Passage sur le grill en express pour un jeu qui n’était pas vraiment attendu. La faute à un genre le plus souvent réservé à une élite de tacticiens adeptes de confrontations au tour par tour aux déplacement murement réfléchis. Souffler n’est pas jouer !
Alors qu’il se prépare à dégainer une énième version du fabuleux Nier Automata sur Switch et en attendant l’arrivée du remake de Crisis Core, SquareEnix n’oublie pas de dispenser auparavant une dose de RPG à toutes les plateformes. « Bonne nouvelle » leur dernier jeu paru vers la fin du mois de septembre a débarqué sur l’ensemble des bécanes du marché (sur Switch, PC et bécanes NextGen) y compris sur la vieillissante XboxOne et même sur PS4. DioField Chronicle lorgne résolument du côté de la stratégie… un brin tactique. On remercie évidemment son éditeur Square Enix d’avoir transmis un code pour ce jeu qu’on a pu essayer en solitaire sur PlayStation4. Chargez !
Inutile de réviser vos classiques ! Précisons d’emblée que DioField Chronicle ne semble pas descendre en droite ligne des franchises les plus populaires de l’éditeur Tokyoïte bien qu’il se déroule aussi dans un univers Medieval Fantasy, entre mysticisme et modernité. Ainsi oubliez Final Fantasy, Dragon Quest et toutes ces licences qui captivent les joueurs depuis des décennies ! Bien qu’il repompe un peu le chara-design et l’univers, attendez-vous à découvrir une nouvelle histoire, une galerie de persos inédits et un nouveau monde ! Rassurez-vous ces nouveaux protagonistes et antagonistes débordent de charisme – du moins lors des cinématiques – et il s’agit de suivre l’épopée d’une escouade de guerriers (constitué chevalier, assassin, archer, mage…) à travers moult missions en territoire ennemi. En effet pour mener à bien un objectif il faut crapahuter à travers une map en terrassant toutes les unités adverses, survivre à des vagues d’assauts en repoussant les assaillants ou en défendant une position. Soigner sa prestation (achever une mission sans perdre d’allié, et en un temps limité…) confère des bonus en espèces sonnantes, des composants nécessaires à l’amélioration de l’équipement voire aussi des Points de Compétence. D’ailleurs lors de la montée en niveau on peut aussi améliorer la puissance ou étoffer les talents de son héros via un inévitable arbre de compétence, optimiser son armement, améliorer les invocations de créatures. En toute franchise on s’y perd ! L’aspect le plus irritant de ce jeu réside sans doute dans la nécessité de se manger de nombreux menus et sous menus entre deux missions. L’expérience s’avère parfois frustrante et lourdingue à mon goût surtout quand les personnages se payent le luxe d’être bavards lors des briefings ou à l’occasion de cinématiques employant le moteur du jeu. C’est vraiment dommage, car DioField Chronicle ne fait pas l’erreur de nous accabler en cours de partie par sa prise en main. Un très bon point !
Le jeu opte plutôt pour une maniabilité accessible aux néophytes comme aux allergiques de la Stratégie Tactique. Ainsi on bouge indépendamment chacune des unités en essayant de prendre à revers les ennemis afin de leur infliger plus de dégâts qu’en les attaquants de face. En trépassant les opposants laissent échapper des items qui lorsqu’on les ramasse permettent au groupe de regagner un peu d’énergie, de mana. Contrairement à d’autres jeux du genre nul besoin de composer avec des Points d’Action ou du tour par tour. Le titre se joue en temps réel mais impose de composer avec un cooldown qui vient tempérer l’usage des attaques spéciales, une jauge de mana et un timer. En sus d’user à outrance des attaques de base et des attaques spéciales et autres sortilèges, nos héros ont bien d’autres moyens pour se défaire des légions d’ennemis qui se dressent en travers de leur route. Ils peuvent ainsi faire sauter des tonneaux d’explosifs, attirer les contingents adverses vers des tourelles ou invoquer de gigantesques créatures (Béhémoth, Fenrir…) afin d’attaquer plus d’ennemis simultanément ou soigner les alliés situés dans une zone. Le résultat des invocations à l’écran est parfois plus spectaculaire que vraiment efficace. Et puis on aurait aimé pouvoir tirer parti des éléments du décors pour se protéger des attaques adverses. Heureusement la maniabilité en (semi) temps réel permet d’esquiver les attaques adverses en visualisant le périmètres/rayon du prochain coup qui se prépare à être lancé. Voilà qui est bien pratique ! Le jeu aurait aussi épargné quelques sueurs froides s’il avait permis d’employer des potions de vie et de mana à tire larigot… inutile d’en garnir l’inventaire ce n’est malheureusement pas le cas. Plus accessible que d’autres jeux du genre, alors oui, mais …
Comme la plupart des productions de chez Square Enix, DioField Chronicle est visuellement soigné puisqu’il offre des théâtres des opérations détaillés comme de splendides maquettes, et des environnements lointains baignant dans un joli effet de bokeh (flou). Et, il s’avère aussi généreux en effets pyrotechniques le bougre ! Entre deux missions, il invite à crapahuter dans d’étroits repaires en contrôlant un héros flanqué d’animations à la raideur toute cadavérique. Rien de frustrant puisqu’il s’agit de réaliser dans ce lieu très cosy des emplettes ou tailler le bout de gras avec d’autres persos ou figurants pour débloquer l’accès à des missions principales ou secondaires. En cours de partie, sur le champ de bataille on peut zoomer ou dézoomer sur l’action afin d’anticiper les mouvements des adversaires. Le niveau de zoom n’offre pas de juger de la “finesse” des modélisations, hélas puisque la caméra reste perchée à une hauteur plutôt … haute. Et puis histoire d’offrir une lisibilité maximale, le jeu permet évidemment de changer l’orientation de l’écran/caméra par le biais du stick droit. Quant à la plupart des informations essentielles, relatives à l’état de santé et à la jauge de mana des membres de notre escouade, elles sont affichées en permanence lors des affrontements. Pratique, mais gare, dans le feu de l’action cela n’empêche pas de laisser un allié trépasser lamentablement. S’il offre des textes et menus intégralement en français, notez que les voix ne sont disponibles qu’en anglais ou en japonais. Une façon sans doute de mieux apprécier les splendides thèmes épiques composés (notamment) par Ramin Djawadi, qui œuvre habituellement sur les BO de Game of Thrones ou WestWorld. Du bonheur pour les cages à miel !