On ne va pas y aller par quatre chemins. La série des YS a beau connaître un certain succès et être généralement sympathique à jouer, Falcom, Nippon Ichi Software et NIS America n’ont semble-t-il pas de scrupules à nous balancer du gaz lacrymo à la figure avec cette adaptation sur la console hybride de Nintendo. Explications.
Le jeu vidéo japonais et le JRPG en particulier font grise mine depuis quelques années, on ne va pas se le cacher. C’est donc avec joie que l’on accueille de prime abord des titres à l’aura si nippone tels ce YS VIII Lacrimosa of Dana, en particulier sur une console à vocation nomade comme la Switch de Nintendo. Action/RPG généralement assez bien goupillés, les YS sont un modèle de dynamisme, en particulier ce huitième opus qui nous lance tambours battants (ou presque, dialogues futiles oblige) dans une aventure pas forcément surprenante mais néanmoins savoureuse. Aux commandes d’Adol, on se retrouve rapidement échoué sur une île hostile et a priori pas si déserte que cela.
Prétexte à l’exploration et surtout à l’enchaînement d’affrontements nous mettant aux prises avec les représentants d’un bestiaire relativement varié, le scénario ne casse pas des briques mais fait le job. On se prend rapidement au jeu grâce à un système de combat en temps réel à la fois simple, efficace mais qui n’en oublie pour autant pas d’être profond. De nombreux combos combinés à la possibilité de prendre le contrôle des différents protagonistes à la volée permettent de mettre en place les meilleures stratégies. Chaque personnage du groupe sera en effet plus efficace selon le type de monstre affronté. La progression est quant à elle ponctuée par des retours au campement réguliers, qui sont autant d’occasions de développer de nouveaux commerces et services grâce aux différents rescapés retrouvés parmi les naufragés parsemés sur l’île.
Tout irait finalement pour le mieux si la réalisation de YS VIII Lacrimosa of Dana – déjà pas forcément de très haute volée sur PlayStation 4 – n’était pas aussi honteusement bâclée dans cette version Switch, finalement plus proche de la version PlayStation Vita. Certes, la console hybride de Nintendo ne dispose pas d’un hardware équivalent à celui de la machine de Sony, mais YS VIII n’est pas non plus gaulé comme un AAA version blockbuster technologique. Les textures sont encore plus sommaires que dans la version d’origine, l’aliasing agresse littéralement la rétine et les effets d’eau – élément prépondérant qui plus est dans cet épisode – comme les ombres portées nous transportent vers un âge reculé du jeu vidéo 3D. Comble de l’ironie, ce downgrade cinglant aurait pu être opéré afin de conserver le frame rate à 60 images/seconde de la version d’origine qui participe tant à l’impression de dynamisme dégagée par le soft. Mais il n’en est finalement rien, car même au niveau de l’animation, on atteint péniblement les 30 images/second au grand maximum quand on ne passe pas en dessous, un comble. Fort heureusement, la modélisation des personnages et des monstres vient relever légèrement le niveau, au même titre que la partie sonore, dotée de compositions souvent « punchy » et toujours dans le ton.