Une décennie, soit deux quinquennats, bref dix longues années, voilà ce qu’ont patiemment attendu les inconditionnels de la firme de Kyoto pour se faire peur avec le cinquième volet de Resident Evil. Une éternité dans la vie d’un joueur. Est-ce qu’il vaut encore le coup ?
Longtemps espéré sur Wii, puis attendu de pied ferme sur WiiU, Resident Evil 5 (et 6) débarque finalement sur Switch. Il était temps ! C’est d’autant plus frustrant, car Resident Evil 4 s’était imposé comme l’un des joyaux du GameCube. Depuis les possesseurs de consoles Nintendo de 3DS en particulier ont pu s’essayer à Mercenaries puis – en exclusivité temporaire – à Revelations. Plus récemment encore les joueurs nippons ont pu s’adonner à Resident Evil 7 sur Switch par l’intermédiaire du Cloud Gaming. Mais cette fois, pas besoin d’avoir la tête dans les nuages pour profiter de ce cinquième opus de Resident Evil, la “surpuissance” insoupçonnée de la Switch suffit amplement. Amis nostalgiques préparez-vous ! Resident Evil 5 ramène le joueur à la glorieuse époque de la Xbox 360, de la PS3 ou des PC qui carburaient aux GPU estampillés DX10.1. Il y a dix ans… déjà.
A l’instar du quatrième volet, Resident Evil 5 est un jeu d’action à la troisième personne. Il s’éloigne aussi de Racoon City et délaisse l’Amérique profonde, pour nous emmener au cœur de l’Afrique afin de suivre les péripéties de Chris Redfield (héros de l’opus fondateur) et de sa nouvelle partenaire Sheva Alomar. Comme son illustre prédécesseur, RE5 troque le Survival Horror contre une action résolument explosive… plus détonante encore ! Oubliée la survie en environnement clos, l’aventure menée tambour battant offre de décimer des hordes d’infectés enragés, virant un peu au jeu de massacre. Un rythme plus pêchu, qui n’a pas forcément fait l’unanimité chez les fans de la première heure. Mais qu’importe ! Quel bonheur d’incarner à nouveau Chris Redfield et d’exploser des infectés à grands coups de fusil à pompe durant une douzaine d’heures, en solo comme en coop en réseau ou sur le même écran (gare en écran splitté la surface d’affichage est un brin trop petite) à l’ancienne ! Une aventure assez jouissive qu’on retrouve enfin sur une bécane de chez Nintendo !
En 2016, la PS4 et la Xbox One accueillaient les remakes HD de Resident Evil 5. Aujourd’hui la Switch récupère enfin à son tour une version du célèbre jeu d’action / horreur de Capcom. Cette mouture destinée à la portable de salon de Nintendo profite bien des raffinements introduits par les moutures HD. On retrouve notamment des ombres plus fines, des effets climatiques plus généreux et une caméra un peu plus éloignée de Chris (ou Sheva) offrant ainsi une vue un peu plus élargie sur l’action. Des nouveautés cosmétiques assez mineurs mais appréciables. Si la réalisation a été légèrement affinée, difficile de ne pas trouver le rendu parfois un peu trop terne ou de ne pas avoir la sensation de se trouver face à une version imparfaite suite à l’apparition tardive d’éléments du décor. En sus de temps de chargements un brin longuets, on déplore aussi que le titre a conservé son principal défaut au niveau du gameplay : A savoir l’impossibilité de tirer et bouger en même temps. Dommage de ne pas pouvoir esquiver les tirs adverses ! Mais dans un sens, sans surprise on se retrouve face à une version extrêmement fidèle au titre d’origine… ou plutôt à la version Gold d’antan. Ainsi on débloque des modes coopératifs ou compétitifs – Mercenaries, survie… – supplémentaires à mesure que l’on progresse dans l’aventure. Si RE5 a recyclé des éléments HD (voire aussi des versions d’origine) Capcom en a toutefois profité pour introduire une nouveauté cousue main pour la Switch. La visée par le biais du gyroscope du joycon. Elle s’avère bigrement immersive et précise (comme au temps de la Wii), même s’il arrive qu’elle perde un peu le focus lors des courses poursuites frénétiques et explosives à travers la savane. Achevons ce tour d’horizon du propriétaire en précisant que si les voix sont en anglais, le titre propose toutefois des sous-titres et des menus entièrement rédigés dans la langue de Molière. Si les non pratiquants de la langue de nos voisins d’Outre-Manche seront aux anges, en revanche les allergiques au dématérialisé devront prévoir un espace de 19Go sur leur console pour télécharger ce jeu. En effet, contrairement aux versions PS4 et Xbox One, cette mouture de Switch de RE5 (et RE6) ne profite pas d’une version physique… à presque trente balles le jeu, les fétichistes de la version boîte l’auront un peu mauvaise.