Souvent raillé, toujours adulé, Capcom est passé maître depuis belle lurette dans l’art de recycler son immense catalogue de jeux à l’occasion de compilations ou de “simples” remakes HD. Alors quand il exhume un de ses chefs d’oeuvre l’éditeur d’Osaka ne fait pas – pour une fois – les choses à moitié !
Il y a deux ans, déjà, Capcom s’amusait à faire vivre au joueur une expérience immersive et délicieusement horrifique, en le faisant survivre à l’horreur d’une rencontre avec la famille Baker. Si Resident Evil 7 s’était un peu imposé comme une tentative de reboot (ou Reset) réussie, Resident Evil 2 joue quant à lui la carte du remake assumé. Difficile d’en vouloir à Capcom qui s’est déjà illustré par le passé à maintes reprises dans cet exercice. La différence ? Ce titre n’est pas une adaptation bête et méchante du hit paru en 1998, sur la première PlayStation de Sony, aux textures filtrées mais bel et bien une remise à niveau du jeu, sur le fond comme sur la forme.
Pas d’inquiétude. L’histoire, elle, n’a pas vraiment changée. Avant une rapide virée dans une station essence située à l’orée de Raccoon City, Resident Evil 2 invite à suivre soit les aventures de Claire Redfield partie à la recherche de son grand frère soit à survivre au premier jour de boulot de l’officier Leon Scott Kennedy. Impossible de ne pas être tenté par un petit “remember” en endossant la tenue du bleu bite de la police de Raccoon City. L’occasion de crapahuter à travers un immense commissariat infesté de zombies, de croiser la route de la splendide et charismatique Ada Wong, d’assister à la déchéance du lieutenant Branagh et de résoudre des successions de puzzles et énigmes. Comme il y a deux décennies donc ! Malgré l’abandon des plans de caméra fixes, pour de l’action à la troisième personne et de la 3D temps réelle, le jeu reste avant tout un survival horror pur jus. Il est préférable d’éviter autant que possible les confrontations afin de conserver ses munitions et de garder tout aussi précieusement quelques items curateurs (spray ou mélanges de plantes) à portée de main. Car si l’on doit composer avec de l’infesté dévoreur de cervelle dans un premier temps, rapidement on doit aussi survivre aux assauts de bestioles plus vives (chiens…), tenace et invincible (Tyran) ou sournoises comme les Lickers. Mais si, vous savez ces créatures désincarnées et répugnantes aux dents pointues et langues bien plus pendues que celle de Gene Simmons (Kiss), qui fondent comme des rapaces depuis le plafond sur les héros trop bruyants ! Face à ces maudites bestioles, gardez votre sang froid, préférez marcher à pas feutrés et préparez-vous à leur tirer trois cartouches de fusil à pompe dans le buffet pour refroidir leurs ardeurs !
Le titre a beau offrir une nouvelle perspective on progresse toujours avec aussi peu d’assurance dans les successions de couloirs étroits du jeu. Difficile de ne pas avancer la peur au ventre dans ces environnements glauques où plane un étrange parfum macabre. Le danger peut venir au détour d’un couloir, du plafond (comme on l’a vu plus haut… ho ho), d’un placard voire aussi par des fenêtres barricadées ou carrément par des portes soigneusement refermées. Ne pensez pas être en sécurité en vous réfugiant lâchement dans une pièce ! Bien qu’ils encaissent les balles, en perdant parfois au passage un membre – quand ce n’est pas la tête – les zombies de Resident Evil 2 sont loin d’être de la chair à canon. Ainsi ces prédateurs voraces peuvent vous traquer jusqu’à une pièce mitoyenne en défonçant une porte. Fuyez ! Pas question non plus de courir comme un dératé, vous n’errez pas sans but dans le commissariat de Raccoon City ! Il s’agit toujours d’explorer les environnements afin de dénicher des clés qui ouvrent de nouvelles portes, de dénicher des items, des artéfacts et équipements dans le but de fuir du poste de police. Du moins dans un premier temps. La recette n’a pas changée d’un iota, elle s’avère toujours aussi délicieusement effrayante. C’est si bon d’avoir peur !
De prime abord, l’abandon de la vue subjective de Resident Evil 7 semblait être une régression, voire une hérésie. Mais en définitive, la perspective héritée – de longue date – du quatrième opus et utilisée depuis par l’ensemble de la saga est sans doute la meilleure façon de s’immerger de nouveau dans l’univers horrifique de Resident Evil 2. Utilisant le moteur graphique cousu main pour son “prédécesseur”, le RE Engine, ce remake offre des protagonistes détaillés des environnements variés, extrêmement soignés et fidèles aux décors précalculés de la mouture de 1998. Et ils bénéficient en sus d’effets climatiques ou d’autres effets graphiques assez somptueux qui confèrent un petit cachet bien lugubre aux environnements. Monde “ouvert” oblige, le titre épargne bien sûr les temps de chargements intempestifs et on passe d’une pièce à une autre sans temps morts. Si le jeu bénéficie de textes et voix en français, on aurait peut-être aimé en prendre davantage dans les oreilles. Un peu stressant de s’aventurer dans une morgue en entendant les aboiements répétitifs de chien morts vivants ou de monter un escalier quand le silence de mort brisé par le grincement de la chaîne d’un lustre. Enfin précisons que si l’expérience RE7 avait été si délicieusement immersive sur PS4, c’était grâce au PlayStation VR. Cette fois le casque de réalité virtuelle de Sony va rester hélas au placard.