Battletoads – Le crapaud qui voulait faire un effet boeuf

BLOC INFO
Date de sortie
20 août 2020
Editeur
Xbox Game Studios
Développeur
Dlala Games, Rare
Genre
Action, Beat'em all
Machines
XSX/S, Xbox One/X, PC

Le trio de batraciens le plus teigneux de la galaxie fait un retour fracassant dans une aventure complètement déjanté. La suite de leurs exploits ? On n’y croyait pas ou plus… et pourtant !

Lors de la précédente édition de l’E3 en juin 2019 Microsoft avait dévoilé pas mal des titres qui allaient sortir dans le courant de cette année. Normal. Nous avions pu découvrir notamment le trailer hallucinant de Flight Simulator – testé précédemment – mais aussi la bande annonce de Battletoads. N’ayant pas retouché à un titre de cette franchise depuis Battletoads in Battlemaniacs sorti en 1994 sur Super Nintendo, je n’attendais pas l’arrivée d’une suite de pied ferme. Honnêtement je la croyais morte et enterrée. À l’instar d’un Streets of Rage 4, le rejeton – un brin opportuniste – « de » Rare s’est doté lui aussi d’une esthétique cartoonesque pour son retour sur Xbox One et PC. Le résultat laisse un peu perplexe puisque ce Beat Them Up souffle à la fois le chaud et le froid. Explications.

Développé à l’origine par la société Rare, cette cuvée 2020 de Battletoads a été réalisé par les anglais du studio Dlala. Ces derniers avaient assisté les géniteurs de Donkey Kong Country, Perfect Dark et des crapauds bastonneurs lors du développement de Sea of Thieves. Il faut croire qu’à ce moment-là des affinités se sont créés entre les deux studios. Dlala reprend le flambeau de Rare pour nous narrer la suite des aventures des crapauds mutants vingt-six ans après leurs derniers exploits. On retrouve nos trois héros (Rash, Zitz and Pimple) tombés dans l’oubli depuis 1994, époque bénie du rock grunge et des consoles 16bit. En quête de gloire, ils se mettent en tête de retrouver la Dark Queen afin d’affronter une nouvelle fois leur vieille ennemie. Oubliée la donzelle sexy et machiavélique, celle qui était sapée – de cuir et cuissardes – comme une maîtresse dominatrice d’un donjon SM se retrouve affublée d’un look plus sage, de savant fou un brin despotique. Déception. Quant au chara-design là où celui de Streets of Rage faisait penser à un mix de Comics et Manga, Battletoads est assez similaire à un dessin animé de chez Cartoon Networks comme le Labo de Dexter. Bref c’est assez enfantin, mais paradoxalement les nombreuses cinématiques du jeu sont dotées d’un humour décapant assez mature et irrévérencieux, quant aux et dialogues ils sont bien crus… voire saignants. Va comprendre Charles !

