Les fans de la saga éponyme (mais le premier épisode peut-il à lui seul être une saga ???) en rêvaient, Frontier l’a fait. Sus au suspens, Jurassic World Evolution est LE jeu de gestion par excellence basé sur la licence Jurassic Park.
Voire LE jeu Jurassic Park, tout simplement. On y retrouve palpable toute la démesure de ce que ce cher John Hammond voulait établir à la base : un parc d’attraction dont les dinosaures seraient eux-mêmes ces fameuses attractions, le tout enrobé de technologie rutilante. Alors soit, je vois d’ici les extrémistes du jeu de gestion paramétrable à la virgule comptable prêt à crier au scandale et au casual gaming délétère. Ce public-là ne trouvera effectivement pas son compte dans le titre de Frontier par certains côtés un peu trop automatisés et simplifiés, comme par exemple la gestion de la si précieuse trésorerie, les embauches de personnel et j’en passe.
Cela étant, les développeurs ont réussi un certain tour de force en parvenant à nous offrir tout de même de la variété alliée à une complexité fort bien dosée au fil de la progression dans le jeu, le tout avec une interface relativement bien adaptée et qui devrait fédérer non-initiés et joueurs qui n’ont pas envie de se prendre la tête façon PDG d’une multinationale tentaculaire. On démarre sa première partie en pataugeant légèrement dans les différents menus mais au se surprend au bout d’une heure à parvenir à maîtriser cette interface de manière plus qu’efficace.
Jurassic World Evolution vous prendra en effet par la main sur les premières îles qu’il vous propose de gérer en vous indiquant de manière assez didactique mais jamais pompeuse ce qu’il faut réaliser en premier lieu pour parvenir à faire tourner votre petite économie. Trois factions, scientifique, divertissement et pro de la sécurité, vous feront du gringue et vous demanderont d’accomplir certaines missions bien spécifiques. Une fois ces missions réalisées, de nouveaux complexes, de nouveaux génomes accessibles en recherches ou tout simplement des upgrades pour vos unités spéciales et autres bâtiments vous seront accessibles. Bien entendu, tout ceci rapporte de l’argent mais chaque action, ne serait-ce que la plus anodine, en coûte également. Les contrats fournis également par ces différentes factions permettent de faire évoluer sa réputation auprès de chacune et rapportent de l’argent. Méfiance toutefois, il faudra éviter de se mettre à dos tel ou tel secteur au profit des autres sous peine de voir sa réputation baisser et les options à votre portée se voir, de fait, limitées. Tout ceci tournant fatalement autour du dieu profit, jeu de gestion oblige.
Et si l’économie est au cœur du jeu, dans tous les sens du terme, la base de votre fortune en devenir réside dans ces bons gros lézards qui nous font tant rêver quand on est gamin, voire au-delà. Avant de pouvoir jouer avec l’ADN de dino mélangé à l’ADN de grenouille pour combler les génomes incomplets, il faudra récupérer des fossiles ou, mieux encore, de l’ambre avec un bon gros moustique préhistorique pris au piège. Les équipes d’expédition sont là pour ça, mais il vous en coûtera de rondelettes sommes d’argent par le simple fait d’organiser les recherches afin de trouver cette fameuse matière première qu’est l’ADN dino. Une fois cet élément essentiel récupéré en quantité suffisante, vos économies durement amassées grâce à la vente de quelques t-shirt logotés dans votre boutique et autres repas au resto/fast food jurassique du coin vous permettront d’extraire le si précieux ADN dans votre labo spécialisé. Chaque pôle d’extraction présent sur la map présente succinctement les espèces pour lesquelles il est possible, potentiellement, de récupérer des fossiles. Après avoir récupérer à minima 50% du code ADN d’une espèce de dinosaure, il sera possible de créer sa première bestioles inamicale et vorace, carnivore tant qu’herbivore. Il faudra néanmoins prendre garde à la viabilité du dinosaure que l’on souhaite incuber, celle-ci dépendant non seulement des modifications génétiques effectuées mais également du pourcentage total de génome récupéré. Une incubation ratée c’est de l’argent jeté par les fenêtres !
