Il y a des remasters sur lesquels on peut s’étendre. Avec cette resucée de Metroid ce n’est pas la peine d’en rajouter. Test express qualité filtre.
Après avoir redéfini l’expérience du shooter en multijoueur (sur console de salon) avec Goldeneye64/Perfect Dark, Nintendo s’est attelé avec les américains de Retro Studios au lifting 3D d’une de ses licences fortes : Metroid. Sorti sur GameCube en 2003, le jeu en mettait plein les yeux sur nos télés cathodiques. Metroid Prime invitait à suivre les péripéties de Samus Aran en vue à la première personne tout en reprenant l’aspect exploration qui avait fait le succès de la saga sur NES, SNES et GameBoy. Et donné ses lettres de noblesse au genre du Metroidvania. 20 ans après la recette fonctionne toujours ?
Avant de répondre à cette question, rappelons que Nintendo avait déjà sorti sur Wii une compilation réunissant en 2009 les trois Metroid Prime et intitulée : Metroid Prime Trilogy. On y retrouvait assez naturellement le troisième volet paru sur la Wii ainsi que les deux premiers opus sortis quelques années auparavant sur GameCube. L’intérêt était double. Faire tenir les trois volets sur une seule galette et prodiguer aux deux jeux sortis sur le cube la prise en charge de la WiiMote et du Nunchuk… et donc de la reconnaissance de mouvements. Un gimmick particulièrement efficace si la WiiMote ne perdait pas aussi souvent le Nord ! Afin d’attaquer enfin le passage sur le grill, précisons que cette version Remastered de Metroid Prime intègre bien sûr la reconnaissance de mouvements mais laisse le choix des armes en offrant aussi des contrôles traditionnels. Que vous soyez un adepte du Motion gaming ou de la jouabilité conventionnelle sur GameCube sachez que le jeu propose quatre types de profils/de maniabilité. Seuls bémols, impossible de « recentrer » la visée automatiquement lorsque l’on utilise la reconnaissance des mouvements et il n’est pas possible de configurer les touches à sa guise. Monolithique ! Même s’il faut bien admettre que l’expérience s’avère plus immersive que jamais. Et ce notamment grâce aux vibrations intenses qui parcourent les Joycons et la visée au gyroscope combinée aux 2 joys analogiques qui offrent un gameplay plus précis que les éditions précédentes. Pour info, le jeu a été testé sur Switch plus d’un mois après sa sortie sur le eShop par le biais d’une version achetée dans le commerce. Le physique c’est important !
Petit rappel du pitch. Après avoir reçu le signal détresse d’une station de recherche perdue aux confins de l’univers, Samus croise la route des Pirates de l’Espace et de leur chef Ridley. Notre héroïne poursuit son vieil ennemi jusqu’à la surface de la planète Tallon IV et crapahute à travers les ruines d’une civilisation disparue où les pirates exploitent la puissance d’un mystérieux minerai le Phazon. Dans les grandes lignes et comme précisé plus haut, ce jeu adapte en 3D les mécaniques bien rodées des Metroid d’autrefois. Comprenez qu’il s’agit de gagner en puissance et en aptitudes au fur et à mesure de l’aventure pour s’aventurer dans des zones inexplorées car alors inaccessibles. Acquérir une aptitude comme la boule morph ou une amélioration de tenue permet de se faufiler dans des conduits étroits, de progresser à travers des endroits exposés à des températures extrêmes sans crainte de voir sa jauge de vie fondre comme neige au soleil. Si elle n’utilise qu’un seul type d’arme, Samus peut employer différents genres de tirs pour éclater des ennemis à l’aide d’un tir concentré, les glacer avec un tir réfrigéré ou lancer des salves de missiles. Des mignardises dévastatrices qui ne sont disponibles qu’en quantité limitées ! Hélas ! Mais comme l’énergie vitale, on peut en récupérer sur les ennemis vaincus ou contenus dans des objets disséminés dans les décors et employer le tir concentré pour rapprocher les items lointains. Pratique ! Metroid Prime Remastered propose donc une aventure non linéaire d’une dizaine d’heures rythmée par une alternance de phases de plateformes (toujours aussi peu précises) et de gunfights endiablés contre des créatures mutantes, des pirates de l’espace ou de gigantesques boss. Des confrontations qui nécessitent de s’y reprendre « plusieurs fois ». En effet, le jeu ne laisse qu’une étroite fenêtre au joueur pour agir. Une rigidité qui 20 ans après s’avère toujours aussi frustrante, surtout quand la visée est parfois un peu aux fraises !
Côté réalisation, Metroid Prime Remastered a opéré un lifting loin d’être léger. Les textures ont été affinées ou remplacées par des modèles plus détaillés, les environnements ont gagné en complexité géométrique (polygones) et font apparaître davantage d’éléments dans les décors ou l’arrière-plan quant à la résolution elle est naturellement supérieure à celle du Gamecube ou celle de la Wii puisqu’elle a été doublée. Le bestiaire profite évidemment de cette cure de jouvence est offre des modélisations plus soignées, moins abstraites. Une fois la portable de salon nichée dans son dock on profite du spectacle sur grand écran et tout s’avère encore plus net et fluide. Quant à la visée elle est plus réactive et non plus affublée d’un léger temps de latence comme au temps de la Wii. Plus nerveux, plus beau, plus fluide, sauf erreur, le jeu n’a pas touché en revanche à la bande-son et aux voix. Si les dialogues demeurent dans la langue de Shakespeare en revanche les textes et menus sont intégralement en français. Quant à nos esgourdes, elles se régalent toujours des splendides musiques stratosphériques au synthé, qui « ambiancent » avec brio dans cette « nouvelle » odyssée de Samus en terre inconnue. Ô ruisselez de bonheur petites cages à miel !