Respirez un bon coup, avalez un verre d’eau, ouvrez un bouquin, engloutissez une tonne de sucreries et dans le doute… laissez passer quelques mises à jour ! En l’état, le dernier né de chez Bethesda semble pâtir d’une sortie un tantinet trop précoce. Attention peinture fraîche !
Affichant vingt années d’existence au compteur – Geiger-, la franchise Fallout est sans nulle doute l’une des licences les plus appréciées et les plus respectables. Certes le passage à la 3D en 2008 avec Fallout 3, ne s’est pas fait sans douleur, la faisant lorgner davantage du côté de l’action. Quant à ce Fallout 76 développé par l’équipe B de chez Bethesda, il n’a pas vraiment l’air de savoir sur quel pied danser. Action ? RPG ? Multijoueur ? Au diable l’avarice ! Prenez donc tous ces maudits ingrédients, fourrez-les dans une cocotte, laissez mijoter à feu doux et préparez-vous à avaler un bouillon Post Apocalyptique !
Après Fallout 4 publié en 2015 débarque donc cet opus 76. Panne du continuum espace-temps ? Faille temporelle ? Que nenni ! Inutile aussi de vous lancer dans des calculs savants. Cet épisode se pose en vérité en prologue à la saga et invite donc à suivre les exploits d’un rescapé de l’abri 76 – d’où le titre – fraîchement émergé d’une folle fiesta à l’occasion de l’ouverture du bunker. Après avoir personnalisé son avatar au saut du lit puis récupéré l’essentiel du matériel de survie, dont l’inévitable Pip-Boy, on nous balance sans remord dans la nature en nous claquant la lourde porte au nez. Pas de regret ! A quoi bon vouloir retourner dans cet abri dépourvu d’intérêt où il n’y a pas âme qui vive, ni la moindre activité ! Tournez-vous et faites face à ce très vaste monde sauvage et dévasté, rempli de dangers, rayonnant de radioactivité mais riche en aventures. Bienvenue en Virgine Occidentale !
De prime abord, Fallout 76 reprend l’essentiel des ingrédients qui ont fait le succès du quatrième opus. En action/RPG (jouable à la première comme à la troisième personne), le titre s’approprie le gameplay orienté action/exploration, qui offre au joueur une foule de missions principales ou secondaires à accomplir. Préparez-vous à voir du pays ! On s’élance depuis la partie centrale de l’Etat pour aller papillonner de quête en quête. Ces dernières sont hélas, linéaires et dépourvues de choix, plutôt que de perdre son temps en vaines paroles face à des PNJ, on fait plutôt parler la poudre face à un bestiaire féroce. En sus des inévitable Radcafards, Radscorpions et autres Rataupes, le titre offre de dézinguer bien d’autres genres de bestioles engendrées par l’atome comme des goules, des infectés et d’imposants barbares mutants à la peau verte. Si les ennemis peuvent camper sur leurs positions, d’autres plus agressifs n’hésitent jamais à nous déloger d’un abri à grands renforts de grenades ou de cocktails molotov ou plus souvent encore à venir au contact. Même si le comportement des ennemis contrôlés par l’IA est parfois risible, notamment lorsqu’ils restent coincés dans le décor, incapables de trouver leur chemin, les bougres parviennent quand même à nous toucher à travers la cloison d’un wagon abandonné ! Frustrant ! A l’instar d’autres jeux en monde ouvert et de ses prédécesseurs, le titre offre bien sûr de se rendre instantanément vers des lieux déjà visités en l’échange de capsules de Nuka Cola et il est doté d’un cycle jour/nuit. Notez d’ailleurs qu’il est préférable de ne pas s’aventurer dans les environnements inhospitaliers de cette vaste contrée au clair de lune sous peine de se retrouver confronté à un bestiaire plus puissant ou à défaut plus agressif encore.