Cette activité représente finalement une part importante du gameplay du jeu, et, par-dessus tout le socle de votre business plan. Au-delà du schéma dinosaures = visiteurs = dollars qui tombent grâce aux hôtels, aux entrées, aux goodies et autres attractions spéciales histoire de voir au plus près ces fameux dinosaures, les fossiles pourront également être revendus (pratique lorsque qu’un génome est complété à 100%) mais les dinosaures pourront également se monnayer. Et là où Jurassic World Evolution fait le job brillamment, c’est bien dans la personnalisation de ces bestioles d’un autre âge. Grâce à des modifications de génome pour lequel un peu d’ADN de requin peut être ajouté, un soupçon d’ADN de lézard pour la régénération avancée et j’en passe jusqu’à la couleur de son lézard préféré, tout est fait ici pour rendre chaque bestiole unique, ou presque. L’IA des dinosaures n’est d’ailleurs pas en reste (gare à la cohabitation des espèces !), au contraire des équipes de gardes qui ont parfois du mal à accomplir des tâches simples comme inoculer un traitement médicamenteux via fusil hypodermique. Fort heureusement, il est possible de prendre le contrôle – quelque peu chaotique – des jeeps et autres hélicoptères d’intervention afin de réaliser soit même le travail. Pour en revenir à ses bons gros dinosaures, leur comportement est géré de manière relativement fine, prenant en compte l’instinct grégaire de certaines espèces, ou à l’inverse leur propension à la solitude la plus extrême. Les relations entre herbivores et carnivores dépendent de différents facteurs (la taille compte évidemment…) et en étudiant bien les caractéristiques et comportement des différentes espèces, il est possible de faire cohabiter certains individus pour lesquels on aura hésité à le faire se côtoyer au départ. Le confort des animaux influe également énormément sur le déroulement du jeu grâce à la finesse de l’IA de chaque individu. L’environnement direct (taille de l’enclos, nourriture, présence d’eau, aspect du terrain, flore présente dans l’enclos etc.) joue par ailleurs un rôle prépondérant sur le confort de nos bestioles et à fortiori leur caractère…
Et c’est là que nous en venons en fait à l’autre élément essentiel du gameplay de ce Jurassic World Evolution : la gestion de catastrophes. Qu’elles soient générées par l’inconfort de vos dinos qui peut les amener à détruire leur enclos afin de gagner en liberté ou encore les aléas météorologiques assez fréquents et violents, ces catastrophes auront un impact sur vos dinosaures, sur vos infrastructures autant que sur la réputation de votre parc mais aussi sur la vie de vos visiteurs… Lorsque vous culminez avec un chiffre d’affaire par minute record, générant des fonds par millions, il suffira de quelques sauriens échappés de leur enclos pour semer le chaos. À vous alors les indemnisations par millier de familles dans le deuil le plus sincère mais qui n’en oublient pour autant pas leur portefeuille. Tout ceci, sans compter bien évidement les réparations à effectuer sur les clôtures et autres infrastructures, les dinosaures à rattraper au vol à coup de tranquillisant et d’hélicoptère de transport, les épidémies. Sachant encore une fois que la moindre action, la plus anodine soit-elle, coûte des dollars sonnants et trébuchants. En avançant dans la difficulté, autant dire que la gestion de crise devient rapidement une seconde nature. Tout ceci, dans une fluidité de déroulement et d’accomplissement des actions frôlant parfois l’insolence. Et c’est tant mieux.
Quid de la partie technique de ce Jurassic World Evolution ? Eh bien figurez-vous qu’elle est vraiment léchée elle aussi, cette réalisation. Testé ici sur une machine équipée d’un Intel Core i7 6800K, de 32Go de RAM et d’une carte graphique Nvidia GeForce GTX 1080 Gaming X de chez MSI, l’ensemble tourne à 60 FPS constantes en 1440p et en ultra (sans V-Sync et avec le G-Sync Nvidia). Via les réglages optimisés par l’application GeForce Experience, l’ensemble tourne également en 4k à 60 fps, avec quelques chutes pas forcément dramatiques constatées lors des évènements climatiques, le tout incluant forcément des concessions sur certains effets dont on peut se passer, comme la gestion de l’occlusion ambiante, par exemple. Les environnements foisonnent de flore virevoltant au gré des vents, les dinosaures sont modélisés avec un souci du détail réellement impressionnants et se meuvent de manière on ne peut plus naturelle. Les bâtiments sont en revanche globalement un peu froids et industriels mais collent finalement avec l’ambiance de la saga. On regrettera par contre une gestion des collisions mal travaillée voir parfois inexistante, ainsi qu’une physique des jeeps et des hélicos assez basique et pas franchement top lorsqu’on en prend le contrôle. Gavé de doublage de qualité le titre n’est par ailleurs pas en reste sur l’audio, avec des doublages au poil, réalisés pour la plupart par les doubleurs originaux. Et c’est sans compter la diffusion permanente de mélopées si chères aux différents films qui parachèvent le tout et plantent définitivement l’ambiance.