Sortez les tournevis cruciformes, armez-vous de patience et préparez-vous à mettre les mains dans le cambouis avec la première simulation d’assemblage de PC qui ne tourne pas sur une bécane carburant au Windows 10 et à la GeForce. Vous n’y aviez jamais pensé ? Nous non plus !
En matière de simulation, le PC est depuis toujours la plateforme de prédilection de ce genre un peu « fourre-tout » où l’on retrouve un peu n’importe quoi. En effet, sous cette étiquette on s’adonne aussi bien à de la simu agricole, à du pilotage d’engins de transports et de la simulation automobile voire à un aperçu de la vie de rentier. Sorti officiellement sur PC en début d’année, PC Building Simulator n’aura pas mis si longtemps pour profiter d’une adaptation destinée aux consoles de salon. Et pour être honnête, ce jeu, bien qu’original, ne risque pas de marquer les esprits.
La partie à peine lancée on peut se lancer à la découverte de trois modes de jeu. Un mode histoire (qu’on abordera plus longuement un peu plus bas), un mode assemblage libre où l’on peut construire la bécane de ses rêves de A à Z en piochant des éléments chez les différents constructeurs et un tuto qui explique le B.A-BA du montage d’un ordinateur. Oubliées les sueurs froides d’antan. Si comme moi vous avez passé toute votre jeunesse, à quatre pattes, à tripatouiller dans les entrailles de votre machine pour changer régulièrement les composants, vous éprouverez sans doute une certaine satisfaction à voir la bécane fraichement assemblée booter du premier coup. Ici pas de conflit d’IRQ comme au bon temps de Windows 9X ou d’autre problème ésotérique de jumpers sur les disque dur IDE. Le SATA a du bon.
Concernant la partie ludique, le mode histoire du jeu offre de suivre le quotidien d’un apprenti techos qui a hérité de la boutique de son oncle… ou plus exactement d’un local dans lequel on s’adonne aux joies de la maintenance informatique en solitaire. Les seules interactions avec la clientèle se font par le biais de la boite mail. Après avoir lu le courriel dans lequel est détaillé le problème rencontré et jeté un coup d’oeil aux spécifications du PC, on anticipe le problème en commandant d’éventuelles pièces détachées. Gare ! A moins d’opter pour une livraison express proposée à prix d’or (100$ tout de même), les délais de livraison peuvent être assez longs et sitôt la machine reçue certaines demandes des clients doivent être traitées le plus rapidement possible (en moins de 24H). Veillez à bien lire le contenu des mails, les clients adeptes du “Kéké Tuning” peuvent exprimer des desiderata supplémentaires (changement de couleurs de câbles, ajout d’une marque spécifique de matos) qui boostent votre évaluation. Qu’il est bien morne le quotidien du technicien solitaire ! Quand on ne se retrouve pas à dépoussiérer les machines les plus encrassées à coups d’air sec, on se borne à lancer des scans antivirus, à installer des benchmarks, à brancher et débrancher des câbles USB et alimentation à la tour, à changer des CPU et des carte-mères, à rajouter des barrettes de RAM et disque durs, à upgrader des cartes graphiques et à commander du matos. A moins d’être un intégriste du tuning PC, le jeu devient extrêmement redondant même pour l’amoureux de hardware, et il oblige en sus à composer avec une maniabilité sur consoles assez approximative et lourdingue. On frise aussi l’absurde quand le jeu impose d’enlever toutes les entretoises d’un support de carte-mère pour y remettre exactement le même modèle de “mobo” ! Que de temps perdu ! Permettez qu’on passe enfin à la partie technique du jeu… ou plutôt à la réalisation.
Ce “jeu” indé carbure à l’Unity Engine, moteur graphique employé par une multitude de plateformes (PC, mobile, consoles…). De là à penser que la conversion de ce jeu a été effectuée au marteau et au burin depuis le PC vers nos consoles il n’y a qu’un pas que nous nous permettons de franchir allègrement. Ainsi sur la version testée sur Xbox One le titre a hérité de la maniabilité à la souris, on retrouve par exemple le double-clique lorsqu’on navigue dans l’Omega OS (sorte de clone d’Ubuntu), de plus le jeu est flanqué d’une pelletée de glitches graphiques notamment lorsqu’on zoom sur les sockets des CPU. Côté graphismes toujours, en plus des bugs visuels, le jeu manque cruellement de fluidité, il se traîne aussi un aliasing déplaisant et omniprésent ainsi qu’un rendu terne et pour le moins gougliboulguesque. Comprenez par-là que les textures manquent furieusement de détails mais aussi de volumes. C’est d’autant plus dingue que le développeur à l’initiative du jeu s’est pourtant évertué à modéliser à la « perfection » les composants à l’image de ceux vendus chez votre revendeur préféré. Dommage ! Il faut croire que les 3Go nécessaires à l’installation du jeu ne permettaient pas d’inclure des textures HD plus peaufinées. Niveau ambiance, dans votre petit local, personne ne vous entendra hurler votre rage face aux tâches si rébarbatives. Pas évident d’être un stakhanoviste de l’assistance technique quand dans votre forteresse de solitude vous n’avez pour seul compagnie qu’une playlist répétitive qui tourne en boucle sur un clone de Winamp et les bruitages minimalistes. Morne monde d’un technicien de la rue Montgallet 🙂