Pour ses trente ans, la célèbre franchise de la castagne, se paye rien de moins qu’un énième lifting et surtout un – nouveau – reboot de son univers. Ses créateurs nous feraient ils le coup de la panne… d’inspiration ?
Vous souvenez vous de ce que vous faisiez il y a trente ans ? Je me souviens clairement qu’un ado en pleine crise de puberté s’est émerveillé sur les bancs de la salle de permanence de son collège bourgeois, en découvrant les screens de Mortal Kombat dans les pages d’un magazine. Avec ses personnages digitalisés et ses bottes secrètes sanguinolentes, le titre promettait sur le papier – du moins sur MegaDrive – d’être encore plus spectaculaire que le Street Fighter 2 paru sur Super Nintendo. Le jeu de Capcom s’était imposé comme la référence du Beat Them Up. Fin de l’histoire. Inutile de vous parler de l’attente suscitée par les seconds et troisième volets de MK, des trop nombreuses suites poliment esquivées, du premier passage raté à la 3D et des kyrielles de spin-off sortis sur la génération PS/PS2 qui n’ont suscité chez moi qu’une profonde indifférence. Il aura fallu attendre le retour aux sources de la franchise sur Xbox360 et PS3 avec Mortal Kombat (9) pour exulter de nouveau face aux projections d’hémoglobine. Elles étaient magnifiées par un rendu 3D plus abouti et l’arrivée des attaques Xray qui montraient les squelettes des combattants se briser sous les coups de l’adversaire. Un gimmick spectaculaire repris depuis dans les suites et même (de mémoire) dans les Spin Off Injustice recuisinés à la sauce DC Comics. Mortal Kombat a dépoussiéré et recyclé ses mécaniques et tente cette fois encore le coup de l’énième comeback : faut-il vraiment kraquer pour cet épisode qui tente de remettre les pendules à l’heure ?
Depuis le premier volet sorti il y a 30 ans sur consoles (donc) Mortal Kombat s’est tail l’une mauvaise réputation pour la générosité de ses projections d’hémoglobine et ses fatalités gores. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, Mortal Kombat n’a pas oublié de s’enticher d’un scénario. Il est ainsi développé lors d’une campagne, qui s’étale sur une quinzaine de chapitres. Devenu le seigneur de l’Outre Monde, zombifié dans MK11 (de mémoire), Liu Kang s’est aussi mué en dieu créateur en remodelant les réalités. Reparti de zéro, le bonhomme n’a pas oublié de faire revenir à la vie ses alliés et ses antagonistes afin d’apporter l’équilibre dans l’univers entre le bien et le mal. Sympa ! Et afin de perpétuer la tradition, il organise toujours le Mortal Kombat qui voit le champion de la Terre se mesurer aux combattants de l’outre Monde. Durant cette campagne solo, le jeu alterne entre confrontations (en deux rounds) et des cinématiques bien réalisées et au scénario riche en rebondissements… mais dieu que cette réécriture du lore est inutilement longuette ! Enfin ne vous fiez pas à son titre, le jeu n’est pas un remake 3D du tout premier volet. Il n’est pas flanqué de huit personnages jouables mais il en offre plutôt le triple. Ainsi le roster est constitué de combattants piochés dans les quatre premiers volets de la saga. Un casting qui s’avère plutôt varié puisqu’en plus des inévitables Scorpion, SubZero, on retrouve aussi Smoke, Tania, Sindel Milena, Kitana, Reiko, le fantasque Johnny Cage ainsi que des petits nouveaux. Seules fautes de goût, Sonia Blade, Jax et Kano et une dizaine d’autres castagneurs emblématiques de la saga ont été relégué au rang de caméo, comprenez des personnages pas vraiment jouables. Dommage !
