Capcom célèbre enfin la trentième année d’existence de sa franchise en livrant une compilation qui réunit pas moins de douze opus de “Street” mythiques. Est-ce l’anthologie tant espérée ? Presque !
L’an dernier, Capcom était passé bêtement à côté des trente ans de la saga. En effet, l’éditeur d’Osaka s’était alors cantonné à offrir à la Switch un Ultra Street Fighter II, qui représentait l’aboutissement de la franchise SF2 initiée alors vingt-six ans plus tôt. Un épisode old-school sympathique, qui jouait la carte de la HD, mais qui ne s’avérait pas vraiment digne de la célébration d’un trentième anniversaire. Capcom marque enfin le coup, en livrant une compilation estampillée “ Street Fighter ” sur PS4, Xbox One et Switch. Cette compile comble – presque – nos espérances de vieux joueurs fous en faisant vibrer notre fibre nostalgique. Seul regret, loin d’être l’anthologie espérée, le titre fait l’impasse sur les quatrième et cinquième volets et se focalise plutôt sur la majeure partie des épisodes 2D parus en arcade entre 1987 et 1999. Douze ans, douze jeux, ce sont carrément dix huit ans d’existence de la licence Street Fighter qui sont malheureusement passés à la trappe ! Et à moins d’avoir réservé le titre sur Xbox One ou PS4 dans une grande enseigne (comme Micromania ou la FNAC) perdez tout espoir de rejouer à Ultra Street Fighter IV – sur PS4 et XB One – et préparez-vous à de la bonne vieille baston pixelisée. Joyeux anniversaire ?
Habitué à réaliser des portages pour le compte de nombreux éditeurs (Midway, SEGA, Namco…), le studio Digital Eclipse s’est attelé au développement d’une compilation anniversaire de qualité, bien fournie tant en jeux qu’en contenu bonus. Les douze titres présents sur la galette sont issus de l’arcade et profitent naturellement d’une réalisation globale supérieure aux adaptations parues précédemment sur les machines 16 et 32 bits comme sur Dreamcast. En sus le titre offre une chronologie de la saga riche en artworks et anecdotes, mais non-exhaustive, qui élude de nombreux spin-offs (Marvel Vs Capcom, Street Fighter Vs Xmen, Street Fighter Ex…) de l’histoire de la saga. Un peu frustrant, la chronologie est à l’image des titres proposés. Si on se réjouit de (re)découvrir l’espace de quelques minutes le tout premier volet de Street Fighter, cette compilation anniversaire offre aussi cinq versions de Street Fighter II (de la version de base au Super Street Turbo), les trois Street Fighter Alpha ainsi que les trois moutures de Street Fighter III. De plus, cette version anniversaire intègre les modes entraînement et versus online pour les versions Hyper Fighting, Super Street 2 Turbo, Street Fighter Alpha 3 et Street Fighter III Third Strike. Enfin le titre offre aussi d’écouter l’ensemble des musiques via un sound test. Avec tant de contenu, les amateurs de castagne comme les inconditionnels de la franchise Street seront aux anges
Sorti en 1987, il y a trois décennies donc, Street Fighter est naturellement le titre de la compilation qui a le plus mal vieilli. Agaçant par son gameplay hyper approximatif, flanqué d’une réalisation globale antédiluvienne, le titre offre aux choix d’incarner Ryu ou Ken afin d’affronter un pack d’adversaires plus ou moins charismatiques. Disons-le franchement, malgré l’importance historique de ce tout premier volet de Street, on a davantage plaisir à se re-frotter au mode arcade de l’excellent Street Fighter 2 et à ses quatre déclinaisons (Champion Edition, Hyper Fighting, New Challengers, Super Turbo). Ces dernières apportent leurs lots de nouveau personnages jouables et de décors, elles intègrent de nouveaux coups spéciaux et on retrouve dans le Super Turbo les furies, les Super Combo, repris par les épisodes Alpha (Zero au Japon) et Street Fighter 3. Bénéficiant d’une réalisation graphique, colorée et cartoonesque les titres de la franchise Alpha pâtissent moins du poids des années tandis que les épisodes de Street Fighter 3 (et notamment Third Strike) éblouissent toujours nos mirettes par l’incroyable fluidité de leurs animations et la nervosité des combats. Quelque soit le titre, les affrontements se jouent en deux rounds gagnants et opposent deux pugilistes en combat singulier, où pour gagner il faut utiliser à bon escient les bottes secrètes combinées à des enchaînements de coups de poings et de pieds bien placés. Les affrontements sont toujours riches en projections de Hadoken, généreux en mandales, coups de tatanes volants et balayettes. Et grâce au stick analogique des manettes on arrive enfin à sortir le marteau pilon de Zangief. Joie !
En parallèle des modes arcade praticables en solitaire, cette édition anniversaire de Street Fighter propose naturellement quelques modes multijoueur pour s’amuser entre fighters de bonne compagnie. En plus des traditionnels versus en local, sur la même machine, ce jeu offre aussi de s’affronter online sur quatre des douze titres de cette compilation. Et si l’on retrouve les versions le plus abouties des différentes franchises (Street 2, Alpha et Street 3) , du moins en arcade, on s’étonne de pouvoir aussi s’adonner en ligne aux joies de l’épisode “ Turbo ” Hyper Fighting surtout connu pour été adapté sur les consoles Megadrive et SNES. Même s’il est possible de rejouer à l’envie à des matchs amicaux ou classés sur un seul des quatre titres, lors des affrontements pour la gloriole, le jeu décide aléatoirement suite aux votes des joueurs et après chaque combat quelle version sera lancée. Un renouvellement des titres qui permet de dynamiser les affrontements en ligne. Enfin à l’instar d’un Street Fighter V ou Ultra Street 2 les joueurs peuvent créer ou rejoindre des rooms avant match, et, ils peuvent aussi assister au combat en attendant de passer à la casserole. Bref, le online de l’Anniversary Collection bien que traditionnel (par son interface et ses rooms à quatre joueurs) a la bonne idée de varier les plaisir.
Graphiquement, même si les versions arcade sont plus détaillées que les adaptations parues sur les consoles ou micro 16 Bits, ces moutures de Street Fighter de plus de vingt ans d’âge ont perdu un peu de leur superbe sur nos écrans plats. La faute au format 16/9ème et à la résolution faiblarde des écrans d’autrefois. Contrairement à Ultra Street Fighter II paru sur Switch, qui n’offrait que le ratio d’origine, le format de l’image peut-être cette fois affiché en plein écran ou adapté en hauteur. Histoire d’atténuer l’aliasing ou de gommer les pixels saillants, “ l’émulateur ” intégré à cette compilation floute l’image en simulant le rendu d’une borne d’arcade, il offre aussi de rajouter des scanlines (comme sur les télé cathodiques). Que les amateurs de gros pixels qui tâchent se rassurent, ce Street Fighter Anniversary peut se savourer sans filtre. A défaut d’avoir livré une adaptation HD, les gens de chez Digital Eclipse se sont appliqués à offrir des versions les plus fidèles possibles à l’arcade tant en terme de rendu que de gameplay. On retrouve notamment les ralentissements lors des combats et portraits ensanglantés des combattants vaincus en fin de match. Enfin, de mémoire, le niveau de difficulté semble être nettement plus élevé en Arcade que sur les bonnes vieilles consoles de salon ! Afin d’aider les plus perfectionnistes à achever le mode arcade sans utiliser de crédit supplémentaire ou juste pour reprendre la partie un peu plus tard, notez que le titre propose un slot de sauvegarde rapide par jeu. Sympa !