Prenez la route fleurie ! Affutez votre katana, bandez votre arc et levez une horde de villageois pour combattre les armées de ténèbres. Le nouveau tube de l’été Made in Capcom ?
Entre la sortie d’une trilogie d’Ace Attorney et une anthologie de Marvel vs Capcom, voilà que l’éditeur d’Osaka livre enfin son Kunitsu Gami Path of the Goddess. Dévoilé l’année passée lors du Summer Game Festival, nous ne sommes pas restés insensibles devant l’atmosphère macabre et horrifique qui émanait du trailer. Bigrement alléchant ! Avant d’attaquer le passage sur le grill, rappelons que le titre a été réalisé par l’équipe qui avait œuvré -notamment – sur le sympathique Shinsekai Into the Depths. Comme ce dernier, Kunitsu Gami peut se targuer d’être une œuvre originale, et qui se permet même d’offrir un gameplay pour le moins inédit. Un gros bol d’air frais parfumé à l’encens en perspective ?
Kunitsu Gami propose de suivre le périple par monts et par vaux de Yoshiro la prêtresse, et de Soh un guerrier mystique ramené d’entre les morts pour assurer sa protection. Ils unissent leurs forces afin d’éradiquer un mal ancien qui s’est emparé des villages et a perverti les terres sacrées des lieux de cultes en déversant des abominations venues de l’au-delà. Sacré programme surtout quand le jeu se présente sous la forme d’un mix d’action façon beat’em up mâtiné de stratégie en temps réel et Tower Défense. Rassurez-vous, ce mélange bien exécuté reste digeste… la plupart du temps ! Une partie, ou plutôt un level se déroule en plusieurs phases. Une séquence diurne durant laquelle on libère des villageois et l’on ramasse des ressource (cristaux, rations…) tout en rénovant des structures, ainsi que des chausse-trappes plus ou moins létaux car destinés à ralentir l’ennemi ou à le tuer. Les cristaux semblables ici à des Points d’Action permettent à l’incarnation de notre déesse de s’avancer – mollement et c’est EXASPÉRANT – durant la journée jusqu’à un Torii corrompu à exorciser. Mais gardez quelques centaines de ces cristaux sous le coude ! Les joyaux servent également à attribuer l’une des professions (ou classe) aux villageois. Aux armes, citoyens ! Les humbles agriculteurs/éleveurs peuvent ainsi se muer en archer, en sumotori, en lancier, en arquebusier, en chamane guérisseur, prêtre ascète ou l’une des demi-douzaines d’autres classes prêtes -enfin pour la plupart – à en découdre avec des déluges de monstres hideux.
Les Yokais, rebaptisés Ikokus, surgissent durant la seconde phase de jeu. Dès la tombée de la nuit les monstres déferlent par vagues depuis des torii et le jeu vire alors au survival horror. À l’instar de nos villageois, différentes sortes de ces créatures grotesques peuvent attaquer au corps à corps ou à distance, infligeant même des dégâts de zone. Lors de ces phases d’action, notre héros ne reste pas les bras croisés puisque le jeu lui permet de se lancer dans la bataille à la façon d’un beat’em up ! S’il taillade les ennemis avec élégance, tel un Dante de Devil May Cry, notre héros ne peut affronter tous les monstres ! Il s’agit de s’attaquer aux ennemis les plus costauds ou les plus dangereux afin de laisser nos guerriers se charger de la petite friture tout en s’assurant – en priorité – de la sécurité de la déesse/prêtresse. D’ailleurs cette dernière est flanquée d’une barre de vie qui une fois vidée oblige le joueur à recommencer le niveau. Mieux vaut garder un œil sur l’espèce de Mini Map plutôt que de voler au secours de “son altesse” à l’approche du moindre monstre. Action un peu confuse oblige, il arrive que Soh, le guerrier mystique trépasse de temps à autres. Rassurez-vous c’est loin d’être une fatalité ! Puisqu’en attendant de retrouver sa forme humaine, son âme peut continuer à dispatcher des ordres (placement et attaques) aux troupes de villageois tout en veillant plus que jamais sur la prêtresse rentrée en transe. Si la plupart du temps on doit donc se préparer à l’assaut et combattre de nuit, le jeu impose d’autres exercices de style où l’on se retrouve seul contre tous lors de la traversée d’un cimetière, tirant à boulets de canon sur des monstres marins ou bien réduit à l’état d’âme afin d’approvisionner la prêtresse en cristaux en coordonnant les défenses. Des séquences variées qui s’ajoutent aux affrontements dantesques contre des boss gigantesques, qui nécessitent parfois de s’y reprendre à plusieurs reprises.
