La femme fatale de chez Platinum fait son grand retour dans un second épisode qui laissera une forte impression de déjà vu aux aficionados de Nintendo : Normal ! Si vous avez déjà succombé aux yeux de velours de la sorcière bien aimée sur WiiU, passez votre tour, et patientez plutôt jusqu’à l’arrivée du troisième épisode ! Les autres peuvent craquer les yeux fermés.
C’est vraiment devenu une – sale – habitude ! Depuis la sortie de la Switch, Nintendo étoffe le catalogue de sa petite dernière en fouillant dans les restes encore fumants de la WiiU. Sorti en 2014, soit la même année que d’autres hits comme Mario Kart 8, Super Smash Bros ou même encore Donkey Kong Tropical Freeze, Bayonetta 2 tente un come-back sur Switch quatre ans après sa sortie. Un brin flemmards, Platinum et l’éditeur de Kyoto refont le coup de la formule deux-en-un en livrant deux jeux – le premier opus de la saga et le second – dans le même écrin. Attention si Bayonetta 2 dispose bien de sa cartouche, le premier volet se dématérialise et se récupère cette fois via l’eshop de Nintendo. Mieux vaut avoir de l’espace de libre dans la mémoire de la console ou sur la carte SD avant de lancer le téléchargement de ce sympathique « bonus ».
Lors de l’annonce de la sortie de Bayonetta 2 sur une console de chez Nintendo, on pouvait craindre le pire. Rassurez-vous, la sorcière n’a rien perdu de son charme (hormis un relooking discutable), et le jeu n’a pas été frappé du sceau de la censure. Malgré son arrivée sur une console « familiale » notre héroïne enchaine les poses suggestives, les personnages jurent toujours comme des charretiers et le titre régale nos mirettes par une débauche de giclées d’hémoglobine, d’exécutions spectaculaires et d’action frénétique. Si vous l’avez découvert sur PS3 ou Xbox 360, disons-le d’emblée Bayonetta 2 s’impose comme la suite tant attendue et non comme un spin-off… voire comme un prologue, du moins en partie. L’histoire se déroule d’ailleurs quelques mois après le premier volet. Après avoir subi une attaque surprise des forces divines notre héroïne doit s’aventurer jusqu’aux confins de l’Enfer pour retrouver l’âme de son amie et ex-rivale Jeanne. Un scénario un brin simpliste, mais qui tente de gagner en consistance en introduisant quelques antagonistes patibulaires, morceaux de bravoure de Luka le photoreporter plus collant qu’un post-it, mais aussi en nous faisant (re)découvrir des lieux inédits ou issus du premier épisode.
Le principe du jeu n’a pas bougé d’un iota depuis l’épisode de fondateur. Ce mix de beat’em all et de plateforme invite toujours à explorer les niveaux en se livrant à des phases plateformesques et en survivant durant seize chapitres aux assauts répétés d’ennemis enragés. Le bestiaire est constitué d’adversaires de toutes tailles. Il va du petit angelot pas très tenace à l’ogre gigantesque, en passant par des centaures et d’autres bestioles tout aussi féroces venues des enfers. Pour se défaire des gêneurs la sorcière a troqué les grimoires et la poudre de perlimpinpin contre différentes sortes d’armes. Oubliées les baguettes magiques, elle peut s’armer de flingues, d’épées, de fouets ou de lances-flammes. Un arsenal conventionnel, pas très alléchant, mais qui donne lieu à des enchainements spectaculaires, virevoltants et imparables. Lors des confrontations Bayonetta peut aussi invoquer une multitude d’instruments de tortures médiévaux (guillotines, vierge de fer…) ou recourir à des furies déchaînées et des finish sanglants en faisant appel à des créatures démoniaques. Certes, le jeu n’est pas bien long, avec la difficulté par défaut, l’aventure en solo s’achève en l’espace d’une bonne huitaine d’heures. Histoire de compenser cette durée de vie, moyenne, le titre dispose d’un mode coop jouable en local ainsi qu’un mode survie. Bayonetta 2 n’est pas non plus bien difficile dès lors qu’on maîtrise et emploi à outrance l’esquive, qui offre à la sorcière d’échapper in-extremis aux attaques adverses. Du moins en théorie. Car en pratique les phases de castagne étant très intenses, impossible de ne pas se prendre au passage quelques mandales, la faute à une action qui manque parfois de lisibilité. Pour regagner de l’énergie, profiter d’une invincibilité temporaire ou accroître sa force, l’héroïne peut utiliser des sucettes. Ces mignardises acidulées comme d’autres items peuvent être achetés chez Rodin (énigmatique protagoniste de la saga) ou confectionnées grâce aux ingrédients récupérés au fil de l’aventure. Les joueurs les plus patients apprécieront sans doute de devoir passer au peigne fin les niveaux pour débusquer (ou reconstituer) des coffres, et ils renferment des artéfacts qui améliorent la jauge de santé ou de magie.
Côté réalisation, la Switch fait presque jeu égal avec sa grande sœur. En dehors d’un framerate moins bridé que sur la portable de Nintendo (du moins lorsqu’on la connecte au dock), en terme de graphisme ce jeu est quasiment l’exacte réplique du titre sorti sur WiiU. Il y a quatre ans donc. Si le rendu reste chatoyant, généreux en effets « pyrotechniques », l’aliasing est aussi hélas plus que jamais de la partie. Un peu frustrant ! On aurait préféré avoir des contours lissés ou une résolution supérieure au 720P plutôt que d’avoir un jeu dont l’animation tutoie le plus souvent les soixante images par seconde. Des défauts techniques qui se font oublier dès lors qu’on se retrouve au cœur de l’action grisé par la splendide bande-son, généreuse en morceaux épiques à souhait. Testé avec le pad filaire de chez Hori (environ 29€) le jeu s’est avéré parfaitement jouable mais impitoyable avec les pognes lors des séances de button smashing.