Depuis quelques jours est disponible pour les abonnés Origin Access sur PC et EA Access sur Xbox One Anthem la dernière superproduction d’EA/Bioware. Après une alpha convaincante et une démo chaotique, que peut-on penser de la version finale du jeu? Je vais vous donner mes premières impressions après une dizaine d’heures de jeu en attendant le test plus tard.
Autant vous le dire de suite, je reste encore un peu sceptique sur cet Anthem. Fan de shooter et plutôt coinvaincu lors de la phase alpha, j’avais été refroidi par la démo que je qualifierai de catastrophique – je me demande d’ailleurs pourquoi avoir proposé cette démo plutôt que ce que j’avais pu voir dans l’alpha. Divers aspects m’avaient assez agaçé comme des déplacements au Fort Tarsis dignes d’un escargot éclopé, des aller-retours au fort et à la forge avec tous les temps de chargement qui vont avec et une fluidité plus que limite du jeu.
Qu’en est-il donc de la version finale? Commençons par le positif.
Tout d’abord, le jeu est nettement plus fluide et constant que dans la démo. Dans l’ensemble le jeu tourne correctement avec un peu de drop de framerate mais rien de véritablement gênant. Cela permet des gunfights plaisants sans trop de frustration dans les visées comme cela pouvait être le cas dans la démo. Attention, j’ai toutefois testé le jeu sur une configuration PC plutôt musclée (AMD Threadripper 1950X avec GTX 1080). En 4K et en Ultra, le jeu tourne à peu près à 30 images/seconde constants donc assez agréable. Evidemment sur PC, on peut monter à plus en fonction des réglages graphiques choisis et de votre configuration. Sur Xbox One X, le jeu tournait aussi en 4K à 30 images/seconde. Mis à part pour ceux qui aiment chercher la petite bête, dans le feu de l’action, je ne voyais pas trop les différences mais il est sûr que certains effets ne sont pas aussi poussés sur la console de Microsoft que sur PC en ultra. Ce sera évidemment le cas également de la PS4 Pro. La résolution du jeu doit sans doute être variable sur Xbox One X alors que la version PC tournait en 4K natif en permanence. N’ayant plus de Xbox One standard/S à ma disposition, je ne peux pas m’avancer sur cette version. Mais compte tenu de la richesse et la taille des environnements, il est plus que probable que le framerate aura du mal à suivre constamment et que la résolution graphique va souvent varier vers le bas comme c’est souvent le cas sur la Xbox One de base.
La richesse graphique est indéniable et pour qui aimer explorer l’univers d’Anthem est vraiment plaisant. Contrairement à un The Division 1 ou 2, il sera toutefois très difficile de se repérer facilement puisqu’il s’agit d’environnements naturels plus chaotiques que les lignes droites d’un New York ou d’un Washington D.C et ses points de repère et d’intérêts facilement reconnaissables. Le travail des graphistes est à applaudir car par moments, j’ai tout simplement magnifique à tel point qu’on regrette l’absence de mode photo pour jouer les photographes naturalistes virtuels. Y’a plus qu’à espérer que Bioware l’ajoute par la suite. Je ne comprends même pas que cela ne soit pas dans le cahier des charges de toute superproduction moderne en 3D de nos jours. Même si on peut déceler des éléments repris dans diverses régions d’Anthem, dans l’ensemble, c’est suffisamment varié. Ceux qui aiment l’exploration vont apprécier surtout que les environnements regorgent de bonus à découvrir. Bref, visuellement Anthem est une réussite avec une direction artistique riche et détaillée. Mais un tel plumage suffit-il pour en faire un titre incontournable? Sans doute pas.
Si le plumage est d’un excellent niveau qu’on peut espérer encore optimisable, le ramage du jeu est un peu plus problématique pour le moment. Les shooters à loot comme Destiny ont placé la barre relativement haute – malgré les nombreuses critiques incessantes d’une communauté exigeante. Pour Bioware, Anthem allait forcément être comparé à la production de Bungie ainsi qu’à The Division d’Ubisoft dont il se rapproche le plus et dont le second volet arrive peu après.
