Ceux qui aiment se la jouer vieux jeux seront forcément aux anges. L’éditeur Microïds exhume un joyau tout droit débarqué de la belle époque des consoles et micros 16 bits en le portant sur la Switch. Plus qu’une machine de salon portable, la petite dernière de chez Nintendo vire cette fois résolument à la console virtuelle !
Oublié le remake HD de Flashback paru en 2013 (à « l’occasion » des vingt ans du titre ) édité par Ubisoft et développé par feu le studio VectorCell ! Cinq ans plus tard, Microïds fête quant à lui le jubilé des aventures de Conrad Hart en livrant une adaptation, pour ne pas dire un portage, destinée à la Switch. Difficile de bouder ce Flashback, il apporte son lot d’améliorations graphiques et un niveau de difficulté revu un chouia à la baisse… d’une certaine façon !
Pour les nouveaux venus qui ne connaissent pas Flashback il s’agit d’un jeu développé par Paul Cuisset et l’équipe de Delphine Software qui – en son temps – s’était énormément inspiré d’Another World mais aussi (et surtout) de Prince of Persia sorti trois ans auparavant . En effet, ce dernier boxait aussi dans la catégories des jeux plateforme/action en 2D. Toutefois Flashback se distinguait du Best Seller de Jordan Mechner par son univers science-fiction futuriste (un peu semblable à Total Recall) mais aussi par son déroulement. Comprenez par là qu’il ne s’agissait pas que de traverser des niveaux labyrinthiques parsemés de pièges et peuplés d’ennemis à dézinguer. Flashback offrait aussi d’accomplir des missions « annexes », de dénicher des clés de deux pixels de haut sur les cadavres des ennemis abattus et d’explorer librement des levels plus ouverts afin de tailler le bout de gras avec des autochtones et ce sans contrainte de temps, sauf à certains moments. Pas de surprise, la recette n’a pas changé d’un iota sur le fond, ni sur la forme.
A l’instar du Prince de Perse, Conrad, notre héros amnésique, se déplace avec autant de fluidité (grâce aux animations en rotoscoping) et il rivalise d’agilité lors des séquences plateformesques. Seulement, Conrad est un peu long à la détente, et il arrive qu’il meurt… bêtement. La faute à une maniabilité qui manque de réactivité et qui exaspère par sa raideur dans le feu de l’action. Plutôt que de hurler au moindre faux pas et de jeter rageusement sa Switch au sol en recommençant depuis un point de contrôle, cette resucée estampillée vingt-cinquième anniversaire offre (pour les niveaux de difficulté le plus bas et intermédiaire) à chaque mort de revenir quelques secondes en arrière, via un rembobinage. Ainsi on peut retenter un saut lamentablement raté voire se sortir d’un gunfight en profitant d’une très courte période d’invincibilité. Les affrontements de Flashback sont intenses mais aussi confus ! En effet, on se retrouve opposé à des ennemis qui déboulent en nombre (humanoïdes, robots explosifs, sphères volantes…) ou qui poireautent sournoisement derrière un élément du décor pour exploser au contact de l’avatar. Lors des rixes il faut tenter d’esquiver les tirs et explosions en effectuant des roulades. Au contact de l’ennemi, certains adversaires ne réagissent pas, et continuent à tirer dans le vide. Impossible de faire de même face à des ennemis plus malins et mieux armés, car ils traquent le joueur sans relâche d’un écran à un autre et ils peuvent même feindre la mort ou se rendre invisible, les fourbes !
Après Prince of Persia et Another World, Flashback nous avait impressionné en son temps par sa réalisation graphique chiadée et les animations somptueuses de son héros sur le bon vieux Amiga. Aujourd’hui le graphisme a pris un coup de vieux. Le format d’image, plus adapté aux moniteurs 4/3 d’autrefois n’occupe pas la totalité de la largeur de l’écran de la Switch sauf lors des cinématiques en 3D vectorielle. Même lorsque la console est connectée à son dock sur un téléviseur HD ou UHD, le joueur n’a pas d’autre choix que de se contenter d’une aire de jeu réduite, frustrant ! Loin d’être un remake cousu main pour la Switch, le titre s’apparente davantage à un portage – à priori – de la version PC (même cinématique d’intro, palette de couleur identique…). Histoire d’atténuer les effets d’escaliers le titre peut recourir à un filtre antialising qui adoucit les contours. Ce flashback « simule » aussi de manière convaincante des effets d’éclairages absents des versions d’origine par le biais du bloom, il peut appliquer des parasites péritelesques à l’image ou offrir un rendu bombé à la manière d’une vielle télé cathodique. Enfin les pixels les plus disgracieux peuvent être dilués par un horrible filtre « HQ2X » qu’on retrouve le plus souvent dans les émulateurs et qui offre au final un rendu assez approximatif. Conseil, pour savourer Flashback jouez sans (ce) filtre ! Quant aux musiques, le titre laisse aussi le choix au joueur de jouir de l’authenticité des compositions « 8bit » d’origine et il fait l’effort d’offrir aussi des thèmes remaniés, hélas moins percutants.