Souvent raillé, rarement égalé, en matière de compilations Capcom a cet incroyable talent pour recycler ses productions d’antan au nom de la nostalgie. Et cette fois l’éditeur d’Osaka nous a mitonné un petit best of qui met le focus sur ses jeux de bastons sortis en arcade. Les amateurs de castagne seront aux anges ? Alors oui… et non. Test Express !
Réfrénez donc cette envie de pousser un long soupir : je vous ai entendu ! Mettons d’emblée les choses au clair. Même si elle se focalise sur les jeux de combat sortis sur ses bornes d’arcade CPS, Capcom n’a pas limité le contenu de la compilation à Street Fighter 2 et ses multiples déclinaisons. Ainsi elle a le bon goût de ne proposer que Hyper Street Fighter 2, qui incarne la mouture définitive, la quintessence de la seconde révision parue à l’occasion du quinzième anniversaire de la franchise. Point. Par conséquent, oubliés les Street Fighter Alpha, les Street Fighter III et autres opus en 3D. À la place le jeu offre une dizaine d’autres Beat Them All, dont cinq volets de « DarkStalkers », deux Spin Off de Street Fighter (un puzzle game et un jeu de combat choupinesque), puis deux titres plus originaux, CyberBots et RedEarth dont on reparlera plus bas.
Pour les 35 ans de la franchise Street Fighter, Capcom met donc à l’honneur la saga DarkStalker dans cette compilation. Remplacez vos combattants de rues par des créatures fantastiques (vampire, momies, sasquatch, loup-garou…), rajoutez une bonne dose d’humour et enrobez le tout par un graphismes cartoonesque puis une prise en main proche d’un Street et vous avez alors une vague idée du programme offert par ces cinq jeux. Ces titres (DarkStalkers, Vampire Hunter, Vampire Savior…) sont sortis à l’époque sur Saturn et PlayStation, ils proposent une belle palanquée de combattants charismatiques ou loufoques qui s’affrontent dans des décors détaillés (pour l’époque des 32bits) et assez joliment animés. Des petites pépites gothiques qui, selon les épisodes, ont plus ou moins bien vieillies.
Quand j’affirmais qu’Hyper Street Fighter 2 était le seul Street de la compile « c’était vrai… enfin d’un certain point de vue » comme dirait Obi-Wan Kenobi à un Luke Skywalker furibard d’avoir découvert l’identité de son géniteur. En effet Super Gem Fighter Minimix est un jeu de baston au chara design SD (Super Déformed) comme c’était la mode au milieu des années 90. Voilà un titre adorable, coloré et qui regorge d’animations déjantées en arrière-plan. Sympa et rafraîchissant en cette période de forte chaleur, à l’instar du Super Puzzle Fighter II Turbo qui lui est un jeu de réflexion digne d’un Columns mettant en scène les persos de Street Fighter Alpha et Dark Stalkers où il s’agit de réunir de gros blocs de gemmes afin de les envoyer sur l’écran de jeu de l’adversaire. Une façon sympa de faire frétiller ses neurones, même s’il ne s’agit pas de castagne à proprement parler.
Pour achever ce tour du proprio et des jeux dispos abordons maintenant les deux titres restants qui s’avèrent plus « exotiques », car moins connus que les autres productions citées précédemment : RedEarth et CyberBots. Débutons par ce dernier qui est sous-titré Full Metal Madness est un jeu de castagne sorti en arcade et sur les consoles 32bits de l’époque (PSX et Saturn), il s’agit du prologue au Kikaioh / TechRomancer sorti en arcade et Dreamcast quelques années plus tard. Il fait la part belle aux combats de mechs et propose une expérience assez différente d’un Street Fighter de par la « destructibilité » des combattants mécaniques et des décors. Le second jeu totalement inédit, est connu au Japon sous le titre de Warzards, se veut comme un jeu de combat dans un univers Heroic Fantasy où l’on affronte de gigantesques créatures mythologiques (harpies, chimères, tyrannosaure…) issues de différents folklores. Une sorte de Monster Hunter avant l’heure mais en 2D vue de profil et dont la sortie s’était cantonnée aux seules bornes CPS3 du Japon. Notez que le jeu est doté d’une dimension RPG, il propose une montée en niveau au fur et à mesure des affrontements. Côté réalisation, il zoom et dézoom sur l’action un peu comme les productions de l’âge d’or de SNK ou Marvel Vs Capcom en son temps. D’ailleurs j’en profite pour signaler que pour une compilation dédiée à la baston, il est frustrant de ne pas trouver Marvel Vs Capcom (justement), Marvel Super Heroes, XMen, Tatsunoko VS Capcom ou même un crossover contre l’écurie SNK… une question de droits sans doute. Toujours au rayon des absents on ne peut que déplorer l’absence de Power Stone, Star Gladiator voire d’un ou deux Beat Them Up tels Final Fight ou Cadillac & Dinosaurs. Ne me dites pas que ce n’est pas dans la thématique dans la compilation puisque l’on se coltine bien un puzzle game !
Pour la partie technique, pas question de juger individuellement chacun des jeux sortis sur les bornes d’arcade CPS de première, de seconde et troisième génération. Ces titres issus de l’arcade (presque vieux de trente ans) n’ont consentis à aucun sacrifice pour être transposés dans cette compilation. Dans l’ensemble c’est assez joli et ça tourne bien, même si je n’accroche décidément pas à la palette de couleurs du Hyper Street Fighter II ! Attardons-nous en revanche sur l’émulation en elle-même. Testé sur Xbox Séries X grâce à un code fourni par Capcom, cette compilation a le mérite de proposer quelques fonctionnalités bienvenues comme celles de modifier le rendu graphique (proportion de l’image, scanlines…), les paramètres de difficulté ou et de rounds gagnants pour chaque jeu. Sympa ! Et comme n’importe quel émulateur, il propose aussi de consigner la progression par l’intermédiaire d’un point de sauvegarde rapide. Non, il ne s’agit pas d’une faute de frappe, en revanche cela relève de la faute de goût de ne pas offrir des points de sauvegardes rapides différents pour chaque titre. La compilation Capcom Arcade Stadium sortie l’an dernier proposait de multiples slots de sauvegarde instantané et offrait en sus la possibilité (pour les plus perfectionnistes) de manipuler le temps à sa guise : quelle régression ! Il faut croire que les compilations se suivent chez Capcom mais ne se ressemblent pas ! Un mot enfin sur les langues. Si les menus sont en français, les jeux sont soit en japonais ou en anglais. Inutile de crier au scandale, puisqu’il s’agit juste d’enchaîner les quarts de cercle avant ou d’empiler des gemmes colorés : La base !