Avant de s’attaquer à une nouvelle génération de machines, Ubisoft livre enfin le troisième volet de sa « nouvelle » franchise. Le petit dernier s’est bien fait désirer le bougre ! Et honnêtement après un report on n’y croyait plus…
Quel est le point commun entre Watch Dogs premier du nom et le dernier rejeton de la saga ? Ces deux volets ont pour particularité de faire le pont entre deux générations de machines de salon. Si le bénéfice était visible lors de la sortie du premier opus (les PS4 et Xbox One étaient sur le marché depuis plusieurs mois), ce n’est malheureusement pas le cas pour ce troisième volet. En effet, ce jeu d’action/infiltration à la troisième personne sort deux petites semaines avant l’arrivée de la relève des consoles de salon. Pour l’occasion le jeu a été testé avec une version commerciale sur Xbox One S et Xbox One X achetée en magasin et aussi sur PS4 Pro par le biais d’un code envoyé par l’éditeur. C’est parti !
Oubliez les Etats-Unis ! Terminées les folles virées à tombeau ouvert à travers les rues de ‘Frisco et Chicago. Bienvenue au pays de sa gracieuse majesté, bienvenue à Londres ! Enfin pas sûr que la monarchie tienne encore les rennes de cette Angleterre dystopique ! La perfide (milice) Albion assistée par le – désormais tristement célèbre – CTos de Blume font régner la loi et l’ordre dans les rues de la capitale britannique après une série d’attentats explosifs orchestrés par… DedSec. Rassurez-vous, c’est un mystérieux groupe de hackers, Zero Day, qui cherche à faire porter le chapeau melon à la division londonienne de nos pirates préférés. Une fois encore, le titre invite à accomplir une succession de missions disséminées aux quatre coins d’un monde ouvert. Un terme un brin exagéré puisqu’on se limite au seul périmètre urbain de la City. Par conséquent, pas question de s’aventurer dans la campagne anglaise. A l’instar d’un Assassin’s Creed Unity (voire plutôt Syndicate), Watch Dogs Legion propose une reconstitution minutieuse de la ville et on reconnaît les spots les plus emblématiques au premier coup d’oeil. Revers de la médaille, le terrain de jeu semble plus étriqué que celui de ces prédécesseurs. Londres est constitué d’une multitude de ruelles à sens unique et de virage serrés pas hyper propices aux excès de vitesse… et pourtant difficile de ne pas mettre le pied au plancher lorsqu’on se retrouve avec les bagnoles d’Albion aux trousses après avoir commis – involontairement – un délit ou en fuyant un lieu du crime ! En terme de véhicules le titre propose toujours un bel éventail de deux et quatre roues, qui vont du scooter poussif au bolide surpuissant en passant par la fourgonnette. Le genre d’engins que l’on pilotait déjà dans Watch Dogs 2, mais ceux de Legion sont un poil plus modernes ont adopté – pour la plupart – des motorisations électriques. Mais, hélas, à la différence de son prédécesseur, ce troisième volet ne propose qu’un seul angle de caméra (vue externe) lors de nos tribulations motorisées. Oubliées les vue capot ou du tableau de bord, voilà qui s’avère moins immersif et vraiment frustrant !
Si les précédents opus avaient offert d’incarner Aiden Pierce et Marcus Holloway, deux héros qui ne brillaient pas par leur charisme (contrairement aux Assassins), le petit dernier permet de recruter et incarner n’importe quel londonien et londonienne pour grossir les rangs de DedSec. Une idée originale. Les habitants possèdent des aptitudes (hacking, combat, utilisation de drones…) qui peuvent être utiles dans ce combat contre Albion. Plutôt que de les enlever – comme dans MGS Portable Ops et PeaceWalker aussi… je crois -, il faut rallier ces citoyens à notre cause en accomplissant des missions et objectifs secondaires. Comme dit un peu plus haut, le concept est original, mais les bleu-bite fraîchement enrôlés affichent des looks assez anecdotiques. En revanche ils peuvent jouer les doublures si jamais au cours d’une mission notre personnage de prédilection est blessé ou capturé ou pour pénétrer incognito sur certains sites sensibles. Un aspect infiltration qui rappel un peu la série télévisée Mission Impossible des 60’s. Les joueurs qui veulent corser l’expérience ont la possibilité d’opter pour la mort définitive des personnages. Un concept de héros à usage unique tenté à l’époque par le sympathique survival-shooter ZombiU qui avait accompagné le lancement de… la WiiU. Il y a 8 ans déjà !
