La claque magistrale de 2005 de chez Capcom se paie une beauté pour ses dix-huit ans d’existence ! Preparez-vous à shooter, trembler et hurler dans ce remake de qualité qui n’est hélas pas destiné à tous les fidèles de la saga !
Passer à la moulinette Metroid Prime Remastered pour embrayer sur le remake de Resident Evil 4 c’est renouer avec la nostalgie de ce bon vieux Gamecube. Une petite machine fantastique, dont la puissance était contenue dans un minuscule volume (en comparaison de celui de la Xbox). Cette bécane sympa n’a pu rivaliser avec la suprématie de la PlayStation 2 en 2005. La PS2 avait tout ravagé sur son passage en s’imposant dans les foyers comme une platine DVD de salon. Autre machine de sixième génération, la Dreamcast bouffait en 2005 les pissenlits par la racine depuis belle lurette. Quant à la Xbox, elle restait dans le sillage du « Cube » et se préparait à passer le relais à la Xbox 360. Les infortunées rivales se partageaient d’ailleurs la seconde et troisième marche du podium. Pourtant cela n’avait pas empêché l’outsider GameCube d’accaparer une des licences incontournables de la PlayStation en profitant de Resident Evil 4 le temps d’une courte exclusivité (un peu comme la DC en son temps avec Code Veronica). Un quatrième opus sorti presqu’un an plus tard sur PS2 et PC dans des portages que l’on qualifiera poliment de moins chatoyants, moins détaillés. Faisons table rase du passé, car après avoir été recuisiné à la sauce HD sur la totalité des plateformes modernes, le remake du quatrième opus débarque enfin sur les machines UHD (PS5 et Xbox Series) et PS4. Hélas exit la Xbox One ! Encore prise en charge par Resident Evil VIIIage l’ancienne bécane HD de Microsoft ne se dote pas d’une déclinaison du jeu : vraiment dommage ! Les possesseurs de cette gamme de bécanes (One, One S et One X) comme la Switch pourront sans doute un jour passer par le Cloud pour découvrir les dernières péripéties de Léon au pays de Cervantes. Un jour peut-être…
Oubliés Raccoon City, la Louisiane ou la Roumanie, Resident Evil 4 invite à pousser plus à l’Ouest à l’occasion d’un périple rural pour découvrir le charme rustique de l’Espagne. Comme précisé quelques lignes au-dessus, on incarne Léon qui après avoir foiré sa journée d’intégration au sein du RCPD s’est reconverti en agent gouvernemental. Six ans se sont écoulés depuis les événements de Raccoon City, notre agent spécial se retrouve embarqué dans une mission de sauvetage destinée à secourir la fille du Président retenue captive par une mystérieuse secte. S’il voulait voir du pays, il va être servi ! Remake oblige, cette cuvée 2023 de Resident Evil 4 reprend la trame du quatrième volet. Il s’agit toujours d’un jeu d’action à la troisième personne, et plus exactement un Shooter mâtiné de Survival Horror. Lors de cette épopée en solitaire on doit crapahuter à travers la cambrousse espagnole bien glauque, survivre à la traversée de la demeure d’un aristo déphasé et s’extirper de souterrains obscurs et flippants à bord d’un chariot de mine. Si l’on se frotte dans un premier temps à de modestes péons équipés d’armes de fortune au début du périple, le bestiaire et leur armement s’étoffe au fur et à mesure de l’aventure. On se retrouve opposé à de nouvelles atrocités engendrées par un parasite (loups, géants, monstre marin ou insectoïdes) que l’on décime à grands renforts de tirs de fusil à pompe, de rafales de sulfateuses ou au moyen d’autres armes détonantes.
