Après quatre ans d’attente, deux extensions, un premier volet écoulé à trois millions d’exemplaires et une relation scellée par un rachat de studio, Ubisoft et Ivory Tower convolent en juste noces et remettent le couvert. Disons le d’emblée, ce second opus de The Crew se borne à reprendre pas mal d’ingrédients qui ont fait le succès de son prédécesseur… du moins dans les grandes lignes. En résumé, The Crew 2 invite toujours à sillonner à toute allure les routes d’un immense monde ouvert, une vague reconstitution des « States », afin de – Ô surprise – s’imposer dans le monde de la course en gagnant en popularité. Remplacez « gagner en popularité » par monter en niveau et vous comprendrez que sous un enrobage assez superflu, de gain de followers par des victoires et enchaînements d’actions spectaculaires, The Crew 2 reste avant tout un jeu de course, pur et dur. Son concept d’Open World ne date pas d’hier, et encore moins du premier épisode sorti quelques mois après le lancement des PS4 et Xbox One ! Le développeur, Ivory Tower, compte dans ses rangs des gens qui ont déjà œuvré chez Eden Studios sur le fabuleux – en son temps – Test Drive Unlimited voire aussi sur des Need for Speed pour le compte d’EA. Une fois encore l’ADN de Test Drive coule dans les veines de The Crew 2 et ça se sent.
Accrochez-vous ! Le titre s’ouvre de manière « Inception-nesque », c’est-à-dire spectaculaire, sur une course jouée en trois actes sur terre, sur l’eau et dans les airs. Après avoir sélectionné un avatar parmi les modèles proposés, le dernier né de chez Ubisoft propose en guise de tour de chauffe en solitaire de s’immerger dans le monde des courses clandestines, de partir à la découverte des épreuves de freestyle avant de s’embarquer dans des compétitions plus professionnelles et encadrées sur circuits. N’ayez pas peur de tomber sur un agent de la maréchaussée au détour d’une route ! The Crew 2 invite le joueur à foncer pied au plancher sans avoir à se soucier des excès de vitesse, à se jouer des refus de priorité et à se faufiler parfois au milieu d’une circulation assez dense. Par rapport au premier épisode, le titre laisse davantage de liberté aux pilotes, puisque l’ensemble de la carte est accessible immédiatement. Afin d’animer cette grande traversée des States d’Est en Ouest ou du Nord au Sud (ou inversement), le titre propose d’exploser les records de vitesse en narguant les radars et d’échapper à une menace dont le périmètre s’étend progressivement et qui oblige à écraser le champignon. Au cours des pérégrinations routières on peut aussi croiser les ghosts de pilotes, qui ont réalisé des actions extraordinaires (record de vitesse, saut le plus long, score de drift…). Parviendrez-vous à faire mieux ?
Que les allergiques aux mondes ouverts se rassurent. Il est possible via l’interface de sélectionner l’épreuve suivante de manière plus conventionnelle. Les spots liés aux différentes compétitions se débloquent au fur et à mesure de la montée en popularité/expérience. Le dernier né de chez Ivory Tower offre de s’adonner à des courses enragées (dans les rues ou sur circuit), participer à des épreuves de Drift, de Drag Race et même des courses de Monster Trucks et de hors de pistes qui combinent orientation et pilotage. Regorgeant d’une kyrielle de disciplines, The Crew 2 offre environ une cinquantaine de véhicules pour exploser les chronos comme les adversaires. En plus des voitures préparées pour les épreuves citées plus haut, le titre permet aussi de prendre les commandes de motos, de puissants hors-bords et d’avions lors de courses contre la montre ou à l’occasion de défis acrobatiques. Difficile de rester sur le plancher des vaches ! Le titre impose ainsi à l’As du Volant de gagner aussi ses galons de pilote et d’avoir le pied marin. Pas d’inquiétude. Le pilotage des zincs comme celui des bateaux lorgne aussi résolument du côté de l’arcade. Ainsi nul besoin d’être un vieux loup de mer ou un aviateur chevronné pour prendre du plaisir à piloter ces engins moins terre à terre. En vérité, il n’y a que la prise en main des bolides (notamment des mono places) les plus puissants qui exige des nerfs d’aciers. Faute de fonctions flashback ou retour en arrière comme on en trouve dans d’autres jeux de course (à l’instar de Forza et Grid) ici le joueur n’a pas le droit à l’erreur ! Oubliées aussi les différentes aides au pilotage qui facilitent pas mal la vie aux conducteurs du dimanche comme les indicateurs de trajectoire idéale ou de freinage. Embarqué dans une course vous n’avez pas d’autre choix que de rester sur la piste, d’utiliser les décharges de nitro à bon escient et de batailler contre un pack d’adversaires agressifs afin de franchir la ligne d’arrivée en tête… ou à défaut dans les trois premiers.
