Mettez un peu de magie dans votre vie en rejoignant la prestigieuse Académie de Poudlard. C’est par sorcier ? Test pas express pour l’occasion.
Je le confesse, sans doute un peu honteusement, je n’ai pas le souvenir de m’être frotté aux adaptations vidéoludiques des aventures de Harry Potter. Vous imaginez bien qu’à l’annonce de Hogwarts Legacy je suis resté de marbre. Je pensais qu’il allait s’agir d’un jeu vaguement interactif comme l’avait été Book of Wonders, le spin-off de Harry Potter optimisé pour le PlayStation Move de la PS3. Un soft en réalité augmentée resté soigneusement dans son écrin, n’étant pas non plus un fan du périphérique à contrôle de mouvement de Sony. N’allez pas croire que je suis hermétique à toute forme de magie pour autant. Bien au contraire ! En sus d’avoir été biberonné aux tours de passe-passe de Garcimore et autres Gérard Majax à la télé, j’avais bien aimé l’univers enfantin et délicieusement insouciant des deux premiers longs métrages de Harry Potter réalisés par Chris Colombus. À l’époque… soit au début des années 2000. Ô temps suspends ton vol ! À la réalisation de ce Hogwarts Legacy on retrouve le studio Avalanche Software. Modérez votre enthousiasme ! Il ne s’agit pas pas des suédois responsables de Just Cause, Mad Max ou encore du plus médiocre Rage 2. Les américains de ce studio homonyme sont connus pour avoir planché sur les deux premiers volets de la trilogie Disney Infinity (le troisième étant toujours en développement) ou des adaptations de films Disney comme Chicken Little, Toy Story 3, Volt, Cars 2 et sa suite voire même sur Hannah Montana. À la vue de ce CV pas très ragoûtant voilà une douche écossaise qui a dû vous refroidir… et on vous comprend !
Passé la création de notre avatar via un utilitaire assez simple, Hogwarts Legacy nous envoi crapahuter à travers les dédales ténébreux de la fameuse banque de Gringotts pour nous familiariser aux bases de gameplay de cet Action RPG à la troisième personne. Dans les grandes lignes, le jeu invite à suivre les péripéties d’un jeune étudiant de Poudlard, sensible à une obscure forme de magie, qui entre en 5e année. Malgré cette formation plus accélérée qu’un financement CPF on ne coupe évidemment pas au fameux rite du Choixpeau. Et ce afin de rejoindre l’une des quatre maisons de la célèbre école de sorciers lors de la soirée d’intronisation des bizuts de première année. Mettons d’emblée les choses au clair. L’aventure se déroule bien avant que Harry, Hermione et Ron ne viennent user leurs fonds de culottes sur les bancs de Poudlard. Un bon siècle avant. Pas de risque de croiser le fameux trio terrible de Gryffondor même si le jeu semble mettre en scène de nombreux ascendants des protagonistes de la saga Harry Potter – comme les Weasleys et les Black – vêtus en costume d’époque Victorienne. Oubliés les sweat-shirt à capuches et baskets apparus dès le troisième opus au ciné (le Prisonnier d’Azkaban), les étudiants affichent ici des looks endimanchés nettement plus en phase avec l’establishment imposé par la prestigieuse faculté de sorcellerie. So British !
À l’instar d’autres productions du studio Avalanche (Software) le jeu propose d’explorer un monde ouvert. Mais avant de s’élancer à la découverte de ce « vaste monde » il s’agit auparavant, voire aussi en parallèle de suivre les cours dispensés par les profs de Poudlard sans perdre de vue les missions relatives à la mystérieuse forme de magie. Malgré la présence d’un cycle jour/nuit, et la nécessité d’assister à des cours en journée, via des quêtes, le joueur n’est pas contraint de se soumettre à un emploi du temps. Contrairement à un Shenmue (le seul jeu qui me vienne à l’esprit) inutile de regagner le dortoir de Serpentard – de sa maison – à la nuit tombée. Rien n’empêche notre héros ou notre héroïne de s’aventurer plutôt au cœur de la Forêt Interdite ou de rosser quelques gobelins querelleurs et terrifiantes araignées anthropophages by night… comme de jour donc. Côté gameplay, lors des combats notre apprenti sorcier peut lancer différents genres de sorts pour faire léviter l’ennemi, projeter un jet de flamme voire envoyer un lourd objet du décor sur lui ou déchaîner un sortilège surpuissant et spectaculaire. Et comme dans tout bon jeu d’action digne de ce nom notre apprenti sorcier peut également parer ou esquiver les attaques adverses. Vu qu’il arrive que l’on doive faire face à de (trop) nombreux ennemis lors des confrontations scriptées le jeu facilite la tâche en nous indiquant quel genre d’attaque cible notre avatar. Une attaque jaune peut être contrée, une attaque rouge imparable doit être évitée. Gare ! En sus d’être en nombre les adversaires (sorciers, gobelins, armures, trolls géants…) contrôlés par l’IA sont parfois protégés par un champ de force et il est nécessaire d’employer un sort de teinte identique à la couleur du bouclier pour espérer le percer. Pour se déplacer à travers ce monde ouvert – dont on vous a brièvement parlé quelques lignes plus haut – nul besoin d’user ses chausses ! Le titre permet se rendre dans les lieux déjà visités avec de la poudre de cheminette, de fendre les cieux avec un balais ou différentes montures chimériques. Pratique ! Étant donné que la région vallonnée de Poudlard est bordée de forêts et de petits villages rustiques comme les aimait Jean-Pierre Pernault.