Affublé d’un niveau de difficulté assez élevé, Kunitsu Gami impose de bien préparer ses effectifs comme son héros entre deux affrontements. En sus d’octroyer des items d’upgrade de compétence quand on exorcise un certain quota de “mandragores géantes” éparpillées dans les levels, le titre confère aussi quelques récompenses supplémentaires bienvenues. Ainsi on obtient davantage de bonus (Musubi) lorsque l’on achève un niveau en remplissant certaines conditions : pas de perte de vie pour la prêtresse, quotas de monstres à abattre par le héros ou les villageois ou boss à vaincre avant la fin d’un chrono. De plus, on peut également obtenir de quoi améliorer ses troupes et son avatar en rénovant les lieux et villages purifiés. Inutile de poireauter un ou deux jours ou d’accélérer le temps. Selon l’ampleur de la tâche, il faut plutôt rejouer à un ou deux niveaux déjà parcourus le (tout) premier level par exemple (astuce) afin de permettre aux ouvriers d’achever leurs œuvres… et récolter ainsi le fruit de leur travail. Mieux vaut bien préparer ses troupes et jouer la carte de la complémentarité afin d’éviter qu’un boss focalise ses attaques sur la prêtresse sans défense !
Carburant au RE Engine, le moteur graphique fait maison de Capcom, Kunitsu Gami fait l’honneur de sortir sur PC, sur les consoles d’aujourd’hui (Xbox Series et PlayStation 5) ainsi que sur les machines de la génération précédente. Une bonne nouvelle pour les possesseurs de PS4 et Xbox « One » qui n’ont pas encore sauté le pas de la Next Gen. Si les utilisateurs du GamePass ont le plaisir de retrouver « gratuitement » ce jeu sur le service de jeu vidéo à la demande de Microsoft, pas question pour les inconditionnels de PlayStation de bouder la dernière production de chez Capcom. La version PS5 que nous avons testé sur la dame blanche de Sony avait le mérite de n’occuper que 13 petits Go (moitié moins sur PS4 textures en 1080P oblige) sur son SSD magique. Certes pas optimisé pour ce périphérique de stockage, le jeu est pourvu de temps de chargements malgré tout assez rapides. Loin d’offrir un niveau de finesse des textures digne de Resident Evil 8, ou des aires de jeu aussi vastes que celles de Monster Hunter Rise, le RE Engine affiche ici des environnements plus étroits relativement détaillés en animant sans trop de coups de mous des affrontements dantesques opposant des hordes d’ennemis enragés à nos vaillant guerriers. Joli sans plus par ses décors un brin répétitifs, pas toujours au top de la lisibilité (dans ses phases d’action ou stratégiques), le jeu nous régale pourtant par ses décors glauques et surtout le chara design cauchemardesque complètement dingue de ses Yokais comme celui de ses boss. Ces revenants revanchards semblent tout droit sortis des œuvres horrifiques de Hokusai. Âmes sensibles attention ! Afin d’ambiancer ce périple, le jeu s’est paré d’une bande-son constituée de quelques titres aux sonorités “folkloriques”, aux percussions bien rythmées, qui collent parfaitement aux confrontations intenses de ces nuits passées aux portes de l’enfer. En français intégral dans ses textes et menus, en revanche les rares « dialogues” du jeu ne sont disponibles qu’en anglais ou japonais. Pas de quoi se substituer à un abonnement au cours du soir chez Berlitz ! Tasukete Kudasai !