Structurellement, Anthem souffre de défauts qui hachent la progression dans le jeu. Ainsi, l’équipe de design du jeu a opté pour une absence d’inventaire. Oui, vous avez bien lu. Pas d’inventaire pour un jeu ayant des éléments RPG. C’est plus que surprenant et cela a pour conséquence qu’une fois lancé dans une mission ou un freeplay, il est impossible de changer quoique ce soit sur son javelin. Tout doit se passer par la forge pour faire la moindre modification de composants et d’armes de son javelin. Lorsqu’on sait qu’à chaque fois, on a droit à un temps de chargement, vous pouvez déjà imaginer la suite.
Ces temps de chargement sont encore plus nombreux que vous le pensez puisque tous les aspects de votre progression devront être aussi exécutés au Fort Tarsis – l’équivalent de la Tour de Destiny – et un peu plus loin dans la campagne d’une zone de largage qui fait office de hub social en même temps. Le Fort est truffé de PNJ avec qui vous allez blablater très (trop?) souvent histoire de gagner en réputation, d’en apprendre plus sur l’univers et l’intrigue du jeu et obtenir diverses missions, contrats, etc. Vous n’y rencontrerez aucun autre joueur humain car il ne s’agit pas d’un hub social en ligne. En gros, c’est dans ce Fort qu’on fera avancer l’intrigue de la campagne. Si vous êtes un gros fanatique des dialogues à la Mass Effect, vous serez un peu déçu car ceux d’Anthem n’ont pas une arborescence riche et n’ont que peu de conséquence sur la suite des évènements. Personnellement il m’est arrivé souvent de zapper tout le blabla juste pour valider les points de réputation.
L’autre problématique actuel concerne les missions. En fait que ce soit les missions de la campagne, des missions annexes ou les contrats, c’est un peu du pareil au même. On va d’un point à l’autre pour nettoyer des zones des ennemis et… c’est tout. On ne peut pas dire que ça soit très varié et gratifiant. La seule activité offrant de l’intérêt et du challenge est la mission forteresse, l’équivalent des assauts dans Destiny. C’est un peu léger vous ne trouvez pas. Evidemment le jeu va s’enrichir au fil des mois comme l’a promis Bioware mais pour une campagne, ce n’est pas très varié. Espérons que dès l’acte 1 qui va débuter début mars, on aura du neuf à ronger.
L’arsenal est un autre point que Bioware devrait revoir. Les types d’armes disponibles sont tellement classiques (fusil d’assaut, fusil à pompe, fusil sniper, pistolet, etc.) dans leur fonctionnement et leur bruitage qu’on les croirait tout droit sorti d’un armurier actuel. Ca détonne par rapport à votre javelin qui fait futuriste et surtout c’est parfois assez ridicule d’entendre le crépitement des balles de nos fusils basiques sur de gigantesques bestioles. Peut-être qu’on aura droit à des armes plus impactantes et futuristes par la suite mais pour le moment ce n’est pas convaincant. Les pistolets sont d’ailleurs les plus ridicules et franchement ne servent à rien avec leur petit bruitage genre tir avec silencieux dans le vaste monde d’Anthem et face à des ennemis puissants et souvent éponge à balles.
Bref, je ne donnerai mon avis final que lorsque j’aurais au moins terminé la campagne et atteint le niveau maximum mais à ce jour, Anthem ressemble plutôt à une première esquisse que Bioware, espérons-le, peaufinera au fil des semaines avec les différents actes annoncés dont le premier débute en mars. Je ne serais donc pas totalement catégorique et je donnerai ma chance pour un titre qui nécessitera sans doute des mois de labeur pour atteindre son rythme de croisière en espérant que la communauté restera suffisamment longtemps.
Anthem est prévu sur PS4, Xbox One et PC pour le 22 février 2019.