Un arsenal améliorable grâce aux deniers que l’on obtient sur les dépouilles des ennemis ou contre des trésors revendus au marchand. Pratique on le retrouve dans certains spots tout au long de la campagne solo. S’il est possible de refaire le plein de sprays régénérateurs ou de s’offrir de nouvelles armes chez ce marchand ambulant, il est hélas impossible d’acheter des munitions. À l’instar de l’original, cette cuvée 2023 de Resident Evil 4 impose de se contenter des munitions disséminées dans les décors et à en fabriquer grâce aux composants (poudre noir et paquets de ferraille) glanés sur les dépouilles des ennemis ou dans les décors. S’il n’est pas rare de se retrouver à court de munitions, pas question pour autant de compter les balles. Comme les volets suivants, Resident Evil 4 joue la carte du shooter délicieusement bourrin face à des groupes d’infectés et des boss énormes. Il est possible d’abréger le pugilat en assénant un puissant coup de pied retourné à un ennemi sonné ou de planter le couteau dans la carotide d’un infecté un peu trop câlin ou gisant au sol. Gare ! Si le poignard permettait d’économiser quelques balles dans le jeu d’origine, il est affublé ici d’une résistance assez limitée et doit être reforgé lors de nos visites chez le camelot. Difficile de se passer du coutelas ! Il permet de bloquer certaines attaques et de repousser l’assaillant. Léon a beau disposer d’une esquive, on regrette de ne pouvoir l’employer quand on le désire. Elle ne semble se déclencher qu’à des moments bien précis lors des confrontations. Plus frustrant encore, lorsqu’il ne pique pas un sprint, Léon se déplace toujours un peu avec la lourdeur d’un quinze tonnes. Un peu plus de souplesse ne lui aurait pas fait de mal ! Allez bouge-toi Léon !
Pour espérer survivre aux confrontations on peut aussi tirer parti des pièges disséminés dans l’environnement afin de les retourner à notre avantage. En sus des inévitables barils rouges, on peut aussi exploiter des pièges à loup, des mines destructrices et autres lustres ravageurs afin d’économiser quelques chargeurs. Des stratégies que l’on découvre parfois après coup tant l’on est pris dans le feu de l’action ! S’il invite à effectuer quelques allers-retours, un Résident Evil ne serait pas digne de ce nom s’il n’imposait pas en sus de résoudre quelques puzzles/énigmes heureusement assez simples. Comprenez que l’on ne risque pas l’entorse cérébrale durant la quinzaine d’heures que dure l’aventure principale. Afin de faire durer davantage le plaisir, on retrouve quelques challenges/missions annexes dans les différents « levels » qui permettent d’obtenir des gemmes à échanger chez le marchand contre d’autre items : rubis, lunettes de visées, artefacts. Une chasse aux trésors qui offre de prolonger l’aventure… en attendant l’arrivée imminente du mode Mercenaries qui devrait toujours offrir de la survie en contre la montre. On en salive d’avance.
Précisons que ce Remake de Resident Evil 4 est passé sur le grill grâce à code fourni par Capcom (merci à lui) et qu’il a été testé sur Xbox Series X. À l’instar du sympathique remake de Resident Evil 2 et de sa suite, cette resucée du quatrième opus carbure évidemment au RE Engine. Un moteur graphique lancé avec Resident Evil VII qui a permis de donner aussi vie aux Monster World, Monster Hunter Rise ainsi qu’à une flopée d’autres titres comme le remake de Ghost’n’Goblins et les revival Arcade Stadium. En termes de rendu on peut évidemment profiter d’un affichage qui tire parti des dernières technos (en 4K Ray Tracing et HDR) ou favoriser la fluidité de l’animation tout en profitant de quelques effets graphiques moins chatoyants. Loin d’être aussi monolithique que son héros dans ses déplacements, le jeu permet ainsi de panacher les options graphiques à sa convenance. Pratique ! Rassurez-vous, en mettant l’accent sur la fluidité, Resident Evil 4 ne se prive pas pour autant d’en mettre plein les mirettes ! À moins de crapahuter sur d’étroits sentiers forestiers, les environnements sont le plus souvent détaillés, ils affichent des textures fines et une distance d’affichage moyenne/honorable, le titre faisant la part belle aux affrontements rapprochés. RE4 nous régale évidemment par ses splendides effets d’éclairages ou climatiques plus poussés que sur les versions d’antan. Les modélisations du bestiaire ne sont pas dépourvues de reproche. Ainsi les péons comme certaines créatures grotesques sont assez « moches ». Toutefois on sent le trouillomètre grimper dans les tours quand un ennemi reconstitue ses tissus explosés par un tir de fusil à pompe ou fait apparaître un parasite décapiteur en quête de chair fraîche. Des animations flippantes ou carrément jubilatoires (lorsque l’on démembre un ennemi) toujours aussi bien fichues ! Visuellement attrayant et immersif, le survival shooter comble également de joie nos esgourdes. Si Léon et certains protagonistes et antagonistes s’expriment dans la langue de Molière, d’autre voix (celles des péons) sont restées en dans la langue de Pedro Amoldovar. Une façon ludique ou plutôt horrifique de réviser sa LV2 laissée dans un coin de cerveau depuis les années lycées. Comme toujours chez Capcom les textes et menus sont en français et le titre bénéficie évidemment d’une bande-son toujours aussi percutante, remaniée, qui colle à l’action explosive de ce remake du quatrième volet.