Héros incontournable de la Master System puis de la MegaDrive, Wonder boy revient dans une épopée inédite concoctée par un studio français. Un must have de cette fin d’année à découvrir sur consoles et PC !
Disparu du paysage vidéo-ludique pendant deux décennies le garçon merveilleux revient à l’occasion de son trentième anniversaire dans une nouvelle aventure totalement originale… ou presque ! À la différence de l’impeccable remake de Wonder boy 3 The Dragon’s Trap sorti au printemps 2017 qui offrait – surtout – une remise à niveau graphique et sonore de la version Master System (et game Gear), ce jeu développé par Game Atelier rend quant à lui un vibrant hommage à l’ensemble de la saga. Pour les plus jeunes, rappelons que cette franchise a connu son heure de gloire dès la fin des années 80, en sortant sur arcade, sur micro-ordinateurs et bien évidemment sur les machines 8 et 16 bits de Sega. Quant au studio parisien responsable du développement de ce Monster Boy, fondé en 2010, il est à l’origine d’une demi-douzaine de jeux parus sur iPhone. Parmi les titres les plus marquants réalisés par ce développeur indépendant on vous invite à essayer – sur les iPhone et iPad dotées d’anciennes versions d’iOS – le sympathique Zorbié ainsi que l’adaptation vidéo-ludique de La Petite Mort de Davy Mourier. Deux jeux qui ont en commun d’avoir des univers bien barrés. Du coup, on se réjouit de retrouver la patte déjantée de Game Atelier intégrée à l’univers Medieval Fantasy du garçon merveilleux. Que les puristes se rassurent, la réalisation du jeu a été – tout comme le remake de Wonder Boy III – supervisée par Ryuichi Nishizawa, le papa de la série. Un bon présage. Comme on l’a dit précédemment ce jeu est basé sur un scénario inédit, qui suit les péripéties d’un nouvel héros, Jin. Changé d’un coup de baguette magique en cochon borgne par son oncle, Nabu, reconverti en apprenti sorcier, notre avatar va devoir se lancer dans une très longue épopée pour retrouver sa forme humaine. Si le pitch évoque forcément celui de Wonderboy 3, en réalité le jeu semble avoir puisé son inspiration dans l’ensemble de la franchise… à tous les niveaux !
Loin d’être un remake, Monster Boy s’apparente davantage à une digne suite. Il fourmille de références aux épisodes passés ce qui devrait donner le sourire aux fidèles de la première heure. En sus de reprendre le bestiaire, certaines portions de niveaux ont comme un air de déjà-vu, les thèmes ont été remaniés – parfois en fanfare – et naturellement, Monster Boy repompe le gameplay d’un Wonder Boy III / Wonder Boy IV. N’allez pas croire qu’il s’agit d’un simple jeu de plateforme linéaire et vite expédié ! En vérité ce mix de plateforme mâtiné de RPG en 2D invite à crapahuter durant une vingtaine d’heures à travers une contrée, immensément vaste, composée de plaines verdoyantes, de temples oubliés et de rivages paradisiaques… aux profondeurs mal famées. Ces séries de tableaux labyrinthiques sont connectés d’une certaine manière les uns aux autres. Et à l’instar de Wonder Boy III (ou Metroid et Castlevania), des portions de stages supplémentaires ne sont accessibles qu’en obtenant de nouvelles “formes”. En plus de pouvoir se transformer en cochon, Jin peut aussi se transmuter au fur et à mesure de l’aventure en serpent, en homme grenouille, en lion humanoïde et en dragon ailé.
Si l’allure porcine est assez ingrate, elle offre cependant à notre héros, borgne et bedonnant, d’employer différentes magies (flammes, foudre…) et mignardises explosives ou de dénicher des items et passages cachés. Les autres formes offrent en vrac d’adhérer aux murs et plafonds végétalisés ou de se glisser dans des trous de souris, de foncer et défoncer certains blocs de pierre, de voler et cracher des boules de feu ou de se balancer sur des points d’ancrage et explorer les niveaux subaquatiques sans jamais se retrouver à bout de souffle. Difficile de favoriser une forme plutôt qu’une autre, le titre impose parfois de switcher de l’une à l’autre à la volée lors de certains passages… un peu retors. Même s’il offre des vies infinies et permet de porter une seule potion régénératrice, à chaque mort, il faut se résoudre à recommencer depuis un checkpoint en ne récupérant qu’une partie de sa jauge d’énergie. Comme tout bon jeu de plateforme, on doit éviter de rentrer en contact avec des pièges assez communs (lave, piques acérées, vide…) et il faut s’armer de patience pour progresser sur des séries de bloc flottants et mouvants. Difficile de faire plus classique ! En plus de devoir mémoriser l’emplacement des chausse-trappes, le joueur doit aussi occire en chemin une foule d’ennemis – agaçants à souhait – qui réapparaissent parfois un peu trop vite. Pire encore, les adversaires sont parfois moins sensibles aux attaques portées par certaines rapières, tandis que leurs coups ou tirs infligent davantage de dégâts… réduisant dramatiquement votre espérance de (sur)vie.