À l’instar du Mortal Kombat d’origine, MK1 met aussi à l’épreuve la force – voire plutôt l’endurance – du joueur dans des séquences “Test your Might” où il doit marteler des boutons du pad pour briser une porte ou une enclume. Un remember bienvenue pour les vétérans de la licence, mais gare ces phases ne laissent parfois pas le droit à l’erreur ! En plus de cette campagne scénarisée, le titre propose quelques autres modes destinés à être pratiqués en solitaire, tel Invasions. Ce type de partie invite à contrôler un binôme de combattants, comprenez un perso principal assisté d’un caméo (un sidekick non jouable) à travers des levels dignes d’un jeu de l’oie. À chaque étape ils prennent part à différents types de challenges : survie, embuscade, et versus pimentés par la présence de malus zones empoisonnées ou ralenties. Fun ! Évidemment, le titre invite aussi à se frotter à Tours… qui ne propose rien de plus que le mode Arcade d’antan. Il s’agit toujours de remporter une succession de combats prédéfinis (de six à dix) voire de survivre à un nombre illimité de confrontations : jusqu’où irez-vous ? Avant de lancer le joueur dans l’enfer du solo ou du versus, le jeu propose un monde entraînement bienvenue où l’on peut s’initier à la maniabilité et parfaire l’exécution des fatalités. Comme tout bon jeu de baston notez que le jeu est destiné à être pratiqué en versus. On peut évidemment se livrer à des confrontations en local sur le même écran, en ligne à l’occasion de matchs classés voire en versus pour le plaisir grâce à un matchmaking plutôt simple qui nous confronte aléatoirement à un autre joueur. Que les adeptes des petites castagnes entre potes se rassurent, rien n’empêche de s’y adonner en versus contre un autre joueur de sa liste d’amis.
Côté maniabilité celle de MK1 n’a pas trop bougé depuis ses débuts. Il s’agit toujours de réaliser des attaques de base et des coups spéciaux à base d’enchaînement directionnel combinés aux coups de poings/de pieds forts ou faibles, et de parer les attaques grâce à une touche dévolue. En toute franchise, même trente ans après cela semble toujours aussi peu naturel quand – par réflexe – on a plutôt tendance à appuyer vers l’arrière du stick ou de la croix directionnelle. Bloquer les attaques est pourtant essentiel notamment lorsque l’opposant à l’agonie déclenche un Fatal Blow Un enchaînement où le perso principal et son sidekick prennent un malin plaisir à broyer/transpercer les os du squelette de l’opposant. Toujours spectaculaire et parfois frustrant quand c’est notre combattant qui se mange cette avoine. Notez que l’acolyte qui épaule le combattant peut être aussi invoqué en cours de combat pour déclencher une attaque spéciale via l’appui d’une touche spécifique et il prend part aux réjouissances en cas de chope. Et malgré la présence de cet allié, le jeu ne permet pas de s’adonner à des matchs en Tag pour autant. Dommage ! Pour clore le chapitre consacré à la maniabilité notez qu’elle est évidemment toujours trop rigide, moins souple que celle de Street Fighter VI avec lequel MK1 ne peut éviter le choc frontal. Rassurez-vous, on prend malgré tout un sacré plaisir a spammer l’adversaire de « boules de glace » et à l’enchaîner par un uppercut bien senti pour l’achever par une Fatality ou une Brutality. Jouissivement sanglant !
Testé sur Xbox Series X, le jeu de NetherRealm Studios profite aussi d’une sortie sur les PlayStation 5 et Nintendo Switch. Si cette dernière a été raillée pour la laideur de son graphisme et de ses modélisations, les versions PS5 et Xbox Series tirent davantage parti des capacités de l’Unreal Engine 4 pour s’afficher en 4K HDR. Si nos pugilistes s’affrontent à 60 images par secondes, les nombreuses cinématiques ne profitent pas d’un tel niveau de fluidité. Par rapport à MK11, le fossé technologique entre les deux éditions est assez époustouflant. Un simple coup d’œil aux screens du précédent opus passé sur le gril au printemps 2019, devrait vous convaincre que les arrières plans des arènes ont gagné en finesse et complexité, en exotisme (parfois) et ils sont dotés de splendides effets d’éclairages. Les combattants n’ont pas été négligés. Les textures sur les personnages sont indiscutablement plus détaillées et leurs modélisations plus « réalistes ». Fin du fin, les combattants donnent vraiment l’impression de morfler au fil du combat et perdent de leur fringance quand ils encaissent des coups et/ou se retrouvent maculés de sang… parfois pas le leur ! Si le jeu régale nos cages à miel par sa bande-son très variée. Elle alterne ainsi entre les styles (orchestrale, métal, électro…) et semble reprendre aussi des thèmes connus : tendez l’oreille… et ouvrez les yeux ! Le titre regorge de nombreuses références à la trilogie « originale ». Disponible en français quasi intégral pour ses textes, doublages et menus, le jeu était encore flanqué, près de deux semaines après sa sortie, de voix en anglais dans le mode Invasions. Un manque de finition qui n’est pas représentatif de la qualité globale du jeu qui propose de la baston sans trop de temps mort !