Comme les aventures des casseurs de fantômes avaient fait bonne impression en 2009, on éprouvait une certaine joie de pouvoir y rejouer grâce à un remaster taillé pour nos machines Ultra HD. Dix ans plus tard c’est toujours l’adaptation parfaite ou est-ce devenu une épopée fantomatique ?
Tester Ghostbusters The Video Game en 2019, c’est comme entamer un périple temporel, vers le passé. Retour dix ans en arrière à l’âge d’or de la Xbox 360 et la PlayStation 3. Une bien belle époque pour les machines de Sony et Microsoft qui rivalisaient alors de puissance pendant que la Wii proposait des expériences… différentes car moins axées sur les graphismes mais davantage sur l’originalité du gameplay à la Wiimote. D’ailleurs, un mot sur la version de Ghostbusters qui était sorti sur Wii (et PS2), sans doute disparue à jamais dans les limbes, cette version réalisée par feu Red Fly compensait sa faiblesse technique par un rendu cartoonesque plutôt réussi. Pour sûr, elle en collait moins aux mirettes que les versions destinées aux consoles HD d’alors. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! Dix ans après sa sortie le jeu développé à l’origine par Terminal Reality – studio disparu en 2013 – se fait une cure de jouvence en étant remanié ou plutôt relifté par les équipes de Saber Interactive. Opération réussie ?
Les événements du jeu se déroulent deux ans après ceux du second film. On y retrouve la vaillante équipe de Casseurs de Fantômes confrontée à une nouvelle invasion de revenants menée par les sbires de Gozers. L’occasion de rejouer le match contre le gigantesque bibendum marshmallow, de clouer – enfin – le bec à la vieille bibliothécaire spectrale du premier film, de (re)capturer Bouffe Tout, de crapahuter à travers le musée du second opus ou de tailler le bout de gras avec Vigo le destructeur entoilé à la caserne. Pour le bonheur des fans, l’histoire repompe allègrement des protagonistes, antagonistes et décors issus des deux longs métrages en toute légitimité. Le scénario de ce jeu a été concocté par – le regretté Harold Ramis et Dan Aykroyd-, ils incarnaient respectivement Egon Spengler et Ray Stanz deux des célèbres chasseurs de fantômes. Mieux encore, plutôt qu’une énième adaptation de leurs aventures, comme à l’époque des machines 8/16bit, ce titre s’impose dans la chronologie “officielle” comme le troisième opus qui manque tant à la série. Pour ceux qui gardent en mémoire le film (ainsi que l’horrible Hack’n’Slash) sorti en 2016 : oubliez-le(s) ! Il ne s’agit pas d’une suite, mais d’une horrible tentative de reboot qui présente toutes les caractéristiques d’une daube. Si Ghostbusters est paru à l’origine en 2009, un peu à l’occasion du vingtième anniversaire du second film, l’arrivée de cette version liftée qui passe aujourd’hui sur le grill devance la sortie du prochain – et mystérieux – long métrage prévu pour l’année 2020. Et bonne nouvelle, il s’annonce dans la veine des films culte d’Ivan Reitman. Enfin cerise sur le gâteau ! En sus de Stanz et Splenger, les interprètes de Peter Venkman, Winston Zedmore et Janine Melnitz ont prêté leurs filets de voix à leurs alter ego polygonés… dans la langue de Shakespear évidemment ! Voilà qui devrait ravir les fans de Ghostbusters ! Profitons-en pour dissiper les craintes des non-anglophones, le jeu dispose de sous-titres et menus en français. Rassurés ?
L’écriture du scénario est à l’image de la prestation vocale des acteurs, impeccable ! Toutefois ce jeu d’action à la troisième personne souffre de lourdeurs épisodiques dans son gameplay. Pas vraiment préjudiciables lors de sa sortie (il y a dix ans), cette aventure linéaire à travers des décors emblématiques des films est parfois plombée par la répétitivité de ses séquences d’action, sa difficulté mal dosée et des niveaux un tantinet trop longuets. On aurait préféré une épopée mieux menée, plus rythmée. C’est dommage de devoir dézinguer pas mal de menu fretin à l’occasion de scènes d’action “intenses” mais redondantes – jusqu’à l’écœurement – quand la capture de fantômes, si emblématique des films, est en comparaison plus occasionnelle. Par menu fretin, comprenez que l’on est amené à éclater par de simples tirs nourris de fusil à proton différentes sortes d’entités ectoplasmiques : gargouilles, rejetons du bibendum, “golem”, livres volants. Et comme tout bon jeu d’action digne de ce nom, le titre nous oppose aussi à des boss gigantesques à chaque fin de chapitre. Courage ! Au lieu de nous permettre d’incarner l’un des quatre casseurs de fantômes, cette aventure nous place dans la peau plus grassouillette d’une jeune recrue fraichement engagée et chargée de tester les armes expérimentales mises au point par Egon. Ce héros pas très bavard utilise un Proton Pack multifonctions (doté d’autres modes de tirs tels un rayon paralysant, un lanceur de slime) en plus du piège à fantômes et de l’habituel détecteur d’activité Psycho Kinétique qui sert à dénicher les spectres et artefacts planqués dans le décor. Enfin précisons que ce remaster de Ghostbusters ne s’est même pas donné la peine de corriger l’un de ses plus gros défauts : son mode carrière praticable uniquement en solitaire. On se résigne à y jouer en coop avec des bots alliés à l’IA fantomatique, qui crèvent à répétition en nous laissant ainsi aux prises avec de trop nombreux ennemis. Dommage qu’on ne puisse pas être épaulé par d’autres aspirants de casseurs de fantômes, de chair et de os, en réseau ou en écran splitté : rageant !
Les mécaniques n’ont -hélas – pas bougé d’un iota, le titre jouit d’un casting cinq étoiles (donc) et côté réalisation on reste sur un graphisme sensiblement identique mais digne d’un remaster. Cette cuvée 2019 de Ghostbusters n’a donc pas usurpé son titre ! Pour info, le jeu a été décortiqué dans sa version physique sur Xbox One S. Débutons ce tour technique du propriétaire en précisant que la palette de couleurs a été étoffée, et que par conséquent les teintes semblent plus naturelles car ne tirant plus sur le marronasse (contraction de marron et dégueulasse). Autre apport de ce remaster – et c’est tout naturel – par rapport à la version Xbox 360, la mémoire vidéo étant bien plus étendue, les environnements profitent de textures plus détaillées. Les modèles des personnages bénéficient aussi de modélisations affinées et l’animation est un tantinet plus fluide… mais pas dépourvue pour autant de ralentissements assez violents. Inutile peut-être d’encenser à nouveau la qualité des doublages assurés par Billy Murray et les autres acteurs d’origine. En revanche, on peut préciser que le jeu profite toujours de musiques ”somptueuses” – héritées des films – et qui collent le plus souvent assez bien aux différentes scènes d’action. De la joie pour les esgourdes des fans des Ghostbusters… les vrais !