Nioh. 10 longues années d’attente pour ce projet qui a changé à maintes reprises. La mouture que la Team Ninja propose n’a pas grand chose à voir avec le concept originel. Mais compte tenu du résultat final, bien leur ont pris de revoir la copie pour proposer un action/RPG qui devrait ravir les fans de « maso-games ».
Autant vous l’avouer tout de suite, je ne suis pas un fan des maso-games comme je les appelle. Ces jeux où il faut sans cesse recommencer les mêmes secteurs pour pouvoir passer au suivant et où la moindre erreur se paie cash. Je classe dans cette catégorie des titres comme la série des Dark Souls et Bloodborne, tous du fait de From Software. On trouve également aussi Lords of the Fallen. Certains jeux indés surfent aussi sur ce genre mais avec des réalisations différentes. Bref, le côté progression saccadée et des combats poussifs ont fini par m’exaspérer. J’admets tout à fait que certains aiment ce genre très particulier mais ce n’est pas mon trip. Mais j’ai fait un effort sur Nioh et le résultat est plutôt plaisant.
Evidemment tout le monde compare Niohaux titres que j’ai précédemment cité. Il est vrai que dans son fonctionnement on décèle bien des similitudes et requiert du joueur une persévérance de tous les instants. Si vous ne maîtrisez pas vos nerfs, vous aurez bientôt fini de balancer le pad à travers votre salon voire d’oblitérer votre poing rageur sur un quelconque meuble à votre portée. Sang froid, dextérité, performance méthodique vous seront donc nécessaires pour ne pas péter les plombs. Toutefois, Nioh apporte du sang neuf au genre : la vitesse.
Hé oui, terminé ces héros escargots qui mettent des plombes à porter le moindre coup. Ici, on retrouve la patte Team Ninja. Dès les premiers combats, on ne peut s’empêcher de penser à l’aspect punchy des Ninja Gaiden. A tel point qu’on est en droit de se demander si certaines animations ne sont pas des versions modifiées de Ryu Hayabusamême si le héros du jeu, William, tend plutôt vers le côté samurai. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que ce projet était au départ inspiré par un script du réalisateur Akira Kurosawaavant d’être totalement revu bien des années après par la Team Ninja.
Même si le jeu se débute à Londres, la majeure partie de l’action se déroule dans une version fantasy du Japon féodal de la fin du 16ème siècle. Après s’être échappé de la Tour de Londres, William tente de retrouver un ennemi à la recherche d’une pierre spéciale nommé Amrita. Tout au long de son périple, l’Amrita servira de système de points d’expérience permettant d’améliorer les compétences de William dans les sanctuaires placés çà et là dans les niveaux. Ces derniers servent à la fois pour se régénérer si nécessaire mais également monter en niveau avec l’Amrita collecté, faire des offrandes pour en récoltant également ainsi que divers objets consommables qui pourront vous aider dans votre aventure (bombes, flèches, soins, etc.). Il est possible également d’y préparer un jutsu, l’aspect magique du jeu, de recevoir la bénédiction des Kodama, petites créatures que vous pourrez découvrir en explorant bien les niveaux ou encore d’invoquer un visiteur qui pourra le cas échéant vous aider. C’est aussi dans ces sanctuaires que vous pourrez invoquer votre esprit protecteur. Une vingtaine est disponible dans le jeu, chacun avec améliorant encore les stats du héros et rendant les armes vivantes, l’équivalent des supers dans bien des jeux.
Action/RPG oblige, non seulement le héros est défini par un niveau général et de stats en tous genres affectant divers aspects mais c’est aussi le cas de chaque arme et chaque équipement. Autant vous le dire de suite, si vous aimez jouer avec les stats et aimez les loots à outrance, Nioh est fait pour vous. Etant donné que la majorité des ennemis lâchent du loot et de l’Amrita, vous pouvez très bien faire monter le niveau de William en restant dans la même zone pendant des heures. J’avoue que c’est ce que j’ai fait en atteignant le niveau 25 dans la première zone au Japon. Toutefois, le loot d’armes et équipements de meilleure qualité dépend plus de votre avancée dans les missions du scénario. Une bonne combinaison entre compétences de William et qualité des armes et des équipements est donc primordial en se basant sur vos préférences et parfois même sur des techniques de combat plus adéquats pour battre les boss.
