En attendant l’arrivée de la seconde partie des aventures de Cloud Strife et de sa bande, Square Enix propose de remonter aux origines les plus pixelisées de la saga … pour patienter.
On a souvent raillé des éditeurs comme Capcom, Sega voire aussi (et surtout dirait Michel) Nintendo pour leur propension à recycler sans vergogne leur catalogue à chaque génération de machine. C’est un peu oublier nos amis de Square Enix qui ne manquent jamais une occasion d’exploiter l’inépuisable filon de la saga Final Fantasy soit par le biais de Spin Of, de Remakes et évidemment (comme c’est désormais la mode) de Remasters. Square Enix nous a ainsi proposé de passer la gamme Pixel Remaster sur le grill par l’intermédiaire du sixième opus de la franchise Final Fantasy. Pour la petite histoire, rappelons que cette saga qui avait vu le jour sur Famicom (NES japonaise) a poursuivi sa carrière sur les SNES (US) et surtout sur les Super Famicom japonaises. Final Fantasy a connu la consécration à l’international – y compris sur notre continent jusqu’alors négligé – grâce au 7ème volet sorti en 1997 sur PlayStation (puis sur PC), esquivant ainsi poliment la N64 de Nintendo. À moins d’avoir été un inconditionnel des boutiques import du Boulevard Voltaire durant les 90’s, “rares” sont les joueurs qui ont pu s’essayer en 1994 à ce sixième volet de Final Fantasy paru sur SNES et Sufami… à l’époque on le répète. On se doute bien que depuis les fans de la saga ont dû s’essayer aux nombreuses ressorties sur PlayStation, consoles virtuelles et autres portages parus sur mobile ou tablette. Avec sa gamme Pixel Remaster, Square Enix a procédé à un lifting plus ou moins timide des jeux parus sur les machines 8 et 16bit.
Final Fantasy VI propose de suivre les péripéties d’une magicienne de l’Empire, Terra, en proie à une perte de mémoire après une rencontre avec une mystérieuse créature chimérique. Traquée par ses anciens “employeurs” elle est rapidement secourue par Lock, le roi Figaro et des rebelles. À l’instar des autres volets, ce RPG offre aussi de tailler le bout de gras avec des villageois et commerçants (pour s’offrir des potions, armes et pièces d’équipement), de s’aventurer dans des donjons et de crapahuter à travers des territoires plus vastes. Méfiance lors des phases d’explorations les mauvaises rencontres sont fréquentes. Ces guet-apens débouchent sur des confrontations au tour par tour loin des combats plus dynamiques des FF XV et FFVII Remake. Ici on se borne à contrôler alternativement chaque perso de l’escouade pour lancer une attaque de base ou magique sur un ou plusieurs ennemis et à employer un item ou sort curateur sur un allié en détresse. Ces combats imposent de composer avec une jauge de ATB qui vient rythmer les combats. Comprenez qu’il faut attendre que la jauge soit remplie pour que le perso puisse “agir”. À regret, le jeu ne propose pas une option pour réduire le nombre d’affrontements. Les combats peuvent se dérouler automatiquement mais n’espérez pas l’emporter pour autant… l’IA n’a pas l’intelligence d’utiliser une Queue de Phenix pour ramener un allié tombé au champ d’honneur. C’est d’autant plus frustrant que l’on bascule souvent vers ce mode de combat involontairement (sur PC en tout cas) par une pression de la touche B habituellement dévolue à l’annulation d’action dans les menus. Que les aventuriers les plus étourdis se rassurent. Le jeu permet heureusement de consigner la progression via des emplacements de save instantanée sans avoir besoin d’être à un point de sauvegarde spécifique. Ces derniers ont néanmoins l’avantage de recharger l’énergie et la mana des persos qui peuvent se taper un roupillon dans une zone sécurisée en utilisant une tente ou sac de couchage (à usage unique).
Remaster d’un jeu Super Nintendo oblige, cette resucée de FF VI se veut fidèle au matériau d’origine. Oubliez les remakes 3D des Final Fantasy III et IV parus à l’époque sur mobile et portés depuis sur PC (Steam). Dans l’ensemble, l’expérience est identique à l’original, les différences peuvent paraître subtiles mais sont bien présentes. Testé sur PC par l’intermédiaire d’un code fourni par l’éditeur, le jeu peut se satisfaire d’un Corei3 (ou équivalent de chez AMD) de seconde génération et de son circuit graphique, Intel HD 3000. Ce Pixel Remaster tourne évidemment en HD 1080P en format 16/9 sans être flanqué d’hideuses bandes noires sur l’écran ou des sprites étirés. La nouvelle cuvée de FF6 foisonne ainsi d’effets graphiques (éclairages, climatiques, textures, eaux…) qui s’intègrent parfaitement à l’œuvre d’origine. En revanche l’écran de crédits servant d’ouverture au jeu semble bien vide sans afficher le nom de ses prestigieux créateurs. Dommage mais ne restez pas bloqué sur cette mauvaise entrée en matière… ni sur l’horrible police d’écriture – manquant d’épaisseur – employée par ce Remaster pour ses dialogues et menus. Ceux qui aiment la jouer vieux jeu seront sans doute ravis de pouvoir appliquer un filtre cathodique au rendu afin de gommer les pixels les plus disgracieux. Joli et pratique ! Si le rendu graphique a profité d’un lifting (plus ou moins prononcé), du côté des musiques les thèmes réorchestrés sont plus limpides que les ziks produites par le chip sonore de la SNES. Enfin dernier bon point, inutile de potasser vos verbes irréguliers ou vos kanjis, le jeu bénéficie d’une excellente traduction en français pour ses textes, ses menus… et certaines de ses voix. Du bel ouvrage !