Comme dit précédemment, le bestiaire est assez fidèle à ceux des précédents opus et les différents “stages” s’achèvent par une confrontation face à un boss inédit et généralement imposant. En cas d’échecs répétés notez qu’un petit dragon (le frère de Jin) peut venir à la rescousse du héros en lui balançant régulièrement des points de vie supplémentaires. Voilà qui est difficilement refusable en particulier lorsqu’on se retrouve embarqué dans un duel face à un énorme dragon au souffle incendiaire ! Afin de survivre aux dangers et environnements inhospitaliers du Royaume Maudit, les deniers engrangés lors de l’aventure permettent d’obtenir de nouvelles armes et pièces d’armure (plastron, bottes, bracelet…) dans des échoppes. Et il est possible de renforcer l’équipement et l’armement ou débloquer des capacités spéciales chez le forgeron, en les équipant de gemmes. Les plus timorés vont devoir s’engaillardir ! Les joyaux comme d’autres items bien utiles sont généralement conservés hors de portée du héros, dans des corridors qui imposent d’échapper à des séries de pièges vicelards à souhait ! Le courage et la persévérance sont parfois les meilleures armes dans ce monde de brutes ! La transformation à volonté n’est pas la seule nouvelle mécanique de gameplay introduite par ce Monster Boy. Ainsi, l’équipement offensif ou défensif possède des capacités spéciales qui s’avèrent utiles lors de nos pérégrinations. L’épée de glace permet de créer des plateformes gelées et éphémères sur des cascades, les Bottes de Glace offrent d’évoluer sans crainte sur le magma et sur les geysers de lave tandis que les Bottes des Nuages permettent de… marcher sur les nuages. Logique ! En sus des phases d’exploration et d’action, Monster Boy offre des séquences annexes pour rompre la monotonie. Il nous régale par une phase de Shoot Them Up qui devrait rappeler de bons souvenirs aux fans de Wonder Boy III Monster Lair … comme à ceux de Thunder Force IV ! Pas évident par contre de trouver de l’intérêt aux séquences d’infiltrations, loin d’être savoureuses elles sont en définitive trop accessoires et simplistes ! Dommage, mais pas de quoi plomber la note finale du jeu pour autant, rassurez-vous !
Achevons ce test en abordant la réalisation. Ce n’est certes pas lui faire honneur, car c’est sans doute là l’un des points fort du jeu. Le graphisme cartoonesque en 2D de Monster Boy s’avère ainsi très fin, coloré et détaillé. D’ailleurs on ne peut qu’être émerveillé par le soin apporté aux environnements, même sur la version Switch (acheté en import) qui a servi au test. Certains niveaux affichent des décors dotés d’effets de profondeur et d’éclairage saisissants avec en sus des éléments joliment animés qui viennent squatter le premier plan. Le chara-design est tout aussi chiadé, et les animations des protagonistes, antagonistes et PNJ sont vraiment réussies. Si on retrouve des effets sonores assez caractéristiques de la saga, les musiques qui constituent la bande-son du jeu sont quant à elles des reprises des thèmes d’époques. Et comme les éléments de gameplay, elles proviennent des différents opus sortis sur Master System ou MegaDrive. Du bonheur pour les cages à miel des nostalgiques ! Surtout lorsqu’on sait que Yuzo Koshiro (créateur des ziks de Streets of Rage et Shinobi notamment) a collaboré la BO du jeu avec d’autres compositeurs nippons de renom. Enfin côté maniabilité, le jeu s’est avéré être aussi agréable et réactif au gamepad USB basique, qu’avec le duo de JoyCon de la Switch, laissant ainsi le soin au joueur le choix des armes !