Encore sous le choc de la sortie de Resident Evil 3, accaparé par l’arrivée de Nier Automata sur Xbox One et des parties endiablées de Call of Duty Warzone (en multi), votre serviteur était un peu sous l’eau lors de ses moments de solitude. D’ailleurs attrapez votre masque, vos palmes et votre tuba, et préparez-vous à plonger à vingt-mille lieues sous les mers avec le test express d’un petit jeu vraiment sympa !
Entre les remakes, les suites sans fin des licences les plus juteuses, on reproche toujours à Capcom de ne jamais faire preuve d’originalité. Hélas, la mémoire du joueur est bien cruelle, et il est fort probable que Shinsekai into the Depths ne marque pas les esprits. La preuve, le titre est sorti depuis quelques mois déjà (mi-septembre 2019) sur l’Apple Arcade, accompagnant d’ailleurs le lancement du service vidéoludique de la firme de Cuppertino. Avouez qu’il était aussi passé en dehors de votre couverture sonar ! Surprise, le jeu est porté sur la petite Switch de Nintendo et l’expérience qu’il procure s’avère assez rafraichissante. Allez, on plonge dans le grand bain ?
Comment définir Shinsekai into the Depths ? Allez, on se mouille ! Par facilité, on peut le qualifier de MetroidVania. Terme un peu fourre-tout pour parler d’un jeu dont le déroulement non-linéaire combine la plateforme en 2D (ou en 2,5D ici) à l’exploration. La nouvelle production de Capcom pousse le concept encore plus loin puisqu’elle y intègre aussi une légère touche de survie. Explications. Le héros dont on suit les péripéties est un Aquanaut, un mystérieux scaphandrier coincé dans les profondeurs de l’océan après avoir échappé de peu à une catastrophe. Lors de son périple subaquatique, il va s’aventurer de plus en plus près du plancher océanique et crapahuter dans des galeries très étroites. Pour lui permettre de supporter la pression et donc d’accéder à de nouvelles portions de niveaux situées plus “bas”, le jeu invite à glaner (ou plutôt à extraire de la roche) des éléments bien précis qui vont servir à augmenter la résistance du scaphandre. De plus, à l’instar des plongeurs, notre héros dispose d’une réserve d’oxygène limitée qui peut être remplie en se réfugiant dans de rares poches d’air ou comme Sonic dans la Labyrinth Zone (et d’autres niveaux aquatiques) en se plaçant sur des geysers d’où émanent des “bulles d’air”.
Si ce périple sous l’océan débute en solitaire, on se retrouve vite épaulé par un sympathique drone. Ce dernier sert surtout à dénicher et à ramener des bouteilles d’oxygène supplémentaires dissimulées dans les niveaux et différentes sortes de composant nécessaires… voire parfois inutiles. Afin de gagner en autonomie on récupère un sous-marin de poche. Ce submersible aux allures de poisson vache, permet d’explorer les passages les plus larges et forer les parois sans craindre de manquer d’air (pourvu que l’on reste à portée de l’engin) et en toute sécurité. Comprenez par-là que le monde du silence est dangereux car peuplé de bestioles et poiscailles assez agressives. Pour calmer les ardeurs des murènes, des requins lutins, des gambas hypertrophiées et autres cénobites belliqueux rien ne vaut quelques coups de crochet ou de tirs de harpons bien placés. Gare les dommages encaissés lors des mauvaises rencontres endommagent vos bouteilles d’oxygène. Heureusement les ingrédients que l’on récolte et que l’on mine au fur et à mesure de notre aventure permettent de rafistoler ou réapprovisionner les réserves d’airs, de fabriquer des consommables et munitions ou d’améliorer les aptitudes physiques de notre Aquanaut.
On peut difficilement reprocher au gameplay de Shinsekai de manquer de profondeur. Hohoho ! Même si une certaine impression de “déjà-bu” (pardonnez le jeu de mot pourri) émane de nos tribulations aquatiques. À mesure que l’on s’enfonce vers les ténèbres, on se retrouve opposé à de nouvelles contraintes. Dans les abysses, le bestiaire gagne en dangerosité, les points de recharge d’oxygène se raréfient et il devient impératif de mieux gérer cette précieuse denrée qui fait office d’énergie mais aussi de carburant. Ainsi le scaphandre de notre héros est équipé d’une sorte de JetPack subaquatique. Cet engin le propulse à une vitesse assez folle à travers les dédales de coraux ce qui lui épargne le contact avec certains pièges ou confrontations. Mais gare à ne pas en abuser ! En sus de puiser dans les réserves d’airs, il arrive que l’on perde le contrôle en endommageant voire en perdant au passage une bouteille d’oxygène. Gardez le contrôle et évoluez prudemment. Plus facile à dire qu’à faire, on observe parfois un très léger temps de latence dans les déplacements de notre scaphandrier… surtout lorsque l’animation semble parfois accuser un coup de mou.
Techniquement ce Shinsekai est somptueux et vivant. On croise dans les fonds marins des bancs de poiscailles, des myriades de micro-organismes (planctons) qui se tapent l’incrust’ au premier plan et bien sûr différentes sortes de créatures marines belliqueuses. Quant aux arrières plans qui beignent dans le flou, lorsqu’ils ne montrent pas les vestiges d’une civilisation décadente et oubliée, ils laissent entrevoir un splendide requin baleine qui vaque tranquillement à ses occupations. Sous l’océan, la “flore” est évidemment assez luxuriante et les décors sont magnifiquement mis en valeurs par des effets d’éclairages naturels ou artificiels tout aussi réussis. Au lancement du jeu, le titre invite le joueur à employer des écouteurs pour s’immerger davantage dans cette odyssée sous-marine. La bande-son comme les effets sonores sont certes soignés, mais la durée assez limitée des boucles musicales rendent parfois un peu marteau. Le jeu est en français dans le texte et l’expérience se savoure aussi bien avec la Switch en mode portable qu’enfichée dans le dock et branchée sur la télé.