Un mot sur les missions : répétitives. Elles consistent le plus souvent à se faufiler dans un complexe sécurisé au moyen d’un « déguisement » (agent de sécurité , ouvrier de chantier…) à l’aide d’un drone araignée ou volant ou en faisant feu de tout bois. La dernière option impose d’avoir un armement efficace (donc létal) pour espérer survivre aux confrontations les plus intenses. Durant ces dernières, il faut vaincre des vagues d’ennemis lourdement armés, des drones ou des tourelles équipés de mitrailleuses. Pour obtenir de nouvelles pétoires pas question d’aller chez l’armurier du coin ! L’armement s’étoffe au fur et à mesure des recrutements, certaines recrues peuvent apporter à l’équipe des armes létales ou non létales. Les points de compétences dénichés dans les niveaux ou obtenus en fin de mission servent quant à eux à débloquer de nouvelles aptitudes. Ainsi on peut bénéficier durant un court laps de temps d’un camouflage optique, du piratage de drones adverses et l’on peut obtenir aussi quelques armes non létales et améliorer leurs efficacités. Pour conclure ce focus sur les séquences d’action disons qu’elles paraissent surannées. Au regard de ce qui se fait depuis belle lurette chez la concurrence ou même au sein du même éditeur (avec The Division), on ne peut que trouver le gameplay des phases d’action monolithique et très daté. Impossible d’arroser une zone depuis un abri en tirant à l’aveuglette, pas question non plus d’évoluer de point de couverture en point de couverture, de changer d’angle de tir – ou de fusil d’épaule – ou de ramasser les armes adverses sur le champ de bataille. Voilà qui s’avère agaçant, et ce n’est pas fini ! Proposant toujours un cocktail d’exploration (conduite), action, infiltration Watch Dogs Legion n’oublie bien sûr pas d’infliger au joueur d’ennuyeuses et répétitives phases de piratage. Durant ces dernières il faut activer des accès à des « serveurs » en redirigeant un flux de données vers des noeuds. Pas bien difficiles, ces séquences de piratage sont en revanche lourdingues lorsqu’elles se déroulent sur plusieurs étages et qu’elles nécessitent de switcher entre différents points de vue. Difficile de faire plus agaçant. Un moyen sans doute de prolonger légèrement la durée de vie de la campagne solo qui peut s’achever en une quinzaine d’heures. C’est honorable quoiqu’un peu court… mais en même temps Assassin’s Creed Valhalla doit arriver comme la Next-Gen dans un peu moins de deux semaines. Un mal pour un bien donc…
Finissons comme souvent le tour du propriétaire en abordant la partie technique du jeu. Débarquant en fin de génération, Watch Dogs Legion est censé tirer partie avec maestria des capacités de nos machines. Au vu des trailers de gameplay du précédent « E3 » cela ne semblait pas être le cas, les environnements paraissaient un brin vides et le chara-design pas aguicheur pour un sou. Rassurez-vous, dans sa version définitive le jeu a bien plus d’allure et les modélisations des édifices londoniens les plus célèbres s’avèrent soignées et magnifiées par le recours massif à l’anti-aliasing sur la One X. En revanche, et on l’a martelé précédemment, les personnages manquent le plus souvent d’allure, de charisme, hélas ! Comme dit en préambule de ce test le dernier né de la franchise Watch Dogs a été testé sur deux des machines de chez Microsoft (Xbox One S et Xbox One X). Dans les deux cas, les environnements s’avèrent détaillés, lorsqu’ils ne sont pas plongés dans le smog londonien, le titre offre de jolis effets de lumière et climatiques ainsi que des reflets assez détaillés dans les flaques et surfaces humides. Pour un peu on pourrait y voir un ersatz de Ray Tracing. Aussi, on passe de la rue à l’intérieur d’un pub ou d’un bâtiment ennemi sans temps mort. Toutefois certaines zones, comme le QG de DedSec ou les parties souterraines des repaires adverses imposent de se manger un écran de chargement… tout comme le changement d’agent. On espère que tout ça sera mieux optimisé sur Xbox Séries X et Séries S et naturellement sur PS5. Si l’animation ne souffre d’aucun reproche sur Xbox One X, en revanche le frame rate n’est pas forcément à la fête sur One S lors des phases motorisées. Le titre donne alors l’impression de manquer cruellement de fluidité lorsque l’on a le pied collé au plancher. Pire la petite One S nous a fréquemment infligé des freezes puis des retour sur l’interface de la console. En comparaison la version One X a été d’une stabilité plus exemplaire en cours de partie, même il lui est arrivé de perdre le focus sur le pad après une période d’inactivité un poil trop longue. Mais la One S comme la One X n’échappent pas à des bugs de collision assez ésotériques durant lesquels les ennemis peuvent se retrouver coincé dans le décor. Des bugs pas bien méchants, assez récurrents lors des sorties Day One des productions d’Ubisoft. Voilà pour l’expérience sur les propositions d’entrée de gamme et haut de gamme de chez Microsoft. En ce qui concerne le rendu sonore, le jeu propose quelques stations radio aux programmations variées. Difficile de ne pas se sentir grisé par l’Ouverture épique de Guillaume Tell ou par les inusables Rockafeller Skank de Fatboy Slim et Song 2 de Blur. Seul regret, Watch Dogs Legion ne propose pas une seule Zik de Queen dans sa playlist : en voilà un crime de lèse majesté ! Si le jeu possède une kyrielle de musiques assez entraînantes, les effets sonores n’en restent pas moins immersifs. Je pense notamment aux bruits des moteurs des coupés old school qui varient selon que l’on se trouve dans une ruelle étroite ou dans une artère plus large. La plupart des bruitages sont bien réalisés et côtés doublages, même durant le week-end suivant sa sortie le jeu ne propose toujours pas de pack de voix en français au téléchargement. Les voix dans la langue de Shakespear notamment celles de l’IA ou de mon héros à l’accent irlandais sont évidemment hyper soignées et les dialogues bourrés d’humour : so british ! Précisons enfin qu’à l’instar des packs de langues, le jeu ne proposait toujours pas les options multi joueur pour déguster le titre entre hackers de bonne compagnie. Lors d’une mise jour prochaine on l’espère.