Côté gameplay ce Beat Them Up 2D est de prime abord assez conventionnel.  On pourrait le comparer à un Streets of Rage, Double Dragon (vous souvenez-vous du crossover avec le hit de Technos ?) ou Final Fight dont il semble descendre en droite ligne. On pourrait ! Car comme les autres productions du genre, et ce depuis les temps reculés, il s’agit tout simplement d’éliminer tous les ennemis présents à l’écran afin de progresser vers le suivant et ainsi de suite. Du classique, du déjà-vu ? Oui et non ! Pardonnez cette réponse de Normand. S’il faut certes vaincre jusqu’à une douzaine d’ennemis au premier plan, il arrive que l’on doive aussi passer en arrière-plan pour coller des roustes à un groupe d’adversaires apparu au fond de l’écran… ou inversement. Le fait de passer d’un plan vers un autre ne manque pas d’originalité. Autre particularité, en solitaire, on peut alterner entre les trois héros à notre guise ou employer le même et le seul en cas de coop à croa…pardon, trois ! Si Rash est le crapaud de base polyvalent, on peut lui préférer Zitz pour son agilité et ses combos monstrueux ou opter pour Pimple le baraqué aux frappes destructrices. En sus d’affronter de la petite friture, le titre propose aussi de se frotter à des ennemis plus costauds ou dotés de compétences spéciales et il faut exploiter le potentiel de nos batraciens pour espérer survivre à ces affrontements. Exemple. Grâce à leur langue ils peuvent saisir un ennemi au loin (ou un item), cracher sur un adversaire afin de l’immobiliser, le projeter dans les airs et l’atomiser à l’aide de successions de coup de poings rageurs ou d’attaques sautées. En sus nos héros peuvent employer une esquive pour… éviter les attaques dévoilant parfois une ouverture dans la défense des adversaires les plus coriaces. Souvenez-vous en ! Bref, impossible de ne pas jubiler en collant des successions de mandales ou de gigantesques coups de tatanes aux ennemis qui décollent dans tous les sens, un peu comme un adversaire éjecté d’une arène de Smash Bros ou un légionnaire romain dans Astérix. Histoire de parfaire le tableau de ce carnage jubilatoire, le titre est constitué de phases de plateformes, et il propose fréquemment entre les levels des séquences de Shoot Them Up ou de “pierre/feuille/ciseaux” fun à souhait. Sympa ? Oui mais les tableaux traînent inutilement en longueur, et le rythme du jeu s’en retrouve pénalisé. S’il n’est pas rare de s’ennuyer, les développeurs ont cru bon de rallonger artificiellement la durée de vie du jeu, en collant en sus des puzzles/mini-jeux répétitifs pour ouvrir des portes. Mais le zénith de l’ennui est atteint quand notre trio se retrouve embarqué dans une séance ”interminable” de bobsleigh qui combine jeu de “rythme” et plateforme façon rollercoaster. Les meilleures blagues sont les plus courtes !

Achevons ce rapide tour du proprio en parlant de la réalisation ! Graphiquement Battletoads est loin d’être vilain. Son rendu cartoonesque et enfantin fait furieusement penser à Rayman Legends. Le titre possède des environnements aux premiers plans et arrière-plans parfois très détaillés et colorés qui -hélas- nuisent parfois à la bonne lisibilité de l’action quand ça bastonne sec en fond de court. Une des autres faiblesses, moins grave, se situe au niveau de l’animation, qui aurait sans doute gagné à avoir davantage d’étapes pour donner un peu plus de consistance aux mouvements des batraciens. Enfin le chara-design des ennemis ne marque pas les esprits ! Le bestiaire parait échappé d’une petite boutique des horreurs avec ces légions de créatures aliens qui ne ressemblent à rien. Testé sur PC dans sa version GamePass, le jeu développé sous Unity tourne comme une horloge sur un petit PC à base de Ryzen 5 2500U et GTX 1050 en 1080P. Et malgré un nombre d’ennemis assez impressionnant affiché à l’écran, l’action ne faiblit pas. Nos rétines ont été relativement satisfaites par ce Battletoads quant à nos tympans, ils ont plutôt apprécié les riffs de métalleux qui composent la bande-son. Et en ce qui concerne le doublage des crapauds en anglais, les voix sont parfaites ! Et comme évoqué plus en amont de la review l’humour décapant qui-parle-mal-de-la-bouche ne le destine pas à un jeune public.

Battletoads – Le crapaud qui voulait faire un effet boeuf
CONCLUSION
Loin d’être parfait, car plombé par d’innombrables longueurs et un gros manque de rythme, voilà un joli remember “tout juste” sympathique d’une licence mythique... oubliée. À réserver aux plus nostalgiques !
Les plus
Graphiquement le jeu ne manque pas de charme
Des mini-jeux fun parfois pas désagréables
De la baston fun et bourrine à souhait
Les moins
… des castagnes en arrière-plan qui virent au pugilat
Un gros manque de rythme
Des puzzles assez répétitif et ennuyeux
6.8