Afin de calmer les ardeurs des nombreuses bestioles et “boss”, ce FPS offre d’employer une multitude d’armes de fortune, des flingues, des fusils, d’antiques pétoires et même des mines. Pas question de faire feu de tout bois ! Les munitions sont disponibles en quantité limitées – vendues à prix d’or – et l’arsenal s’use progressivement à chaque coup tiré jusqu’à devenir inutilisable. S’il est possible de récupérer des armes sur les ennemis vaincus, notez que le jeu offre d’en fabriquer ou de les réparer par le biais d’items récupérés au fil de l’aventure. Un bric à brac multiusage, certes lourd encombrant, mais qui sert aussi à améliorer l’équipement, à concocter des petits plats et boissons et en sus à concevoir des camps. Ces bases mobiles peuvent être équipées de différents établis ou feu de cuisson (arme, armures, cuisine…) pour refaire une santé à notre avatar comme à son équipement. Pendant que Fallout 4 offrait – de mémoire – de meubler des habitations, Fallout 76 permet quant à lui de se bâtir un petit nid douillet, du sol au plafond… en passant par les escaliers. Pratique pour résister aux assauts intempestifs de robots tueurs, qui surviennent généralement lorsqu’on se tape un roupillon régénérateur. Que les allergiques aux jeux de construction se rassurent, il est tout à fait possible de crapahuter à travers le Wasteland sans devoir se bâtir une résidence principale ! S’il semble s’être inspiré d’un Minecraft pour la partie récupération de matières premières et construction, Fallout 76 joue aussi résolument la carte de la survie en milieu hostile. En plus de devoir composer avec l’usure de l’armement et les munitions limitées, mais aussi le poids de l’inventaire, le titre impose en sus de gérer la faim et la soif de l’avatar en mangeant et buvant régulièrement. Gare la plupart des aliments (glanés ou issus de la chasse) sont radioactifs et peuvent être aussi porteurs de maladies, ce qui a comme effet, le plus visible, de plomber graduellement les jauges de vie et d’endurance. Histoire de manger et boire un peu plus sainement Fallout 76 impose du coup de se mettre régulièrement aux fourneaux. Pas question de se shooter aux Stimpaks pour juste regagner de la vie !
Tandis que les précédentes aventures de Fallout se pratiquaient en solitaire, cette cuvée 2018 s’essaye au multijoueur. Lors de ce périple on peut croiser la route d’une bonne dizaine d’autres rescapés de l’abri 76, se joindre à eux pour accomplir des missions, crapahuter à travers le wasteland en leur compagnie ou tout simplement les ignorer pour poursuivre l’aventure en solo. Seul bémol, le niveau des ennemis semble parfois se caler sur celui des autres joueurs qui rôdent dans les environs. Ce qui peut être problématique et sacrément rageant lorsqu’on se retrouve confronté lors d’une “instance” à des infectés au level bien supérieur au nôtre ! S’il est possible de s’y essayer en coop, notez que le multijoueur peut virer aussi au compétitif. En particulier à l’occasion de certains challenges mais surtout face aux desperados les moins scrupuleux, qui peuvent en vouloir à notre peau comme à notre bric à brac ou nous balancer un missile nucléaire sur le coin de la tronche… pour le plaisir. Les sadiques !
Testé depuis son lancement sur Xbox One S, le jeu a infligé un festival de bugs en tous genre qui avaient en commun de pourrir la vie au joueur. Pêle-mêle on se retrouvait à crever sans raison, dans l’incapacité de pouvoir réapparaître sur la map nous étions contraint de quitter la partie afin de recharger la sauvegarde depuis le menu principal du jeu. Pire, à quelques lieues au sud de la zone de départ, le titre infligeait de réapparaitre face un boss – level 50 évidemment – pour crever quelques instants plus tard. On espère que ces bugs seront rapidement corrigés, en l’état ils viennent plomber l’expérience Fallout 76 déjà pénalisée par une interface lourdingue et loin d’être intuitive. Une relique du passé que le jeu se traîne à la manière d’un boulet… comme le moteur graphique !
Techniquement Fallout 76 déçoit. A l’heure où des jeux comme Assassin’s Creed Odyssey ou Red Dead Redemption 2 en mettent plein les yeux en faisant cracher leurs poumons aux consoles de salon, cette mouture de Fallout s’est contentée de reprendre le moteur de son prédécesseur. Pour mémoire, ce dernier était basé sur celui de Skyrim, un jeu vieux de sept ans. Toutefois les gens de chez Bethesda ont amélioré de manière notable les effets d’éclairages, en extérieur, puisqu’ils sont assez éblouissants. Plus chatoyants en tout cas que le rendu global étrangement surannée. La version Xbox One ayant servie au test affiche des environnements naturels pas vraiment aguicheurs et des décors intérieurs – par contre – nettement plus inspirés. Mieux vaut ne pas y regarder de trop près… ni de trop loin d’ailleurs. Lors de nos pérégrinations à travers le Wasteland, le titre affiche des modèles d’objets grossiers et des textures en basse-définition et il prend vraiment son temps, le bougre, attendant d’être au plus près pour afficher des textures plus détaillées. Comme dit précédemment mieux vaut aussi ne pas perdre son regard vers l’horizon, car vus de loin la géométrie comme les textures de certains bâtiments sont simplifiées à l’extrême. Un subterfuge astucieux pour permettre au jeu d’afficher des environnements “détaillés” sans perdre en fluidité. Enfin, côté sons, le titre bénéficie de doublages en français tout comme les textes rédigés en intégralité dans la langue de Molière. Deux bons points dans ce vaste océan de déceptions.