Parlons-en des boss. Si les ennemis réguliers ne sont pas d’une extrême difficulté – tout juste évitez d’en affronter plusieurs simultanément – les boss de ce jeu sont une tannée. Leur difficulté est vraiment élevée par rapport au reste des adversaires même des démons qui vous bloquent certains passages. Cette disparité dans la difficulté est quelque peu, à mon sens, absurde et surtout ne reflète pas vraiment le niveau de difficulté de chaque mission. Pour exemple, avoir du mal à entamer la jauge de vie d’un boss alors qu’on est 20 niveaux au dessus du level requis pour la mission est absurde n’est-ce pas? Ces combats dantesques peuvent alors durer et gâcher le plaisir qu’offre le reste du jeu avec ces combats plus jouissifs. Heureusement, avec la communauté de joueurs, vous pourrez trouver des tonnes de vidéos montrant les stratégies nécessaires. Comme bien des boss dans l’histoire du jeu vidéo, il faut juste trouver la bonne stratégie et l’appliquer méthodiquement et si possible avec un minimum d’erreurs.
Le jeu présente deux principales fonctions en ligne. La première est une sorte de combat asymétrique. En effet, apparaissent ça et là des cadavres d’autres joueurs sur votre chemin. Vous pouvez décider de les affronter. L’IA incarnera alors le combattant du joueur mort avec ses armes et ses stats. Chose intéressante si vous êtes doué, c’est un excellent moyen de looter des objets puisqu’on peut affronter des joueurs de niveaux très différents qui ont déjà looté mieux. L’autre possibilité est la coopération où vous pouvez invoquer un autre joueur à vous rejoindre pour vous aider sur un boss ou carrément sur tout une mission. Et comme vous pouvez vous en douter, c’est plus facile à deux.
Nioh propose une structure de jeu classique. A savoir une fois débloquée, une carte avec les différentes missions disponibles apparaît. Les principales suivent l’intrigue générale. Leur taille est assez importante et regorge de raccourcis et recoins qu’il est généralement intéressant d’explorer. Lorsque vous les terminez, une version plus difficile devient alors disponible. Vous pouvez les tenter car le loot y sera plus intéressant. Il y a également des missions secondaires généralement nettement plus petites histoire de looter là également.
Techniquement, contrairement à la ferveur de certains, je considère Nioh comme un jeu correct mais bien loin du potentiel de la console. Visuellement, c’est propre mais on sent tout de même que le moteur graphique de la Team Ninja commence à dater. C’est d’autant plus flagrant lorsqu’on sait que pour maintenir le 60 images/seconde, l’équipe joue avec la résolution réduite régulièrement. C’est ce qu’ils ont appelé le mode action. Le mode vidéo propose lui de fixer la fréquence d’images à 30 images/seconde mais le jeu garde le 1080p. Le second mode vidéo débloque le capping 30 images/seconde mais compte tenu du type de jeu, je vous conseille de jouer avec une fréquence d’images fixe pour maximiser vos chances de succès. Alors pourquoi suis-je un brin déçu par la réalisation? Tout simplement parce qu’il est nettement possible de faire mieux. Les variations de résolution sont parfois telles qu’on pourrait presque compter les pixels. Et honnêtement, rien dans le jeu ne justifie cela avec des personnages et des environnements 3D qui ne sont pas si riches que cela. Si le héros est soigné, certains ennemis sont basiques. Il en va de même pour les environnements. Heureusement, les graphistes de la Team Ninja ont réussi à produire un ensemble visuel cohérent mais franchement on pourrait avoir beaucoup mieux. Les animations sont typiquement jeu vidéo. Comme je le disais précédemment, on ne peut que remarquer des similitudes dans certains mouvements de William par rapport à Ryu des Ninja Gaiden. C’est raide mais ça bouge vite et ça répond plutôt bien aux commandes. La bande son est propre mais là encore rien de bien exceptionnel. Elle fait son job pour nous maintenir dans cet univers un peu particulier.