verve exécrable pour gagner en attention, Anthem est un monde magnifique riche en détails et les javelins bougent avec une certaine grâce – même le colosse. Que ce soit sur consoles ou sur PC, on ne peut qu’apprécier le travail artistique pour rendre ce monde séduisant donnant envie de l’explorer de fond en comble. J’apprécie tout particulièrement le travail minutieux sur les javelins avec des textures sublimes, des petites animations digne de l’armure d’Iron Man, bref un souci du détail qu’on remarque lorsqu’on laisse le jeu au repos et qu’il passe en mode démo focalisé sur votre javelin. Bastion est tout aussi impressionnant. Si les The Division sont à saluer pour leur travail de reproduction de villes connues, Bioware a réussi à créer un Bastion à la végétation parfois luxuriante et des décors impressionnants qu’on peut admirer du sol comme des airs avec aisance.
Bref, le coeur du gameplay est bien présent. L’équipe de Bioware a réussi à modeler de bonnes sensations lors des vols et du combat pur. Mais, et c’est bien là que le bât blasse, un loot shooter ne se contente pas simplement de proposer de l’action mais aussi une richesse d’activités, une structure ludique donnant envie de revenir sans cesse et un côté RPG soutenu par une gestion accessible, claire et efficace. Sur tous ces points, Bioware a quelque peu balbutié le jeu.
Tout d’abord en ce qui concerne la structure. Dès la démo VIP, j’ai émis quelques doutes sur la création de ce titre. Compte tenu de sa structure, j’ai immédiatement pensé qu’il s’agissait au départ d’un titre solo auquel on a petit à petit adjoint son côté multijoueur PvE et loot shooter. En effet, Anthem bascule entre l’action dans Bastion, la région du jeu, et le Fort Tarsis – l’équivalent de la Tour sur les Destiny. En soit, cela rappelle la majorité des loot shooters ou même des MMORPG. Toutefois, la nécessité de retourner au fort entre chaque mission rend l’aventure très hâchée d’autant plus que vous aurez affaire avec nombre de chargements plutôt laborieux. Cette nécessité s’explique en raison d’un seul point : Anthem n’a pas d’inventaire. Hé oui, vous ne pouvez changer quoique ce soit sur votre javelin une fois parti en mission. Autant vous dire que cela annule en grande partie le principe fondateur du jeu à savoir un titre PvE où on s’adapte en fonction des autres membres de l’équipe. Si vous vous apercevez que vous êtes parti avec une mauvaise configuration d’armes, vous êtes bons pour quitter l’instance, retourner à la forge pour changer et relancer la mission. C’est absurde et pour sûr, plus d’une fois, vous vous retrouverez à combattre avec une seule arme valable et balancer vos « supers » plus ou moins efficaces et prier le bon dieu que vos coéquipiers aient le DPS suffisant pour compenser votre javelin mal configuré. Et si vous faites les missions de la campagne par exemple en solo, cela peut poser problème ou tout du moins rallonger leur durée de manière colossale. Au final, la solution que j’ai trouvé c’est de créer une configuration avec un max de DPS côté armes et des supers au pifomètre puisqu’on ne sait pas à quoi on a véritablement à faire avant de les rencontrer en mission. Les fanatiques des stats adoreront sans doute cette approche qui pousse à l’étude de vos configurations mais franchement ça gâche en partie le plaisir du jeu.
L’autre point noir concerne les temps de chargement. Habituellement, sur nombre de productions, on s’y fait car les chargements sont assez rares. Dans le cas d’Anthem, y’a des temps de chargement partout ce qui, comme je le disais déjà précédemment hâche le jeu. Pour un titre qui se voulait immersif, on a surtout l’impression de participer à des sessions plus ou moins longues comme si on grignotait le jeu plutôt que de plonger dans ce monde pourtant si réussi.
A ce jour, une fois la campagne terminée, Anthem ne propose pas assez de contenus endgame. Mis à part des contrats légendaires quotidiens et 3 forteresses, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Le concept des cataclysmes va débarquer prochainement et on verra si cela change un peu la donne dans un futur proche. Bioware a déjà annoncé trois actes avec de nouveaux contenus mais il va falloir attendre un moment. D’un point de vue activités, Anthem pêche donc et les freelancers vétérans parviendront à plafonner assez vite dans le jeu. Cette lacune est de plus entâchée par une certaine monotonie des missions. Dans la majorité des cas il s’agit d’aller de point de combat en point de combat. Rien de bien transcendant ce qui est fort dommage quand on voit le potentiel qu’offre la richesse des environnements. Espérons que les futures mises à jour proposeront plus de variété dans les missions.
Enfin, le plus gros point noir qui en regroupe une fouiltitude de points est qu’au final, et ce malgré la mise à jour 1.03, Anthem est très buggé. Même si depuis sa sortie, Bioware a fait beaucoup d’efforts, les bugs sont encore trop nombreux de quoi décourager les plus persévérants. Il faut le vouloir d’accepter les bugs plus ou moins impactants pour avancer dans le titre. Evidemment, petit à petit, doucement mais sûrement Bioware finira par les corriger mais il faut bien avouer qu’il est frustrant de devoir zigzaguer entres les bugs pour progresser dans l’aventure.