Au terme d’une course rondement menée, le pilote parvenu à se hisser sur l’une des marches du podium, est alors récompensé d’une ou plusieurs lootbox. Ces boites mystères, à la mode, et ici gratuites, contiennent de nouvelles pièces détachées qui améliorent systématiquement les performances de la voiture utilisée pour décrocher la victoire. En sus, le titre récompense aussi le joueur d’espèces sonnantes, destinées à acquérir davantage de véhicules pour participer à de nouvelles épreuves. Enfin en parallèle, The Crew 2 permet aux joueurs les plus impatients, et les plus fortunés, d’obtenir de nouvelles caisses par l’intermédiaire des Crew Coins. Une devise pouvant être obtenue en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes. Allez-vous vraiment dépenser un peu moins de 5€ pour l’achat d’un nouveau bolide ? A noter, les possesseurs d’un compte Uplay – suffisamment approvisionné en points de succès – peuvent récupérer « gratuitement » dès le début du jeu une Aston Martin Vanquish qui s’avère parfaite pour remporter haut la main ses premières courses.
Côté réalisation The Crew 2, sans infliger une claque monumentale, rempli la plupart des critères des cahiers des charges actuels. S’il aguiche les mirettes du quidam le bougre, c’est surtout par le soin apporté aux designs de ses caisses, fidèlement reconstituées ! Ainsi les extérieurs, habitacles et tableaux de bords bénéficient de modélisations aux petits oignons, et les carrosseries reflètent assez joliment les alentours. En vue interne, les rétroviseurs font par contre figure de gadgets, ils affichent une version assez abstraite et plus que simplifiée des environnements. Dommage. Autre regret, il concerne les décors ! Même si certains panoramas sont jolis et les environnements détaillés, d’autres parties de l’immense terrain de jeu sont nettement moins chatoyantes et certains patelins sont flanqués de textures et modélisations moins léchées. Le jeu a plus occasionnellement manqué de stabilité, omettant d’afficher par exemple des pans entiers de décors et dévoilant des textures en très basse résolution. En ce qui concerne les effets graphiques, et en particulier les effets climatiques (neige, pluie…) ainsi que le cycle jour/nuit, à défaut d’en mettre plein la vue ils ont le mérite d’être de la partie. Les gouttes de pluie glissent joliment sur la verrière du cockpit de l’avion, les carrosseries rutilantes des sportives se recouvrent de boue ou de neige, et les caisses laissent leurs marque dans la poudreuse. Afin d’apporter un peu de vie à ces décors un brin figés, puisque les arbres ou la végétation ne se balancent pas au gré du vent, les rues sont « peuplées » de rares piétons qui s’écartent au passage de notre bolide, d’autres moyens de locomotion sillonnent le pays (train, avion…) et l’on est amenés à croiser quelques espèces animales (pygargue, ours…) dans les coins les plus reculés. Techniquement, The Crew 2 reste au-dessus du panier, et à moins de rejoindre un spot bien particulier (épreuve, hub…) ou d’activer le mode photo, il n’impose pas au joueur de subir des écrans de chargements. Testé sur Xbox One S le jeu n’a pas bronché en 720P et en 1080P, l’animation culmine et mouline à 30 images par seconde de manière constante ou quasi-constante. Les effets sonores sont réussis, et à l’instar d’un GTA, The Crew 2 propose une huitaine de stations radios à la programmation musicale par thématique (Rock, Latino, Classique, Country…). Du bonheur pour les cages à miel des plus mélomanes.