En plus des phases d’action et d’exploration mâtinées de plateformes et bourrées d’énigmes, le jeu n’oublie pas d’être un RPG pur jus. Cela passe évidemment par la nécessité d’accomplir des quêtes, des missions secondaires, de tailler le bout de gras avec pas mal de PNJ bavards voire aussi de sociabiliser avec eux en leur rendant services. Alors que les étudiants des maisons semblaient être à couteaux tirés avec les gamins de Serpentard sur grand écran tout ce petit monde semble cohabiter pacifiquement… malgré quelques inévitables crasses envers les plus faibles ou les plus bizarres. Les enfants sont cruels ! Pour nous assister dans les déplacements à travers Poudlard, le jeu propose soit de se guider grâce à une Mini-Map ou de suivre un chemin de papillons étincelants menant vers la destination. Pratique oui ! Sauf quand le jeu perd un peu le nord et que l’on se retrouve à ne pas suivre la quête voulue. Agaçant oui ! Au rayon des choses pas vraiment réjouissantes citons l’absence de compétitions de Quidditch, le multijoueur aux abonnés absents et une interface pour gérer les déplacements rapides (vers les lieux déjà visités) esthétique mais un brin lourdingue.
Comme on pouvait l’attendre d’un RPG digne de nom, le jeu propose de looter une multitude d’équipement pour gagner en résistance, de récolter moult ingrédients (herbes, champelards…) afin de préparer des potions indispensables pour regagner de la vie ou renforcer sa résistance en plein combat et même se rendre invisible. Une faculté/pouvoir que l’on obtient pourtant vers le début de l’aventure. Si l’épopée peut se plier en une vingtaine d’heures (en bien plus de temps en se frottant aux missions annexes), la magie n’ayant pas vraiment opérée nous avons passé qu’une petite douzaine d’heures sur ce jeu acheté à la Fnac et testé dans sa version Xbox Series X. Puisqu’on le rappelle seules les versions PC, PS5 et Series X ont été commercialisées. Les moutures destinées aux machines de la génération précédente (Xbox One et PS4, Switch) ne sortiront que vers le début du mois d’avril. Patience !
Bien qu’il ne soit sorti que sur les machines estampillées 4K Ultra HD, ce Hogwarts Legacy qui carbure à l’Unreal Engine n’emploie que la quatrième version du moteur graphique. Increvable ! Afin de justifier cette sortie anticipée sur les bécanes les plus puissantes, le jeu implémente tous les raffinements technologiques que l’on attend de nos consoles de salon : Ray Tracing, rendu HDR et 4K. Dans ces conditions sur Series X le jeu en mettait plein les mirettes au détriment d’une animation moins fluide. Rassurez-vous en privilégiant la fluidité, plutôt que la finesse du rendu, le jeu s’est montré parfaitement jouable et parvenait à coller malgré tout des petites claques par la beauté de l’architecture et des décors intérieurs d’un Poudlard plus vrai que nature ! Les textures sont fines, les environnements détaillés, les effets d’éclairages réussis, les peintures comme les bas-reliefs sont animés et la plupart des principaux protagonistes bénéficient de modélisations soignées. En revanche leurs animations sont parfois déroutantes comme lors des duels ou les vaincus restent figés comme des balais tandis que le combat fait rage. Rien de rédhibitoire, même si l’aspect le plus irritant réside sans doute dans les temps de chargement entre les différentes parties du château qui obligent à poireauter trois voir cinq bonnes secondes environ devant chaque porte. J’imagine déjà la frustration des possesseurs de PS4 et Xbox One qui sont restés au bon vieux disque dur des familles. Ouvrez l’œil les développes sont amusés à recréer certaines séquences vues dans les films à l’aide du moteur du jeu. Hogwarts Legacy propose une expérience un brin cinématographique lors des cinématiques, il en est de même pour les doublages. Ils sont d’un très bon niveau même si parfois notre avatar semble sortir une réponse un brin trop générique ou pas vraiment dans le contexte. Excusez-le ! Coté ambiance en revanche, c’est un sans-fautes. Entre les murmures de fourchelangue, les commentaires des portraits bavards ou des bruits flippants dans les bois sinistres et cavernes glauques la réalisation sonore a été vraiment bichonnée. Quant à la bande-son, elle ne reprend pas (exactement) les splendides thèmes composés par John Williams mais offre des reprises et thèmes plus originaux. Du bonheur pour les esgourdes de moldus.