Les rumeurs traînaient ces derniers jours. C’est donc désormais officiel. Valve que vous connaissez certainement pour sa plateforme Steam s’attaque au marché des consoles avec son Steam Deck – à ne pas confondre avec le Stream Deck d’Elgato qui n’a aucun rapport ^_^.
Autant vous le dire tout de suite, ce Steam Deck est un peu la Switch Pro qu’on espérait chez Nintendo. Elle reprend à la console de Nintendo le concept à savoir un écran de 7″ tactile offrant une résolution de 1280 x 800 (soit un peu plus que le 720p de la Switch). Les contrôles se situent de part et d’autre de l’écran et on retrouve les classiques sticks analogiques pleine taille comme sur les pads des consoles (et non les bitoniaux riquiquis de la Switch). On a également les 4 gâchettes traditionnelles sur la tranche. Mais contrairement à la Switch et aux pads de base de la majorité des accessoiristes et des constructeurs, le Steam Deck possède également deux trackpads avec une latence améliorée par rapport au Steam Controller ainsi que des 4 boutons sous la machine comme les palettes des pads pro. Cela est un bon point pour avoir un maximum de choix dans les contrôles.
A l’intérieur, Valve a travaillé avec AMD pour développer un APU intégrant un CPU à architecture Zen 2 pouvant atteindre les 3,5GHz et un GPU à architecture RDNA 2 présentant 8 CUs allant jusqu’à 1,6GHz. Le Steam Deck embarque 16 Go de RAM LPDDR6. La machine possède un port pour carte microSD histoire de pouvoir facilement augmenter la capacité de stockage. Un port USB 3.2 Gen 2 type-C est également disponible. Vous pourrez ainsi lui adjoindre toutes sortes d’accessoires et de périphériques dont un hub USB. Il pourra également servir pour relier le Steam Deck à un écran externe. Valve a prévu un dock comme sur la Switch mais sera proposé ultérieurement curieusement.
Le Steam Deck étant intrinsèquement un PC, Valve a eu la bonne idée de ne rien bloquer. S’il est livré avec SteamOS 3.0 installé et permet d’utiliser Steam avec une interface optimisée, vous pouvez très bien y installer un autre OS que ce soit un Windows ou un Linux si cela vous chante. En soi, cette « console » est donc plutôt destiné à celles et ceux qui possèdent déjà une belle logithèque Steam ou celles et ceux qui veulent emporter leurs jeux PC partout. Toutefois, de part les caractéristiques et malgré l’autonomie annoncée de 7-8h sur un usage de navigation web et sur des titres « légers », il est fort probable que le jeu mobile sans chargeur USB ne puisse durer bien longtemps. Il faudra voir une fois la console en main pour se faire une idée de l’autonomie réelle. Sur des titres AAA, à mon avis, on pourra guère dépasser les 2-3h maximum.
Cette machine sera proposée en 3 modèles. Le moins cher, 419€ tout de même, embarque 64Go de stockage eMMC moins rapide. Les deux modèles supérieurs embarquent respectivement 256 Go et 512 Go de SSD NVMe PCIe Gen 3 x4 avec des tarifs respectivement de 549€ et 679€. Un étui de transport est proposé pour les trois modèles. Les deux derniers ont en plus un bundle de profil exclusif de la communauté Steam et le modèle le plus cher bénéficie d’un traitement antireflet de qualité supérieure sur l’écran. Les précommandes ont débuté hier le 16 juillet à 19h. Les premières livraisons débuteront en décembre 2021. Au moment où j’écris ces lignes, les précommandes ne seront désormais livrées qu’au premier trimestre 2022.
Si vous permettez de donner mon avis, je suis plus que sceptique sur le marché de ce Steam Deck. Il me semble qu’en raison des capacités et son côté « cul entre deux chaises », le Steam Deck s’adresse à une niche. Je vois bien – et j’ai déjà des contacts autour de moi intéressés – son usage pour de la bidouille ou transformer cela en console de rétrogaming avec les nombreux émulateurs disponibles sur PC. Avouez que cela tient d’une solution de luxe tant on peut trouver des consoles émulation peu chères de nos jours. Au moins Valve n’a rien bloqué et on pourra donc y installer ce qu’on veut.
J’ai par contre bien plus de doutes sur un véritable usage de jeux PC sur un écran finalement minuscule. Aucun titre PC n’est prévu pour être affiché sur un écran aussi petit. Il faudra sans doute y aller à la loupe sur certains titres pour réussir à lire les textes éventuelles. A l’instar de la Switch, cette « console » me semble plus destiné à la découverte en déplacement de titres indépendants nécessitant souvent une puissance moindre. Mais jouer à des titres AAA qui peinent déjà sur des portables PC, je doute vraiment de l’intérêt. Et je ne parle même pas du tarif dès lors qu’on opte pour un stockage SSD plus important pour voir installer les jeux. A 679€ pour la version 512 Go, on n’est plus très loin de portables PC gaming de performance supérieure avec un écran plus grand.
Si un nouvel appareil suscite toujours une certaine excitation auprès des geeks, il faut aussi analyser cela à tête reposée en tenant compte du marché et de l’aspect industriel. Et sur ces points, il me semble que le Steam Deck soit dans une position un peu bancale. Car après l’excitation des geeks fortunés – Valve réussira à en vendre quelques dizaines ou centaines de milliers d’exemplaires à cette audience niche – je vois mal Valve réussir à toucher un public plus large comme la Switch. De ce fait, comparer le Steam Deck avec la Switch n’a aucun sens que ce soit du point de vue technique ou industriel.
Je ne peux m’empêcher d’y voir la quasi-obsession de l’industrie PC de proposer un appareil ultra-mobile avec des échecs retentissants comme les fameux UMPC de l’époque. Et n’en déplaise aux fanatiques de l’architecture X86/X64, leur usage en ultra-mobile me semble des plus compromis face à la montée en force de l’architecture ARM voire même plus généralement du RISC – je pense notamment au RISC V qui intéresse de plus en plus de compagnies y compris Intel – qui permettent ou permettront des performances et des possibilités de personnalisation des processeurs et SoC pour une consommation électrique moindre.
Bref une affaire à suivre. Rendez-vous en 2022 pour voir si mon pronostic va se vérifier 😉